Un peu plus d’un an après la sortie d’Horizon Forbidden West, et un passage par la VR avec Call of the Mountain, Guerrilla Games nous propose de continuer les aventures d’Aloy dans un premier DLC intitulé Burning Shores. L’action se déroule en effet sur les côtes embrasées des ruines de Los Angeles, une ville qui aura inspiré un grand nombre d’œuvres de science-fiction dystopiques (La planète des singes, Escape from L.A., Invasion Los Angeles…), et qui méritait sans conteste son hommage vidéoludique.
L.A. étant l’une des grandes absentes de la carte initiale d’Horizon Forbidden West, son choix comme lieu de l’action de Burning Shores s’avère particulièrement judicieux pour la variété de sa géographie, qui n’est pas sans rappeler celle de la planète Pandora dans Avatar, et pour son aura légendaire. Un cadre propice à une suite donc, qui plus est après la fin digne d’un Marvel de Forbidden West, tandis qu’il incombait à Burning Shores la lourde tâche de maintenir la tension des révélations de sa conclusion.
(Test du DLC Horizon Forbidden West: Burning Shores réalisée sur PS5 via une copie fournie par l’éditeur)
Smaller = Better, Faster, Stronger
Ce que Burning Shores fait de mieux, c’est justement de proposer une carte plus petite, un condensé d’Horizon Forbidden West qui se suffit à lui-même et ne s’étale pas de façon démesurée. Los Angeles est parfaitement réinterprétée, et vous aurez le plaisir de découvrir une nouvelle vision de ses lieux les plus célèbres (le Capitol Records, l’observatoire Griffith, et le fameux panneau d’Hollywood), dont certains seront utilisés à titre scénaristique. Une fois de plus, les équipes de Guerrilla Games démontrent là leur sens du détail et leur imagination foisonnante.
L’action du jeu se situe juste après les événements de Forbidden West. Sylens vous contacte pour vous informer de la présence d’un zénith, Walter Londra, qui se serait séparé du groupe principal, et manigancerait un plan douteux à l’issue inconnue. Entendre à nouveau la voix de Lance Reddick dans une œuvre posthume a de quoi émouvoir, et la qualité du jeu de l’acteur transparaît encore et toujours dans les rares scènes où il est présent.
Ce prétexte, pas très inspiré, incite donc Aloy à partir à la recherche du fameux zénith toujours plus à l’ouest. Ce sera l’occasion pour elle de découvrir de nouveaux personnages, d’affronter de nouvelles machines, et de lever le voile sur d’autres éléments du passé.
Le cadre restreint du territoire est une réussite pas seulement pour la facilité que cela permet dans les déplacements, mais parce que cela assure un rythme plus soutenu dans la narration, tout en peaufinant des mécaniques éprouvées. Le gameplay se voit en effet enrichi d’actions simples, mais efficaces, comme l’utilisation du grappin pour se raccrocher à sa monture, ou encore la découverte des Waterwings, machines qui facilitent les déplacements sous l’eau. Los Angeles est finalement le territoire idéal pour mettre à profit toutes ces capacités, armes et tenues légendaires (et en obtenir de nouvelles), dont l’utilité s’avérait limitée dans Forbidden West une fois que vous aviez terminé la quête principale.
Les événements de Burning Shores sont également plus terre à terre que ceux du jeu principal, et donnent un ton différent, plus intimiste, au DLC. Loin des étoiles et de la fin du monde, il s’agit ici de retrouver des Quens séparés des leurs après une tempête. Un choix qui tranche avec l’histoire principale, mais qui permet de se recentrer finalement sur des enjeux plus humains, et sur les sentiments des différents protagonistes. Malheureusement, ce cadre réduit implique aussi une rapidité de l’action qui est à l’origine du seul véritable écueil de Burning Shores : le jeu perd en profondeur ce qu’il gagne en rythme.
Easy Coast
De la découverte de Walter Londra par Sylens à la conclusion (et le combat époustouflant) du DLC, les événements se déroulent avec une facilité déconcertante. Là où Aloy devait s’imposer auparavant en tant que paria, puis en tant qu’étrangère sur des terres interdites, la trame de Burning Shores dénote. Non seulement l’arrivée de l’héroïne, une barbare qui n’a rien à faire sur ces terres, ne choque les Quens que quelques brefs instants, mais tout le reste de cette aventure est prédictible au possible et dénué de frictions pouvant nous faire douter de son dénouement.
Dès le début du jeu, alors qu’Aloy est capable de faire communiquer la moitié de la tribu restée du côté de San Francisco avec celle de Los Angeles, les deux parties ayant été séparées dans un typhon et pensant que l’autre moitié des colons est morte, elle annonce verbalement qu’elle fera ça « plus tard », une fois la sœur de Seyka sauvée.
Les incohérences scénaristiques sont légion tout au long du DLC : Londra, qui n’a jamais été évoqué dans Forbidden West, connaît déjà Aloy ; il crée sa secte en à peine quelques mois ; l’attente avant qu’Aloy ne précise ce qu’est Némésis à Seyka est tirée par les cheveux ; tous les personnages, hormis quelques exceptions, sont fades et oubliables, et ne servent finalement que d’outils narratifs. Seyka, en dehors de son apparence, ressemble énormément à Aloy : les deux sont des aventurières au goût prononcé pour la curiosité, et mises à l’écart par leur société. Les similarités entre les deux personnages peuvent certes justifier leur proximité, mais on aurait aimé qu’ils se distinguent un peu plus l’un de l’autre, ce qui aurait également donné plus de profondeur à leur romance naissante.
Enfin, les enjeux de Burning Shores sont inconsistants par rapport à la menace de Némésis, introduite à la fin de Forbidden West. Retourner à l’ouest fait plaisir, et la beauté du jeu donne toujours envie de l’explorer en profondeur, mais on aurait aimé retrouver l’intensité du plaisir visuel dans l’intrigue de cette première extension. Certes, nous sommes exigeants et c’est là une gageure pour un DLC avec son contenu forcément réduit, mais en l’état, cette nouvelle aventure d’Aloy rate le coche qui aurait pu en faire un must-have.
Ne boudons pas notre plaisir, Horizon Forbidden West: Burning Shores est un bon DLC. Il améliore les mécaniques du jeu de base, assure son lot de nouveautés au niveau des personnages et des machines, mais surtout il propose avec cette sublime réinterprétation post-apocalyptique de Los Angeles le parfait terrain de jeu une fois le contenu principal terminé.
Ce qui fait défaut à cette extension, c’est la comparaison entre la richesse de ses mécaniques et la pauvreté de son intrigue, qui déçoit par la facilité de ses choix et le manque d’enjeux proposés. Certains des sujets abordés sont pertinents et résonnent avec notre actualité, l’enjeu climatique et les dérives sectaires en tête, mais ils ne constituent pas le cœur de l’expérience. Mais peut-être que c’était là le message caché des équipes de développement : préparer la fin du monde peut attendre, faisons du tourisme à la place. C’est bien plus vendeur.