Sorti pour la première fois sur PlayStation Vita en 2014, Freedom Wars a visiblement gagné un certain statut, engrangeant au fil des années un nombre favorable de fans, un public assez conséquent pour profiter d’une ressortie dans une version dite remastered. Au-delà de cette considération, une question centrale animera notre papier : À quelle expérience faut-il s’attendre ? Fait-il partie des jeux débordant d’idées propres à s’accaparer l’attention du joueur des heures durant ? La réponse ne peut être simple et notre sentiment univoque.
(Test de Freedom Wars Remastered sur PlayStation 5 réalisé à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
Prisonniers, levez-vous !
Le monde proposé par les équipes de Dimps (studio connu pour la série des Dragon Ball Xenoverse) est proprement dystopique. La population y est prisonnière d’un système injuste. Enfin, pas pour tout le monde : quand certains croupissent derrière les barreaux, d’autres jouissent de privilèges. Et pourtant, à croire les propos avancés, il n’y aurait rien de plus gratifiant que d’être à la merci de la dite justice.
Vous y incarnez un prisonnier amnésique. Un ressort plus ou moins ingénieux pour accompagner au mieux le joueur dans sa prise en main. Avec notre protagoniste, son avatar plutôt (qu’il peut nommer et caractériser selon ses souhaits), le participant s’ouvre à l’univers et à ses mécaniques. C’est une manière parfaite (bien que loin d’être originale) pour s’immerger.
Quand on reconsidère l’univers, le scénario ou encore le casting, il y a divers points qui retiennent notre attention et appellent à la critique. Pour cause, tout est bien trop commun pour satisfaire totalement. Les personnages, par exemple, ont peu de caractéristiques dignes de leur donner une personnalité propre, tant et si bien que ce que l’on voit a déjà été vu mille et une fois. Un manque d’originalité qui s’accompagnera logiquement d’un manque certain de charisme. Quoique, à bien y regarder, ce « défaut » n’est, en le comparant à d’autres productions similaires, pas trop appuyé. Ce qui est une assez bonne chose.
L’autre point fâcheux sera là aussi une considération. Avec sa thématique, Freedom Wars tend, par l’ironie, à avoir (toute proportion gardée) un regard critique sur les abus d’une société fictive, cependant cette critique se transforme vite en un discours fataliste, voire même complaisant, du type : « finalement ce n’est pas si mal… ». On le répète, il s’agit avant tout d’une interprétation.
Un petit coup de vieux
Si l’univers peut paraître pour certains attrayant, le jeu (dans tout ce qui a trait au gameplay) aura malgré tout tendance à s’accompagner de lourdeurs. Des lourdeurs que l’on pourrait probablement qualifier de passéistes. En effet, ce que l’on constate d’emblée, c’est que bien peu d’efforts ont été convoqués vis-à-vis de cette nouvelle version. Cela se voit ; cela se sent.
Certes, visuellement, nous sommes face à un résultat plutôt correct, et le tout est agréable à l’œil. Seulement, il n’est ni plus ni moins qu’un portage, comportant ainsi un grand nombre d’irrégularités. Il n’est rien d’alarmant ; ce n’est pas sur ce point que l’on aura à redire. Ni sur le plan sonore, les morceaux étant assez agréables et la présence des voix japonaises plus que satisfaisante. Non, là où on pourrait pester, c’est contre la prise en main qui s’avère capricieuse.
Si on voulait en rire, ou plutôt ironiser, on dirait que cette maniabilité proposée est en parfaite adéquation avec la thématique : elle est quelque peu injuste. Et c’est peu de le dire. Combien de fois n’avons-nous pas éprouver une sorte de frustration lors de l’exécution de nos actions, qui, la grande majorité du temps, ne sont pas menées à bien. Prenons un exemple : il arrive bien trop souvent que nos coups portés à nos ennemis (quand il s’agit de combats au corps-à-corps) n’atteignent pas leur cible. Et la raison principale de ce dysfonctionnement est la suivante : une caméra bien trop hasardeuse.
Entre entrain et lassitude
Dès lors, l’expérience proposée s’avère quelque peu heurtée. Et le jeu étant principalement constitué de combats, les quelques soucis qui, dans un premier temps, paraissent minimes deviennent vite contraignants. Ce qui aura l’effet de mettre nos nerfs à rude épreuve. Car oui, comment prendre un total plaisir à des affrontements dans laquelle la confusion règne ?
Toutefois, il y a plus gênant, ou du moins, plus pesant. Et cela réside dans la structure même du jeu, dans les missions à accomplir. Ces dernières sont on ne peut plus classiques et, peut-être, un peu dépassées.
Il y a comme une redondance qui nous fera perdre tout entrain à mesure que l’on progresse dans le titre. Les décors de nos arènes sont peu variés, les ennemis également et les tâches peu diversifiées. De même, dans les éléments les moins attrayants du jeu, on subit l’existence d’un grand nombre d’aller-retours fastidieux. Des allers-retours qui en plus ne sont exclusivement centrés que vers un seul lieu en particulier. À mesure que l’on progresse, on s’attendrait en effet à avoir plus de liberté, plus de d’opportunité de voir un plus de décors que notre univers carcéral et ses murs gris.
Au final, Freedom Wars Remastered gardera surtout son pouvoir de séduction dans son concept, qui, fait preuve d’intelligence. On prend en effet un certain plaisir de voir notre personnage, initialement privé de tout, progresser et acquérir au fil de ses joutes plus de droits, perdant ainsi un nombre considérable d’années de détention. En revanche, en ce qui concerne l’histoire, on ne peut être que réservé : en se voulant mystérieuse, en ménageant du suspens, elle finit par perdre notre attention, qui, sera toute dirigée vers l’aspect action du jeu.
Freedom Wars Remastered est une initiative assez louable, Bandai Namco permettant effectivement à un titre ayant auparavant eu un rayonnement certain d’acquérir un autre public. Et honnêtement, il mériterait un peu plus de considération, même si, on le concède, il n’est pas dénué de défauts.
Alors certes, il est, par exemple, assez limité techniquement, son gameplay est caractérisé par une raideur déplaisant, mais il reste un sympathique défouloir. Du moins saura-t-il susciter l’intérêt pendant quelques heures. On aurait toutefois préféré une version un peu plus modernisée.