Tout le monde s’en souvient, en 2014, la Wii U recevait un jeu inattendu, un crossover pour le moins improbable entre la série The Legend of Zelda et celle des Dynasty Warriors nommé Hyrule Warriors. Bien qu’inquiétante, la recette fut efficace, suffisamment pour que Nintendo confie une nouvelle fois une de ses chères licences à l’usine Omega-Force. Après Hyrule Warriors et sa déclinaison Hyrule Warriors: Legends, c’est au tour de Fire Emblem d’être revisité. Si cela a bien fonctionné avec Link et sa clique, peut-on en dire autant avec Fire Emblem, dont le matériel de base est si différent ? La question est parfaitement légitime, étant donné que la série est reconnue pour être une très bonne saga de jeux stratégiques au tour par tour.
Est-ce que le mariage avec le genre musou dénature trop la série ? La réponse, vous vous en doutez bien, est sans détour dans ce test complet de Fire Emblem Warriors sur Nintendo Switch.
Mais qu’est-ce que le musou ?
Avant d’entamer les choses sérieuses, il est important de rappeler à quel genre de jeu nous avons affaire. Il est clair qu’il ne s’agit pas là d’un Fire Emblem traditionnel. Pour cela, vous pouvez trouver votre bonheur avec le dernier épisode de la série, Fire Emblem Echoes: Shadow of Valentia. Ici, il est question d’un mode musou. Derrière ce nom bien étrange à nos oreilles se cache une sorte de beat’m all à grande échelle. Vous êtes lâché dans une carte correspondant à votre mission, avec un objectif principal. De là, vous aurez une multitude d’ennemis à occire. Des adversaires, il y en a beaucoup, mais alors vraiment beaucoup : votre nombre de hits peut s’élever à bien plus de mille en une mission, c’est dire la mêlée…
Le musou ne se définit pas seulement par cela. Pendant que vous menez à bien votre mission, d’autres missions à réaliser vous seront demandées. Il peut s’agir de faire marche arrière afin de sauver un protagoniste, de protéger un endroit stratégique ou d’éliminer un monstre qui se dirige vers un certain point stratégique. Autre caractéristique du mode : le nombre de personnages contrôlables. En effet, vous pouvez switcher de héros pendant votre mission. Cela en fait au moins un point commun avec Fire Emblem.
La liberté de se battre à volonté
La série Fire Emblem montre souvent des personnages emblématiques qui se battent dans de vastes mondes fantastiques. Malheureusement, ces rencontres à grande échelle se limitent souvent à des cinématiques, alors que nous participons plutôt à de petites rencontres au tour par tour. Dans Fire Emblem Warriors, vous êtes libre de parcourir le champ de bataille et de changer de personnage à la volée tout en réduisant en pièces des centaines et des centaines de soldats.
Le combat lui-même est incroyablement simple. Les attaques légères et lourdes peuvent être enchaînées dans des combos et des mouvements spéciaux conçus pour oblitérer tous ceux qui vous entourent. Malgré sa faible difficulté, les choses sont restées satisfaisantes dans l’ensemble. Le fait de changer facilement de héros vous permet d’expérimenter différents gameplays jusqu’à ce que vous trouviez votre bonheur avec un personnage. Vous serez sans doute séduit par la valeureuse Lucina, en utilisant ses mouvements rapides et ses attaques meurtrières.
La surcouche Fire Emblem
Le système du triangle d’armes épée / hache / lance des titres précédents de Fire Emblem a été adapté dans Fire Emblem Warriors. En un mot, certaines armes sont plus efficaces contre des ennemis spécifiques : les épées sont supérieures aux haches, les haches surpassent les lances et ces dernières dominent les épées. La même chose s’applique à vos héros, ce qui signifie qu’il est préférable d’aborder chaque rencontre avec une bonne stratégie à l’esprit. Cela étant dit, tabasser vos adversaires jusqu’à ce qu’ils meurent est aussi une stratégie qui fonctionne presque toujours, bien qu’elle soit parfois plus laborieuse. Pourtant, avoir une couche supplémentaire de stratégie est un avantage appréciable si vous voulez un plus grand défi. Cela différencie ce jeu des autres Warriors.
Le combat est encore complété par un système de montée de niveau qui s’avère très robuste et facile à utiliser. Chaque combattant jouable a sa propre gamme d’arbres de compétences qui peuvent être améliorés avec des objets et des compétences individuelles. Le retour à ceux-ci après chaque bataille majeure s’est avéré essentiel. Malheureusement, si vous ne jouez pas en difficulté élevée, vous ne ressentirez pas nécessairement le besoin de personnaliser méticuleusement vos personnages, quand il suffit de spammer comme un cochon les attaques spéciales. Avoir à regarder encore et encore les mêmes animations s’avère également fastidieux, ce qui favorise une lassitude à travers de longues sessions de jeu.
Ce qui fait la particularité des Fire Emblem est l’importance donnée à la vie des personnages. Dans un Fire Emblem classique, si un personnage meurt, il meurt pour de bon. Il ne fera plus partie de l’aventure et ne sera nullement intégré au reste de l’histoire. Dans Fire Emblem Warriors, cela ne change pas. Vous perdez une unité au combat et ce sera terminé pour elle. Bien entendu, puisque la série tente d’élargir son public, les derniers jeux de la série ont inclus différents choix de difficulté afin de préserver vos héros préférés, au cas où votre stratégie s’avérait mauvaise. Avant de débuter une partie, vous pouvez ainsi choisir entre quatre difficultés : Facile, Normal, Difficile et Lunatique (déverrouillée après avoir battu le boss final une première fois). Une fois cela fait, vous choisissez entre deux modes de jeu, Classique ou Débutant. En Classique, les alliés éliminés ne reviennent pas, contrairement au mode Débutant où ils reviennent au chapitre suivant.
Autre point avant de débuter votre aventure, le choix de votre style de jeu. En effet, dans un jeu Warriors, plein d’infos sont affichées sur l’écran comme les nouveaux objectifs, la défaite d’un ennemi, etc. De plus, le passage des niveaux est identique à celui des jeux Fire Emblem : le jeu se coupe un instant le temps de montrer l’évolution des statistiques du personnage concerné. C’est bien joli, mais cela perturbe le déroulement frénétique de votre partie. Si cela ne vous dérange pas et que vous aimez voir toutes les informations, c’est le style Perfectionniste. Sinon vous optez pour le style Droit au but : la partie ne s’interrompt que pour les annonces importantes. Bien entendu, tous ces paramètres peuvent être modifiés à volonté tout au long du jeu. Attention tout de même, s’il est possible de passer du mode Classique au mode Débutant en cours de partie, vous ne pouvez pas faire l’inverse.
Une histoire plutôt agréable
Le récit central de Fire Emblem Warriors, au moins pendant les scènes d’ouverture, n’est qu’un prétexte pour que plusieurs générations de personnages se battent les uns contre les autres ou avec les autres. Bien que l’intrigue manque de suspens, c’est une aventure amusante avec sa juste part d’humour. Le Prince Rowan et la Princesse Lianna se battent pour sauver leur bien-aimé royaume d’Aytolis après l’attaque de leur château et la disparition tragique de leur mère. En fuyant, ils rencontrent rapidement des guerriers d’autres mondes. Le but des deux héritiers est de réveiller le pouvoir de l’Emblème du Feu. Comme le hasard fait bien les choses, ce sont eux les fameux héros qui possèdent en eux la capacité d’éveiller l’égide en question.
Ces enchevêtrements de personnages mènent à une aventure qui est triviale à suivre et inondée de petites intrigues. Les guerriers, bien que déroutés de venir de mondes différents, sont suffisamment conscients de leur importance dans cette histoire. Les événements des jeux passés sont référencés à merveille tandis que les héros donnent libre cours à leur personnalité dans des dialogues plaisants à suivre. Les archétypes d’anime sont en abondance dans Fire Emblem Warriors.
La qualité ou la performance
Dans les paramètres du jeu, vous pouvez choisir entre le mode Qualité et le mode Performance, ce qui affecte la résolution globale du jeu ainsi que la fréquence d’affichage. Comme vous pouvez le deviner, le mode Qualité est un mode haute résolution de 1080p plafonné à 30fps, qui est très agréable en effet. Les textures et les personnages sont détaillés, avec peu d’aliasing. Le mode Performance, bien sûr, laisse tomber la résolution à 720p, mais déverrouille également le framerate permettant d’être à 60fps. Il arrive que celui-ci descende par moments, mais cela est peu fréquent.
En mode solo, jouer en mode Qualité est tout à fait acceptable et offre une excellente expérience de jeu, et personnellement, l’augmentation du nombre d’images par seconde rend difficile le retour en mode Performance malgré la résolution nettement inférieure. En mode Performance, tout dans Fire Emblem Warriors est visiblement plus flou, avec des effets d’aliasing visibles sur les vêtements et les cheveux. Cependant, en mouvement, le taux de rafraîchissement plus élevé compense la moindre défaillance de la qualité d’image. De plus, jouer au mode Performance sur votre Nintendo Switch en mode nomade est tout à fait satisfaisant. En mode multijoueur, cependant, le mode Performance est pratiquement nécessaire. La lecture de l’écran partagé en mode Qualité donne une la fréquence d’images beaucoup trop basse pour en profiter comme il se doit.
Ce n’est peut-être pas le jeu Fire Emblem sur Nintendo Switch que vous attendiez. Cependant, Fire Emblem Warriors est un titre à ne pas sous-estimer. Nous avons là un jeu d’action amusant mais familier qui donne vie aux combats de la série. Le jeu applique le filtre Fire Emblem sur le gameplay des Warriors et le fait le sien. Les éléments stratégiques ajoutés le rendent divertissant tout du long et ajoutent une plus-value indéniable au jeu. Fire Emblem Warriors est donc un bon défouloir, mais cela à un prix. Techniquement supérieur à Hyrule Warriors, Fire Emblem Warriors n’utilise pas tout le potentiel de la Nintendo Switch. il peut également devenir lassant, une sensation devenue inhérente au genre emprunté.