Depuis la renaissance de Final Fantasy XIV en 2013 après un petit souci à l’allumage, le MMORPG de Square Enix n’a cessé de nous surprendre année après année. Avec l’extension Heavensward dans un premier temps, puis en frappant encore plus fort avec Stormblood. Nous étions donc aussi impatient qu’anxieux à l’idée de découvrir Final Fantasy XIV: Shadowbringers, dont nous ne voulions absolument pas que le résultat nous déçoive, même si cette possibilité restait tout à fait mineure dans l’équation.
Avec tout ce que nous avions pu en voir jusqu’à présent grâce à la communication autour de cette nouvelle extension, nous étions en fait déjà comme dans des petits chaussons, n’attendant plus que le moment où nous pourrions repartir à l’aventure. Cependant, ce que nous avions vu via les trailers, vidéos, et autres visuels était tellement différent de tout ce que nous avions vu dans le jeu jusqu’à présent, qu’une petite partie de nous se demandait encore si la sauce allait vraiment réussir à prendre, à rester cohérente, et à nous surprendre comme durant les six dernières années.
(Test de Final Fantasy XIV: Shadowbringers réalisé sur PS4 Pro à partir d’une version fournie par l’éditeur)
Une épopée plus épique et intense que jamais !
La toute dernière mise à jour venant clôturer l’extension Stormblood nous avait laissé sur un combat épique à souhait, et sur un teaser qui donnait totalement l’eau à la bouche. Cela couplé aux éléments que l’équipe du jeu nous distillait mois après mois, nous n’avions qu’une hâte, débuter l’épopée de Final Fantasy XIV: Shadowbringers.
Donc pour le petit rappel, l’histoire débute alors que nous sommes téléporté de « force » dans le monde du premier reflet, qui pour faire simple, est une version alternative de notre monde d’origine. Même si les extensions précédentes nous faisaient beaucoup voyager, celle-ci possède une saveur bien différente, ne serait-ce qu’à cause du fait que nous perdions un peu nos repères en arrivant dans un monde dont les codes sont bien différents de ceux que nous connaissions jusqu’à présent.
Cette sensation est dès le départ totalement grisante. Le jeu est le même bien entendu, saupoudré des améliorations inhérentes à toute extension. Mais pourtant, tout semble complètement différent. Ici, la nuit n’a plus sa place et la lumière inonde chaque plaine, chaque rivière, chaque montagne, et ce en permanence. Les codes sociaux y sont différents, les enjeux géopolitiques sont encore inconnus de nos personnages, certaines races sont différentes, d’autres nouvelles (les Viera et les Hrothgar venant gonfler les races jouables), et tout ça mis bout à bout, donne l’impression de redécouvrir en partie le jeu que nous connaissions finalement par cœur.
L’histoire démarre ici calmement dans les premières minutes, nous faisant surtout prendre conscience de notre nouveau terrain de jeu et de l’enjeu majeur de l’extension. Une fois les premières explications passées, l’histoire prend une ampleur complètement insoupçonnée, que même Stormblood qui était déjà très fort sur son storytelling, ne peut se vanter d’atteindre. Final Fantasy XIV: Shadowbringers donne tout simplement une leçon magistrale à tous les MMORPG actuel, World of Warcraft y compris, qui ont tenté jusqu’à présent de créer une bonne histoire.
Ce qui fait la différence, c’est bien entendu la richesse absolument folle du scénario qui ferait totalement penser à un épisode solo canonique tant l’écriture y est soignée. Mais même au-delà de ça, la mise en scène y a été encore améliorée en ajoutant beaucoup de dynamisme dans les mouvements de caméra, en créant des plans d’iconisation très forts pour les personnages, et en nous servant tout ça sur fond de musiques toujours aussi somptueuses, et parfaitement en adéquation avec chaque séquence.
La réalisation atteint donc des sommets que même en tant que joueurs nous n’aurions pas forcément pu imaginer. Et notamment car nous avions pensé que le jeu finirait par être bridé par son moteur. Mais visiblement la passion de Naoki Yoshida et toute son équipe semble pouvoir faire fi de tous les obstacles, afin de servir aux joueurs une pépite dont ils se souviendront.
Un contenu de grande qualité
Bien entendu, l’histoire de Final Fantasy XIV: Shadowbringers va vous demander un joli paquet d’heures de jeu pour en voir le bout. Nous ne pouvons pas vraiment vous donner un nombre tant cela va dépendre de votre style de jeu, de votre job, mais pour vous faire une moyenne disons que vous devriez en avoir pour une petite trentaine d’heures si vous prenez votre temps, ce qui est tout de même pas mal.
Sur votre route vous allez fatalement découvrir les nouveaux donjons/défis qui sont ici vraiment extrêmement liés à l’histoire, leur apportant un intérêt tout particulier. Si l’on prend le tout premier donjon que vous devrez réaliser pour continuer à avancer dans l’épopée, vous risquez de prendre une jolie petite claque dans le visage tant il place la barre haut en terme de réalisation.
L’ampleur des décors, l’ambiance pesante liée au scénario, l’impact que peut avoir chaque ennemi que l’on tue, tout est fait pour nous immerger totalement dans le récit et dans le drame qui s’y déroule. Cette volonté de lier profondément les événements PvE au cœur du scénario ne s’arrête bien entendu pas ici, et va continuer de s’intensifier durant votre prise de niveau, pour aboutir naturellement aux contenus de haut niveau, qui on l’espère se montreront tout aussi intense que ce que nous avons vécu dans l’épopée.
En ce qui nous concerne, nous avons choisi de faire l’extension en montant notre Mage Blanc. Nous ne ferons bien entendu pas ici un compte-rendu de tous les changements de chaque jobs, mais il est clair que ces derniers ont été rendus plus accessibles de manière générale. Certains diront que simplifier les rôles, et retirer des sorts n’est pas ce que l’on attendait, mais en ce qui nous concerne, nous sommes heureux que le jeu ait été légèrement « simplifié » dans sa prise en main, afin que nous puissions nous concentrer davantage sur l’immersion et le plaisir de jeu, plutôt que sentir notre cerveau fondre sur certains fights à cause de la gestion des sorts par exemple.
Côté jobs justement vous n’êtes pas sans savoir que le Pistosabreur et le Danseur ont été ajoutés avec Final Fantasy XIV: Shadowbringers et que le Danseur justement n’a pas forcément fait l’unanimité dans un premier temps, un nouveau job de heal étant ce qui était le plus demandé par les joueurs. Pour autant le Danseur se révèle en jeu être un excellent support au gameplay fun et dynamique. Dans le rôle de support à distance, le Barde n’ayant pas reçu beaucoup de nouveautés, il y a fort à parier que le Danseur devienne un job que l’on retrouve finalement très souvent dans les groupes, alors qu’il avait été plutôt rejeté jusqu’à la sortie de l’extension.
Le Pistosabreur quant à lui semble s’installer comme le nouveau tank le plus opti pour ce début d’extension en termes de synergie dans les groupes. Mais sans même parler de son efficacité, il se place surtout comme l’un des jobs les plus agréables à jouer, et c’est une affaire de goût, mais nous avons trouvé qu’il avait bien plus de « répondant » que ses homologues lors des combats. Après tout n’est bien évidement pas figé, les correctifs viendront petit à petit, et des ajustements pour chaque job verront fatalement le jour après quelques temps si l’équilibre venait à se révéler bancal.
Plus accessible mais toujours aussi bon
Plus que dans ses jobs, Final Fantasy XIV: Shadowbringers a souhaité devenir plus accessible pour les joueurs évoluant majoritairement en solo et ne possédant pas de Compagnie Libre pour jouer. Nous allons donc parler à présent du système d’Adjuration qui permet de partir en donjon avec les grandes figures du jeu que peuvent être Urianger ou encore Minfilia. Nous en avions parlé dans notre première impression, et ce système se révèle toujours aussi efficace à tous les niveaux.
Pas de souci de latence, pas de souci d’IA désordonnée, tout va comme sur des roulettes, avec même une IA s’adaptant à notre niveau pour moduler la difficulté. Il s’agit là d’une grande réussite qui va plaire comme nous le disions, aux joueurs seuls, ou à ceux qui voudraient juste découvrir le donjon dans ses moindre recoins, apprendre les strats, et ne pas être embarqué dans un rush comme c’est bien souvent le cas lorsque les joueurs connaissent ledit donjon sur le bout des doigts.
Du côté des événements aléatoires que l’on retrouve sur la map, c’est aussi un grand pas en avant qui a été fait. Déjà ils semblent être plus nombreux, mais surtout ils sont beaucoup plus intéressants à faire que ce soit en termes d’XP ou en termes de récompense. Si pendant longtemps enchaîner certains donjons spécifiques et faire des missions de donjons à la chaîne était le seul moyen de monter ultra rapidement un personnage, ce n’est plus le cas.
Il est maintenant possible de faire un événement aléatoire sur la carte en venant à bout de certains ennemis, vous empocherez alors beaucoup d’XP (250K environ au niveau 75 quand une quête donne 580K) et une monnaie spéciale permettant d’obtenir certains objets auprès d’un marchant de la région, ce qui augmente encore l’intérêt de la chose. Ça n’a bien entendu pas loupé, les joueurs sont plus présents que jamais sur la carte, cela apporte de la vie dans le jeu, et dynamise complètement votre montée de niveau, couplée aux quêtes secondaires qui se synchronisent maintenant à votre niveau de personnage pour leur donner une réelle utilité à présent.
Bien entendu, la perfection n’existant pas, nous ne pouvons vous quitter sans aborder certaines lacunes qui demeurent dans Final Fantasy XIV. Pour commencer côté technique, s’ils donnent absolument tout pour que la réalisation soit la meilleure possible, il reste que le jeu commence à accuser le coup des années, notamment au niveau des animations lors des cinématiques. Il y a une superbe palette d’expressions faciales, les chorégraphies et effets lors des combats sont supers, mais lors des cinématiques ça n’est plus aussi clinquant qu’en 2013. Une petite refonte comme l’ont fait beaucoup de jeux serait-elle envisageable ? Cela dépendra certainement de ce qu’ils comptent faire du jeu à l’avenir.
Autre point, découlant des contraintes techniques, les interactions dans le jeu sont parfois un peu laborieuses et cette lacune commence à faire un peu tache. Par exemple, il n’est pas possible de changer d’équipement en étant en transaction avec un marchand, la descente de notre monture ne se fait pas automatiquement lorsque l’on cible un ennemi pour l’attaquer.
Idem, pour certaines interactions avec les PNJ qui requièrent de descendre de la monture alors que cela devrait certainement pouvoir se faire automatique dès que l’on clique sur le PNJ pour lui parler. On ne dirait pas dit comme ça, mais ce genre de petits détails qui se répètent dans un jeu où vous passez des centaines d’heures, peut parfois devenir agaçant. Mais bon, espérons qu’un jour cela sera amélioré pour une expérience encore plus immersive.
L’extension Final Fantasy XIV: Shadowbringers porte le MMORPG de Square Enix à un niveau qu’il n’avait encore jamais atteint, tant est si bien que l’on peut légitimement se demander jusqu’à quels sommets de qualité il pourra grimper avant de subir une petite baisse de régime. Le scénario a reçu un soin hallucinant dans son écriture, dont la justesse égale très largement les épisodes solo de la franchise. Il en va de même pour la mise en scène, qui malgré un moteur vieillissant, arrive littéralement à faire des miracles en termes d’immersion et de tension dramatique.
Sans nous en rendre compte, c’est une jolie gifle de passion qui nous a été assénée par ce nouveau monde, bercé par des musiques toujours aussi splendides que dans les précédentes extensions, mais dans un style bien entendu très différent. Encore quelques petits détails côté ergonomie arrivent à nous faire froncer les sourcils, mais dans l’ensemble, nous ne pouvons que dire bravo à Naoki Yoshida et à son équipe, qui porte là le MMORPG dans des sphères qu’il n’avait certainement encore jamais atteintes.