Capcom et les dinosaures, c’est une association qui fonctionne plutôt bien. En tout cas, ce n’est pas les productions passées (qu’elles soient récentes ou plus anciennes) qui nous feront dire le contraire. Dino Crisis et Monster Hunter font, pour cause, partie de l’identité même de l’éditeur/développeur, même si pour le premier cité, il s’agit plus (à l’heure qu’il est) d’un vestige. Le restera-t-il ? La mode étant actuellement aux révisions en tous genres (remasters ou remakes), il ne nous reste qu’à croiser les doigts. Mais, en attendant, c’est avec Exoprimal que l’on a été invité à se mesurer à ces gros lézards préhistoriques.
Une expérience multijoueur qui, avant même sa sortie, avait été mal perçue par les joueurs, les premières images ayant laissé une bien mauvaise impression. Ont-ils eu raison ? Ou était-ce tout simplement des préjugés précipités ? Spoiler : Exoprimal est loin d’être un chef-d’œuvre, néanmoins, même s’il est difficilement recommandable, il n’est pas le rebut auquel on aurait pu s’attendre.
(Test d’Exoprimal réalisé sur PS5 à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
Dino Mania
« Y a-t-il une histoire qui sous-tend le jeu ? » C’est une question que l’on peut (naïvement) se poser, surtout quand on est un amateur de titres un poil narratif. Et la réponse que l’on a à apporter est assez mitigée. Certes, il existe une volonté de proposer une trame scénaristique. Mais, honnêtement, c’est bien faible, vraiment très faible. En vérité, il s’agira moins d’un véritable récit que d’une succession d’événements-prétextes servant d’enrobage. Ce qui n’est pas vraiment étonnant venant d’un titre aux ambitions tels qu’Exoprimal, soit un titre comptant plus sur ses affrontements qu’autre chose.
Toujours est-il que Capcom a fourni à sa création un contexte. Contexte que nous allons dépeindre rapidement en quelques mots. Tout commence donc sur une sorte d’avion cargo. Notre héros, dont on prendra soin de caractériser les traits, est envoyé en mission avec une équipe composée de ce que l’on peut qualifier sans mal de parias, et dans laquelle se trouve une tête ressemblant à s’y méprendre à l’héroïne de Dino Crisis, Regina.
Cependant, tandis qu’ils s’acheminent vers le lieu assigné, un accident survient et ils finissent par s’échouer sur une île mystérieuse et apparemment sans vie. Ou presque. En fait, le lieu en question est entre les mains d’une IA qui n’a qu’une intention : utiliser notre héros à travers de nombreux tests périlleux, et surtout belliqueux. Des épreuves qui confronteront évidemment le joueur avec des dinosaures en tous genres.
Les accomplir aidera le joueur à faire progresser le scénario. Mais, force est de constater que cette avancée suivra un rythme assez lent. Pour cause, il faudra faire un nombre défini de batailles pour enclencher une cinématique, dont la présence peut être appréciable. En s’interposant entre les affrontements que l’on est amené à effectuer, elle casse en effet quelque peu la monotonie qui pourra probablement s’installer.
Cette diversité instille ainsi, en quelque sorte, un dynamisme. Du moins, est-ce le cas sur un point de vue théorique. La réalité, elle, est complétement différente. Car, il est difficile d’apprécier réellement ces interventions. D’une part, elles sont très courtes, et d’un autre côté, elles sont pratiquement inutiles et anecdotiques, voire lourdes.
Des personnages discutent, sauf notre personnage qui reste complétement muet (à la limite du ridicule). Des situations s’enchaînent, mais rien ne peut vraiment laisser une grande impression dans notre esprit, ou, tout du moins, on les oubliera très vite. Tout ce que l’on retiendra, c’est qu’il y a les gentils, dont on fait logiquement partie, et les méchants… Enfin si, il existe bien quelques mystères tentés par Capcom, mais on ne peut pas dire que ces derniers retiendront notre attention plus longtemps.
Et la raison à cette indifférence (ou plutôt l’une des raisons) a d’ailleurs déjà été évoquée plus haut : elles sont généralement très courtes, et passent de fait pour anecdotiques. Tout ce qu’elles semblent mettre en valeur, c’est la personnalité des personnages et, par là, les relations qui les unissent.
Et cela aurait pu être intéressant, dans la mesure où cet ensemble semble être le vecteur d’une tonalité bien particulière, d’une tonalité complètement décalée, à laquelle la musique apporte sa contribution. Néanmoins, ici aussi, ce n’est pas très réussi. Tout ce que l’on peut obtenir du joueur, ce n’est qu’un simple petit sourire. Et encore, rien n’est certain. Car ce que l’on voit n’est ni plus ni moins que tentative vaine d’instiller ce côté déjanté que l’on pressent. Peut-être est-ce parce qu’il n’y a pas vraiment grand-chose qui arrive à surprendre, en raison du côté convenu de la proposition.
Le paradoxe des affrontements
Dès lors, Exoprimal, à n’en pas douter, est un titre qui repose essentiellement, si ce n’est entièrement, sur les confrontations. Ainsi, par équipe de cinq, vous et vos camarades devez accomplir des missions dont la finalité est toujours la même, même si les missions varient légèrement : éliminer tous les dinosaures (d’une variété assez honnête) qui viennent à votre rencontre. On vous lance donc dans un terrain, dans lequel vous devez cheminer en suivant une sorte de guide. Ce dernier vous amènera donc au lieu de votre affrontement, qui se résume en quelque sorte en une course contre l’équipe adverse, laquelle effectue le même parcours que le vôtre. La première des deux à finir les épreuves gagne, rien de plus simple.
Ces combats ont l’avantage d’être assez nerveux, d’autant que les situations sont parfois extrêmement tendues, tels les moments où des hordes de dinos se massent vers vous. Le but semble alors réussi. Vous flinguez à tout-va et il ne manque pas d’action. Cependant, il y a un gros défaut dans la recette : il n’y a aucune diversité. On se retrouve très vite avec le sentiment de tourner en rond. Ça devient très vite répétitif.
Par conséquent, ce qui pouvait paraître amusant devient très vite ennuyant. En découle que certains face-à-face, qui semblaient intéressants lors d’une première approche, finissent par être totalement banals. Et plus on les subit, plus on voit les défauts qui les caractérisent. Les attaques en nombre, par exemple, qui, au premier abord, ont l’air impressionnantes, ne peuvent échapper à un œil critique. Le côté impressionnant disparaît et laisse s’installer un sentiment plus terre à terre, plus réaliste : cela n’est-il en fait pas plus brouillon qu’autre chose ? Une sensation qui finira par se ressentir dans la défaite.
En fait, l’expérience n’est pas vraiment désagréable. Disons qu’elle est sans saveur et nous laisse totalement indifférents, d’autant que l’on ne ressent pas vraiment un sentiment de progression. Le niveau de notre exosquelette, que l’on peut changer à l’envie en pleine partie, augmente bien et on développe également de nouvelles compétences. Mais, tout cela reste bien accessoire, voire inutile.
Il est, en effet, difficile de voir le bénéfice que l’on gagne. Admettons que l’on devienne plus puissant, plus résistant, etc. pour face aux dangers qui nous guettent, eh bien, c’est sympathique, mais nullement nécessaire, puisque même quand l’on perd, il n’existe pas d’échec particulier ni de pénalité quelconque. On aurait pu s’attendre, par exemple, à ce que notre progression dans l’histoire en soit particulièrement ralentie, mais il n’en est rien. Au final, ce qui est légèrement intéressant, c’est le fait que l’on puisse changer d’équipement justement. On peut ainsi aborder un nouveau point de vue et un nouveau style de combat. Ce qui aura pour but de ralentir quelque peu l’inévitable ennui.
Exoprimal, un jeu sans avenir ?
Tous ces mauvais points frustrent un peu ; il y avait la possibilité d’obtenir quelque chose de bien meilleur. Et même, on se demande s’il a bien été judicieux de sortir le jeu tel quel, tellement il semble être en manque de contenu bien solide. Alors oui, Exoprimal pourra peut-être compter sur l’apport régulier de contenu, qui approche d’ailleurs. Mais où est-ce que cela mènera le jeu ? Est-ce que ce sera suffisant pour le dynamiser ? Et puis, restera-il encore des joueurs actifs dessus ? Des questions pour l’instant sans réponse, évidemment, qui méritent d’être posées, quand l’on voit le nombre d’échecs passés par là (coucou Babylon’s Fall).
Reste juste à voir ce que Capcom aura à proposer pour relever un peu le goût amer que laisse son jeu. Car, on le répète, il y a là un certain potentiel. Même s’il n’est pas très beau, quoique assez honnête (mais pas à la hauteur des productions actuelles), ni particulièrement très agréable sur le plus sonore (aucune piste musicale n’ayant retenu notre attention), Exoprimal reste un titre assez fluide et plein d’action, apportant dans la foulée une certaine dose de fun, qui reste au demeurant assez limitée.
Exoprimal n’est donc pas un titre à jeter. Au contraire, bien qu’il n’ait pas les apparences en sa faveur (notamment sur un plan graphique), il peut fournir un amusement assez digne aux joueurs qui ne cherchent qu’à se placer devant un divertissement bourré d’action.
Cependant, il ne leur faudra pas trop de temps pour trouver une répétitivité dans ce qu’on leur propose et un manque de variété. Chose qui pourrait bientôt changer avec l’apport de contenus inédits, parmi lesquels on attendra un nouveau mode ou encore une nouvelle arène. Mais, on se demande comment Capcom arrivera à maintenir l’intérêt de sa communauté. Bon, on peut avoir Dino Crisis Remake maintenant ?