Pour le lancement de sa Nintendo 64, le constructeur japonais avait su révolutionner tout un genre via son plombier moustachu. Super Mario 64 fut en effet une révélation pour le jeune ado que nous étions alors et pouvoir nous mouvoir dans des environnements 3D de manière aussi libre et fluide nous offrait une immersion jusque là inégalée. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le titre reste encore aujourd’hui considéré comme l’un des jeux charnières de l’histoire du jeu vidéo.
Devant une telle révolution, de nombreux autres jeux s’inscrivant dans l’héritage de Super Mario 64 furent créés. C’est ainsi qu’ont pu naître d’autres grands titres, tels que Banjo-Kazooie, Donkey Kong 64, ou le titre qui nous intéresse aujourd’hui, Glover. Ainsi, l’annonce d’un Glover Remastered il y a plus de deux ans déjà, et sorti ce 27 février 2025 sur PlayStation, Xbox et Switch, a titillé notre nostalgie. Mais une aventure, reflet d’une époque où tout était encore à inventer, à expérimenter, a-t-elle encore sa place plus de 25 ans plus tard ?
(Test de Glover Remastered sur PlayStation 5 réalisé à partir d’une version fournie par l’éditeur)
Viens jouer à la balle
Glover Remastered repose sur un concept simple. On incarne un gant devant traverser différents niveaux afin de ramener diverses balles à leurs emplacements d’origine. L’enchanteur local, à la suite d’une expérience qui a mal tourné, se retrouve ainsi changé en statue et ses cristaux magiques ont été éparpillés aux quatre coins du monde. Ne reste plus que sa main droite pour sauver la situation et contrer les plans diaboliques de la maléfique main gauche. L’aventure repose donc sur notre capacité à récupérer ces cristaux et ainsi redonner vie à notre enchanteur. Pas besoin d’en savoir plus pour parcourir les différentes mondes archétypiques du jeu.
Nous disposons pour cela d’une palette de mouvement très étendue, reposant globalement sur les propriétés physiques de notre balle, et à leurs interactions possible dans les différents stages. Celle de base permet globalement de gérer la plupart des situations, nous offrant la possibilité de la faire rebondir, telle un ballon de basket, de sauter dessus pour nous propulser grâce à ses propriétés rebondissantes ou de la jeter pour lui faire atteindre des plates-formes autrement inaccessibles par exemple.
Mais tout aussi pratique soit-elle, elle ne peut pas surmonter tous les obstacles. Ainsi, nous pouvons la transformer en boule de bowling, bien plus solide et puissante, permettant de détruire des murs friables notamment ou pour explorer le fond de lacs, ou en bille de fer, nous offrant une meilleure mobilité mais soumise aux forces magnétiques. Bien sûr, chacune d’entre elle possède ses forces et ses faiblesses et il faudra généralement jongler entre plusieurs transformations afin de venir à bout de la grosse vingtaine de niveaux.
C’est là le principal intérêt de Glover Remastered. La découverte des attributs de nos balles et leurs applications concrètes. Et des idées, il y en a. Chaque niveau ou presque propose son concept. Comme nous le disions en introduction, nous étions dans une époque où l’expérimentation et la créativité était une priorité. Et évidemment, à vouloir concrétiser toutes ces idées, parfois mal dégrossies, il y a forcément beaucoup de déchet.
On pouvait donc reprocher au titre de ne pas avoir cherché à faire du tri dans ses tentatives, avec pour conséquence quelques niveaux particulièrement mauvais, au point que la manette pourrait voler dans la pièce en cas de déficit de self-control (monde « Out of this World », on te déteste du plus profond de notre âme), tandis que d’autres se font agréablement. Le souci étant que les bons moments (dont certains très chouettes boss) ne sont pas suffisamment bons pour combler les instants de torture vidéoludique. À tel point qu’on est heureux que l’aventure se termine en une poignée d’heure.
Une remasterisation qui fout les boules
Ce n’est pas un scoop. Rejouer à des titres 3D des années 90/2000 est compliqué de nos jours, y compris pour un joueur averti. Même un Super Mario 64, pourtant exceptionnel, demande un temps d’adaptation pour pouvoir être rapprivoisé. On aurait donc pu espérer que Glover Remastered nous aiderait à surmonter la barrière érigée par des années d’évolutions vidéoludiques, mais il n’en fut rien. Pire encore, c’est même le contraire qui s’est produit, mettant ainsi de nouveau à mal notre patience.
Comment, en 2025, peut-on encore sortir un jeu avec une caméra aussi horrible ? À quel moment, dans un jeu de plateforme demandant autant de précision, est-il acceptable que les angles de vue soit aussi douteux ? Il n’y a pas un seul niveau qui échappe à cet écueil. Une caméra qui se bloque derrière un mur (et évidemment, impossible de la déplacer), un angle de vue tellement raz du sol qu’au sommet d’une côte, il est impossible de savoir si c’est une plate-forme ou un piège qui nous y attend… On en passe et des pires.
D’ailleurs, et aussi incroyable qu’il y paraisse, nous n’avons pas la possibilité de déplacer verticalement la caméra pour, au hasard, repérer d’éventuels collectibles ou même simplement savoir où nous allons atterrir après un saut. Autant dire que bon nombre de nos pertes de vies étaient particulièrement injustes et frustrantes.
Pourtant, il y a eu des changements sur Glover Remastered par rapport au jeu de base. Certains niveaux ont été réagencés et il y a beaucoup moins d’objets à ramasser pour atteindre le 100 % dans chaque niveau et ainsi débloquer les (horribles) niveaux bonus. Mais même ces changements ne vont pas dans le bon sens. On peut par exemple parler de la suppression de notre capacité à transformer notre balle à distance, ou le fait que certains ennemis sont devenus immortels… mais pourquoi ?
Parmi les ajouts les plus notables, on pourrait aussi parler des bugs en pagaille, pourtant inexistants sur le jeu de base. Crash en tous genres (dont un, systématique, dans l’horrible second niveau du monde « Out of this World »), corps des ennemis qui ne disparaissent pas entre nos morts (malgré qu’ils aient repopés), balle qui passe inexplicablement à travers le sol, la liste est longue et il nous en est probablement resté un bon nombre à découvrir.
On ne va pas prendre de gants, si le titre original, sorti en 1998, était somme toute sympathique, Glover Remastered est un très mauvais jeu. Sorti dans un état inacceptable, avec des bugs en pagaille et une caméra horriblissime, le titre met à mal la patience des joueurs souhaitant se replonger dans un pan de leurs passés. Même les changements structurels de certains niveaux vont dans le mauvais sens, ajoutant plus de l’injustice, et donc de la frustration, plutôt que de l’équilibre entre nostalgie et modernité. On en est presque à se demande si ce n’est pas une (mauvaise) IA qui aurait créé cette réédition.
C’est d’autant plus dommage que le concept général est intéressant et que certains niveaux démontrent que les bonnes idées de gameplay sont présentes. Mais tout est vite gâché par la réalisation générale. Passés les bons moments de découverte, il ne reste que les problèmes. Certains pourraient peut-être être corrigés à l’avenir (quoique l’on ait de gros doutes), mais le mal est déjà fait et nos bon souvenir de la licence sont aujourd’hui souillés par Glover Remastered.