Qui dit été, dit forcément vacances. Et quand arrive ce moment fatidique où il faut choisir sa destination, tous les critères sont recevables. Certains aiment la mer, d’autres, la montagne. Et puis il y a ceux qui raffolent des balades en forêt, des baignades dans les lacs, des chamallows grillés au feu de camp… et surtout du massacre bien gore de jeunes animateurs en pleins ébats. C’est le cas du brave Jason Voorhees, tueur iconique de la saga de films d’horreur Vendredi 13, et qui vient enfin semer la terreur, le sang et les tripes dans cette adaptation vidéoludique sobrement intitulée Friday the 13th: The Game. Est-ce qu’on se fend littéralement la tronche au camp Crystal Lake ? Réponse tout de suite !
Friday the 13th: The Game – Vendredi, tout est permis ?
Je te tue, tu me tues, avec une machette-euh…
Développé par le studio indépendant américain Illfonic, on peut avant tout dire de Friday the 13th: The Game qu’il est un bel hommage de passionnés d’un genre cinématographique, celui du slasher façon eighties, dont les Vendredi 13 sont un des porte-étendards. Et tout dans sa réalisation fleure bon la nostalgie de l’époque, de la même manière qu’un Strafe nous replongeait dans l’ère des Doom-like des années 90. Sans pour autant révolutionner le genre, l’esthétique du titre est sans conteste un de ses points forts, prompte à réveiller des souvenirs chez les fans à la vue des looks très datés des personnages survivants, ou encore de l’ensemble des skins de Jason pouvant être débloquées, qui correspondent chacune à un film de la saga. Il en est de même pour les maps semi-ouvertes, recréant avec soin trois des camps de vacances (et les routes avoisinantes) issus des premiers opus grâce à l’Unreal Engine 4. Autre très bon point : l’ambiance sonore oppressante et surtout évolutive. Les fameux « Ki-ki-ki Ma-ma-ma », annonciateurs de la présence de Jason, vous provoqueront immanquablement quelques suées, et la musique s’emballant à chaque apparition surprise vous garantira une bonne jump scare de temps à autre ! Autant dire que de ce point de vue, l’immersion dans l’univers du serial-killer au masque de hockey est parfaitement réussie.
Et cette fidélité à ce qui fait l’essence même de Vendredi 13 s’applique aussi au gameplay du jeu, dont le concept certes simpliste sied à merveille à ce genre d’univers. Friday the 13th: The Game est un survival horror multijoueur à la jouabilité asymétrique : à chaque partie, un des huit joueurs est choisi au hasard pour incarner le rôle de Jason, tandis que les sept autres camperont les jeunes animateurs, proies de prédilection du monstre. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que de ce choix aléatoire découle une grande partie du plaisir de jeu, tant l’expérience diffère selon que l’on incarne le tueur ou ses victimes potentielles.
Il ne peut plus rien nous arriver d’affreux maintenant…
En tant que Gentil Organisateur/trice de Crystal Lake, votre rôle est simple : survivre. Éparpillés au beau milieu d’un des trois camps proposés, il vous faudra avant toute chose éviter de croiser la route de Jason, ce qui est le plus souvent synonyme au mieux de grosse frayeur, au pire, de mort bien sanguinolente. À votre charge donc d’explorer le plus discrètement possible les baraquements disponibles pour tenter d’acquérir armes, soins, et autre pièges permettant de ralentir le monstre. Votre survie est garantie si vous êtes toujours debout à la fin du décompte de 20 minutes, correspondant à la durée maximale d’une partie, mais autant vous le dire tout de suite : face à la quasi-omnipotence de Jason, cela ne sera jamais un choix bien probant.
Il vous faudra donc coopérer avec vos comparses dans l’espoir de couvrir vos arrières et d’accomplir une série d’objectifs vous permettant, soit de retaper un véhicule (voiture ou bateau selon le camp) afin de vous enfuir, soit de contacter la police avant de rejoindre une de leurs voitures. Les plus audacieux (ou inconscients) d’entre vous pourront même tenter de tuer Jason, processus assez complexe et hasardeux, impliquant pour cela la présence dans la partie de Tommy Jarvis, personnage clé des films, armé d’un fusil, et que vous pourrez potentiellement incarner si les conditions sont réunies au sein d’une partie.
Nous sommes ici en présence d’une « vraie » expérience multijoueur coopérative : en effet, sans coordination de la part de l’équipe d’animateurs, que ce soit pour survivre à une attaque du monstre ou trouver les éléments nécessaires à la réparation d’une voiture, il pourra en découler beaucoup de frustration dans un premier temps, et une mort certaine dans un second. Et c’est là que le bât blesse : à moins de jouer en partie privée avec des amis dans le même délire que vous, rien ne garantit de tomber en partie publique sur un groupe disposé à communiquer ou coopérer. La barrière des langues parlées deviendra souvent l’obstacle principal, mais le plus frustrant reste l’anti-jeu, assez présent sur les sessions que j’ai pu effectuer, et qui peut véritablement ruiner l’expérience au demeurant sympathique que représente ce Friday the 13th: The Game. Heureusement, les choses sont bien différentes lorsqu’on revêt le masque du tueur.
Jason tatane !
Disons-le franchement : être Jason est un panard intégral. Dans la peau du colosse démoniaque, votre but est, vous l’aurez deviné, de traquer, massacrer, étriper, transpercer, décapiter, voire même émasculer un maximum d’animateurs. Et pour ce faire, vous bénéficiez outre d’une arme létale et d’une quasi-invulnérabilité, de toute une panoplie d’aptitudes confinant au surnaturel vous permettant entre autres de localiser vos victimes en fonction de leur degré de peur ou des bruits qu’ils effectuent, de vous téléporter n’importe où sur la map, ou encore de vous mettre en travers de leur route avec un déplacement rapide.
Dans d’autres circonstances, cela pourrait s’apparenter à un god-mode assez déséquilibré, mais dans le contexte de ce jeu, cela trouve tout son sens : ces avantages permettent véritablement de retranscrire le statut quasi-intouchable et surtout, le réel sens du danger que représente Jason dans les films. Un sentiment qui atteint son paroxysme lors des mise à mort, variées et gore à souhaits, et qui sont à chaque fois aussi jouissives qu’elles ne sont douloureuses à regarder.
Le tableau idyllique (si on aime manier la machette) est cependant gâché par une ombre de taille : la faible probabilité d’incarner Jason. Si sur le papier, une chance sur huit peut sembler raisonnable, vous pourrez en réalité passer une journée entière coincé dans le camp des animateurs, et après avoir goûté à la toute-puissance de Jason, il pourra être assez frustrant de ne pas pouvoir réitérer l’expérience à loisir.
Trois maps, un peu d’unlock, et des bugs !
Le plus gros point faible de ce Friday the 13th est à l’heure actuelle son manque cruel de contenu. Avec ses trois maps, on fait vite le tour de Crystal Lake, et une fois le système de jeu maîtrisé, les parties finissent toutes par se ressembler, et la lassitude s’installe. Le système d’XP distribué en fin de partie selon les actions accomplies est certes motivant (lorsqu’il ne buggue pas), mais ne parvient pas à masquer le manque de profondeur du jeu, même si on cherche à débloquer de différentes skins pour Jason, des animateurs bonus, ou encore des aptitudes supplémentaires. En fin de compte, l’impact sur le gameplay reste minime, et surtout trop faible pour donner envie de réellement s’investir dans le farming pur et dur.
L’absence d’un mode solo, d’un tutoriel ou d’une campagne est également préjudiciable : si l’attrait du jeu tient certes à son aspect multijoueur, cela aurait pu permettre aux plus novices d’apprendre à maîtriser les contrôles pas forcément évidents au premier abord, ainsi que de mieux appréhender les mécaniques du jeu sans subir le stress constant généré par les parties en ligne.
Et ce ne sont malheureusement pas les seuls écueils de Friday the 13th: The Game, qui souffre, et c’est beaucoup plus grave, de problèmes techniques inhérents à sa conception et qui donnent encore aujourd’hui un sentiment d’inachevé du côté du développement. Les bugs de collision sont nombreux, et peuvent gravement nuire à un gameplay déjà assez rigide en l’état. Encore plus handicapant : les pannes de serveur intervenant encore régulièrement, et pouvant tout simplement empêcher toute tentative de lancer une partie. D’accord, le jeu n’est pas un triple A. Mais après avoir déboursé la coquette somme de 36,99€ pour l’acquérir, les joueurs étaient en droit d’attendre un degré de finition plus respectable.
Conclusion Friday the 13th: The Game
Friday the 13th: The Game est l’archétype même de la très bonne idée mal aboutie. Si le concept initial de transposer l’univers de Jason Voorhees en jeu vidéo multijoueur est loin d’être idiote, il y’a une limite à ce que la nostalgie d’une époque et une ambiance certes réussie peuvent masquer. En l’occurrence, une pléthore de bugs encore handicapants pour le gameplay, et surtout, un contenu franchement limité compte tenu du prix du titre. Si les gamers les plus hardcores se plongeront sans retenue dans une quête à l’XP pour débloquer l’intégralité des personnages et des skills, cela n’impactera au final que trop peu l’intérêt global du titre, qui s’étiolera d’autant plus si vous n’avez pas la chance d’avoir sous la main quelques amis le possédant également. Dommage : sur le papier, ça aurait pu être hache-ment bien !