Depuis quelques années, et notamment depuis la sortie de Fire Emblem: Awakening sur Nintendo 3DS, la série a largement repris des couleurs aussi bien au niveau des critiques que des ventes. De plus avec la récente sortie couronnée de succès du jeu Wargroove, nous devons bien constater que le genre tactical RPG semble avoir trouvé un second souffle en 2019, alors qu’on le pensait quasiment mort et enterré.
À présent, c’est au tour de Fire Emblem: Three Houses de rentrer sur le damier et de tenter de nous prouver qu’après près de 30 années de carrière, la série reste toujours aussi impressionnante et incisive. Avec ce premier épisode sur grand (et petit) écran depuis plus de 10 ans, Nintendo a-t-il réussi son coup en offrant à la Switch l’un de ses tout meilleurs titres ?
(Test de Fire Emblem: Three Houses réalisé sur Nintendo Switch à partir d’une version fournie par l’éditeur)
Le Fire Emblem parfait pour découvrir la série
Fire Emblem: Three Houses a décidé pour le retour de la série de lancer une opération séduction sur un plus large public, et ça s’est tout de suite ressenti lorsque ce dernier a été dévoilé. Le contexte scénaristique pour commencer apporte un vent de fraîcheur, nous proposant d’incarner (homme ou femme) un professeur militaire, recruté afin de former de jeunes élèves au combat. Dans le lot, trois d’entre eux, appartenant chacun à une maison différente de la noblesse locale, sont destinés à prendre dans le futur le contrôle des royaumes du monde de Fódlan, et vous devrez choisir lequel prendre sous votre aile pour l’aider à atteindre les ambitions fixées.
Vous serez donc plongé dans un contexte scolaire assez classique sauf que bien entendu le côté militaire viendra contre-balancer le tout pour apporter une touche dramatique au développement de l’histoire.
Dans Fire Emblem: Three Houses et comme dans les autres jeux de la série, les interactions entre vous et les personnages que vous rencontrez sont très fréquentes et surtout très importantes pour le développement social de votre personne, mais aussi de vos élèves. La relation que vous aurez avec eux au fil des dialogues, des petites attentions que vous aurez à leur égard, ou les conseils que vous leur promulguerez, seront autant de facteurs qui influeront sur la toile se tissant autour de l’intrigue principale, et qui auront un impact sur vos émotions en tant que joueur.
Pour cet épisode, les petits plats ont été mis dans les grands, et le côté enseignement a été poussé très loin, donnant à l’expérience une saveur toute particulière. Persona 5 nous ayant beaucoup marqué dans le genre J-RPG au tour par tour, on ne peut que souligner le fait que Fire Emblem: Three Houses tend à s’en rapprocher sur la partie scolaire.
Un calendrier nous est proposé, et il nous faut le suivre, avec des activités programmées à des jours bien précis. Il faut alors organiser notre emploi du temps en fonction de nos objectifs, le jeu nous laissant pas mal de temps entre chaque nouveau chapitre de l’histoire, pour que l’on puisse justement nous y préparer, et profiter de l’aspect scolaire, dont on peut user en dispensant nos cours manuellement ou de façon automatique, laissant alors l’ordinateur choisir à notre place.
Bien entendu, le mode automatique est ce qu’il est, et sera surement l’ami des néophytes pour leur toute première partie. Cependant, le plaisir résidant dans toutes les interactions que l’on peut avoir avec nos élèves, nous n’avons utilisé que le mode manuel lors de notre partie. On dispense alors des cours, ce qui permet d’augmenter les stats de certains élèves en fonction de la matière étudiée. On désigne ceux qui auront la joie d’aller nettoyer les écuries pour la semaine. Ou encore, il nous est possible par exemple d’aider certains de nos protégés afin de booster des stats bien précises.
Cependant tout cela a un coût, et il nous faut faire des choix. Des points d’activité nous sont alors offerts et chaque action réalisée nous en coûtera. Il n’est donc pas possible de réaliser tout ce qui s’offre à nous à chaque fois. Idem pour tout ce qui touche au social, vous aller peut-être décider de faire se rapprocher deux personnages, les faire s’aimer, tisser des liens intimes avec un ou une étudiante, et cela donnera beaucoup de relief à votre partie qui ne sera alors qu’à vous, ce qui favorise par ailleurs énormément la rejouabilité, même si vous avez vu le dénouement final de l’histoire principale.
Par ailleurs vous devrez augmenter vos propre stats car en tant que professeur débutant vous avez tout à apprendre. Pour ce faire, tout un panel de PNJ disposé à vous offrir de leur temps pour vous former, sont présents au sein du monastère. Il vous faudra aussi gagner en crédibilité auprès des élèves, et pour ce faire, échanger avec eux, les aider, ou encore passer du temps à vous instruire pour leur dispenser des cours de plus en plus pointus, seront un bon début.
De plus, le jeu propose tout un système de recrutement qui vous permettra de demander de l’aide à d’autres élèves que ceux de votre classe, afin qu’ils prennent part aux missions qui vous seront proposées. Mais, encore une fois, c’est en fonction de vos compétences en tant que professeur que ces derniers accepteront ou non de vous rejoindre.
Vous les trouverez un peu partout dans la belle et grande enceinte du monastère, que vous pourrez parcourir à votre guise. Chaque élève souhaite que vous ayez certaines statistiques d’un rang spécifique (de E à S) afin de vous accorder ses services, ce qui vous obligera à vous former en fonction de qui vous souhaitez recruter. Comme nous le disions, votre partie ne ressemblera vraiment pas à une autre tant le jeu est constamment une affaire de choix.
Avant de nous diriger vers le champ de bataille, faisons une petite pause pour parler de l’aspect graphique du jeu. Dans notre preview nous étions plutôt satisfait de l’esthétique de ce Fire Emblem: Three Houses, qui même s’il ne fait pas complètement honneur aux capacités de la Switch, reste très correct, surtout que la direction artistique fait mouche en permanence. Mais on ne va pas le nier, l’aliasing est vraiment très présent et les champs de bataille auraient gagné à être un peu plus fournis en détails, avec des textures un poil moins fades.
Les enfants, en route pour la guerre !
Outre l’aspect social, Fire Emblem: Three Houses propose une gameplay et des phases de combat à la richesse ahurissante, qui vous demanderont tout de même un peu de temps afin de devenir un vrai petit guide militaire au service de Seiros. Le jeu n’est pas compliqué en soi, mais dans une guerre vous n’êtes pas seul à combattre et l’issue d’une bataille dépendra aussi de ce que l’ennemi réalisera comme action. Il existe alors plusieurs modes de difficulté afin de rendre le titre accessible au plus grand nombre.
Pour faire simple, vous pouvez augmenter la difficulté de manière graduée pour vous donner plus ou moins de fil à retordre. Mais vous pouvez aussi choisir de jouer avec la mort permanente des élèves que vous perdez sur le champ de bataille. Bien entendu c’est le mode de jeu classique de la série, et c’est celui qui va vous apporter le plus d’adrénaline, chaque combat changeant radicalement dans ces conditions. Surtout que le mort qui se retrouve sur vos bras, vous avez peut-être passé 20 heures à le peaufiner dans les moindre détails.
D’ailleurs il faut savoir que de base chacun de vos élèves aura des prédispositions pour les rôles habituels que l’on retrouve dans les RPG, c’est à dire le healer, le tank, le dps, avec des petites variantes, des classes aériennes, etc. Cependant, il vous est tout à fait possible de changer de classe si vous avez monté les statistiques pour l’obtenir, et ainsi changer la « destinée » de certains élèves. Les classes sont plutôt variées, c’est un bon point qui permet de mettre en place, ou de contrer des stratégies diverses sur le champ de bataille tout en variant les plaisirs.
Mais ce qui va faire de vous un vrai tacticien, c’est l’exploitation de la richesse du gameplay, et des informations mises à votre disposition. Tout d’abord le côté informatif. Vous arrivez sur une carte faisant office de champ de bataille et déjà des informations seront à votre disposition. Si le temps le permet et que l’ennemi est visible, vous allez pouvoir dézoomer afin d’analyser les forces en présence et commencer à élaborer dans votre tête une certaine stratégie en accord avec la topographie du terrain. Allons-nous passer par le flan droit ou le gauche ? Est-il préférable de laisser l’ennemi venir à nous ou pas ? C’est en effet le genre de questions qu’il est important de se poser, sachant que le terrain peut revêtir des propriétés vous permettant par exemple de bénéficier de bonus à certaines statistiques lors des affrontements.
Il est alors possible encore une fois si l’ennemi est visible de commencer à analyser chaque personnage, savoir si nous allons devoir affronter de la magie, de l’aérien, des armures lourdes, etc. Cela vous servira bien entendu pour le placement de vos troupes, mais aussi pour l’utilisation de vos escouades. Cet élément est très important puisqu’il est possible d’attribuer une escouade à l’un de vos personnages, lui conférant alors des bonus idéalement dans son domaine, mais aussi de créer des ouvertures ou des attaques d’opportunité, pouvant déstabiliser l’adversaire au point de l’immobiliser par exemple.
Lors d’une bataille qui traînerait un peu en longueur, il est possible que vous cassiez votre arme. Cela intervient lorsque vous utilisez vos techniques d’arme, fonctionnant alors un peu comme du mana, réduisant le total de point d’endurance de l’arme équipée. En arrivant à 0 c’est la casse assurée et vous vous trouverez fort dépourvu lorsque la bise vous parviendra en plein visage et que vous perdrez la partie pour une faute d’inattention.
Mais pas de panique car en cas de bourde plus ou moins involontaire, vous pourrez utiliser une intervention divine, pouvoir mystérieux dont on vous laissera découvrir la source par vous-même. Cette intervention divine vous permettra de revenir sur une action antérieure, un peu à la façon du rewind dans les jeux Forza, lorsque vous remontez dans le temps pour refaire votre manœuvre. Bien entendu vous en disposerez en quantité limitée, seulement 3 par bataille, mais il ne tiendra qu’à vous de l’ignorer si vous souhaitez vivre l’expérience à fond, sans « tricher » pour corriger vos erreurs.
Enfin, Fire Emblem: Three Houses abat ses dernières cartes en réussissant à nous offrir des combats dynamiques et jouissifs malgré l’aspect tactical tour par tour, notamment grâce à une bonne mise en scène zoomant rapidement au coeur de l’affrontement, nous plongeant complètement dans la bataille, nous permettant alors de ne plus simplement voir nos propres personnages, mais aussi les membres d’escouades qui ne sont pas là pour faire de la figuration comme nous le disions plus haut. Les différents niveaux de zoom et la mobilité de la caméra sur le champ de bataille offre pour le coup une belle immersion, grisante, qui nous a captivé tout le long de notre test.
Fire Emblem: Three Houses réussit haut la main son passage sur Switch en nous offrant une expérience d’une très grande qualité. Entre héritage et nouveautés maîtrisées, le jeu possède une richesse de contenu qui force le respect, tant sur la partie scolaire, que dans le coeur de son gameplay.
Pas forcément magnifique mais pas moche non plus, Fire Emblem: Three Houses parvient à compenser des graphismes un peu plats par une jolie direction artistique associée à une mise en scène vraiment efficace, que ce soit pendant les combats, ou lors des cinématiques, avec de très belles séquences d’animation.
Sans aucune faute rédhibitoire à l’horizon, Fire Emblem: Three Houses vous permet de façonner une expérience à votre image, et devient instantanément l’un des must have de la Switch, que vous soyez fan de tactical RPG ou que vous vouliez vous y essayer pour la première fois.