Suites, remakes… – Nostalgie et manque de curiosité paralysent le jeu vidéo

STALKER 2 est un carton et s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires à peine sorti, et ce en plus de sa présence day one sur le Game Pass. Un joli score pour le jeu ukrainien, mais pas assez pour éclipser l’énorme succès du jeu vidéo de cet hiver, Call of Duty Black Ops 6. Le dernier épisode de l’infatigable saga d’Activision se vend par palettes entières, et serait le jeu qui aurait réuni le plus de joueurs de toute la franchise (difficile de comparer les ventes, car là encore, le titre est proposé sur le Game Pass depuis sa sortie). Et pendant que ces jeux cartonnent, l’actualité s’enthousiasme pour le développement de The Witcher 4, qui semble suivre son cours…

Et quel est le rapport entre ces trois titres ? Ils sont tous issus de franchises surexploitées, indépendamment de la qualité ou non des jeux. The Witcher et STALKER sont deux licences qui ont aujourd’hui 17 ans, qui ont connu plusieurs épisodes principaux, des DLC et autres spin-off. Call of Duty en est lui au 21^ème épisode principal (!), sans compter les spin-off, free-to-play et jeux mobiles…

Pile une semaine avant le dernier CoD sortait Unknown 9, une toute nouvelle licence éditée par Bandai Namco, qui n’aura pas connu la réussite du jeu d’Activision, au contraire même : le jeu fut un cuisant échec. Pourtant, difficile de faire porter au jeu ou à ses développeurs la responsabilité de ce bide : personne n’a rien à vraiment reprocher au jeu, puisque personne n’y a joué. Un désintérêt certain, marqué par une absence totale dans la presse.

Test Unknown 9: Awakening – Réveil difficile

Chez nous, dans les « grands » médias jeu vidéo francophones, on ne trouvera de test ni chez jeuvideo.com, ni chez Gamekult. Chez le Fabrice Arfi du jeu vidéo, Julien Chieze (oui, c’était sarcastique), on dénichera bien une preview datée de ce début d’année, mais rien depuis la sortie du jeu. Juju estimait pourtant que le jeu pouvait être « la surprise de Bandai Namco »… À l’étranger, pas mieux, on ne verra de test ni chez Eurogamer, ni chez Videogameschronicles… On finira bien par trouver quelque chose chez le japonais Famitsu, mais vous l’aurez compris, nous aurons dû creuser !

Un manque d’intérêt qui ne semble pas toucher que le public et la presse, mais également son propre éditeur, qui, malgré de vrais investissements marketing en amont de la production du jeu (publication d’œuvres cross-média, une actrice débauchée à Hollywood pour jouer le rôle principal…), fut complètement invisible lors de la sortie du jeu. Certes, le jeu n’est pas un chef d’œuvre (sans être une catastrophe non plus…), mais là n’est pas le problème, puisqu’en l’absence de tests ou de bouche à oreille, personne ne sait vraiment ce qui peut clocher (ou fonctionner) avec le jeu. Il n’a simplement pas suscité de curiosité.

Un problème qui a dû participer (avec, surtout, les décisions aberrantes des dirigeants de Sony) à l’accident industriel Concord. Là encore, personne n’a vraiment rien de concret à reprocher au jeu (et même, les premiers retours presse étaient plutôt bons…), mais personne n’avait non plus tout à fait envie de s’y intéresser.

Sony ferme Firewalk Studios et enterre Concord

Dans quelques jours se tiendront les Game Awards. Et ceux qui briguent la récompense suprême sont Final Fantasy VII Rebirth, Shadow of the Erdtree, Astro Bot, Metaphor: Refantazio, Black Myth Wukong et Balatro. Soit respectivement un jeu vidéo qui cumule les statuts de suite et de remake (!), un DLC, un spin off, un autre spin-off (ou presque, de la saga Persona, qui est elle-même un spin-off…), et deux jeux originaux. Comme souvent, le salut vient des indés…

Une étude de Deezer avait établi il y a quelques années que vers 27 ans, on cesse d’être curieux et on se contente d’écouter la même musique, sans plus chercher la découverte. On ne sait pas à quel âge cette « paralysie cuturelle » touche le joueur de jeu vidéo, mais il faudrait rapidement trouver un remède, au risque qu’aux Game Awards de 2027 ou 2028 s’affrontent Balatro 2 et Baldur’s Gate 4.

Et oui, l’idée d’un Baldur’s Gate 4 est excitante ; c’est tout le problème…