Le 2 mai dernier, Nintendo et le développeur Akira ont dépoussiéré une licence qui, aujourd’hui, accuse une ancienneté assez remarquable. Et, pour cause, la première fois qu’elle fit son apparition, c’était en 2007 sur la console de Nintendo de l’époque : la Wii. Un opus qui appela, dans ses pas, un second paru deux années après. Une suite qui resta donc plus d’une décennie comme la dernière entrée de la série. Mais voilà que le passé titille désormais le présent et plonge l’hybride de Nintendo dans le bleu obscur des fonds marins.
Une bonne idée ? Certainement, Endless Ocean Luminous aura de quoi dépayser. Du moins, l’intention est là : en servant un périple sous-marin, et en invitant le participant à rencontrer la population qui peuple ce fond, il y a bel et bien une volonté d’apporter une tonalité légère. Néanmoins, la réalisation du jeu laisse un peu à désirer et divisera probablement son public. Pourquoi ? On vous raconte cela sans plus tarder.
(Test d’Endless Ocean Luminous réalisé sur Nintendo Switch à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
Danse avec les poissons
Sans surprise, Endless Ocean Luminous ouvre les portes d’un univers aquatique censé briller par son immensité et la faune nombreuse qu’il accueille. Attirail de plongeur sur le dos, nous revêtons les habits de l’explorateur avide d’en connaître plus sur les fonds marins. Et ce qui est intéressant, c’est qu’il y a effectivement cet élan pour la découverte. Et en scannant les différentes créatures que l’on côtoie, il y a même un petit accent instructif bienvenu. Le joueur y apprend alors le nom de l’espèce mise en évidence, ses caractéristiques, etc. De quoi devenir un véritable petit ichtyologiste.
Qu’elles soient toujours d’actualité ou éteintes, ces espèces ont de quoi nous éblouir. D’autant que l’ambiance sonore qui berce notre exploration a une élégance certaine. La musique, disparaissant certes régulièrement pour laisser le bruit ambiant (de la respiration sous-marine notamment ou du cri de certains animaux), est empreinte d’une certaine tonalité onirique qui emporte. C’est léger et, à n’en pas douter, apaisant. Quoique cela puisse être un peu trop timide au goût de certains.
Cependant, ce rêve possède une certaine limite, visuellement parlant. Endless Ocean Luminous présente, sur ce point, une redondance fâcheuse. À quelques exceptions près, telle l’existence de ruines, d’épaves ou de coraux, tout se ressemble. Évidemment, il serait difficile d’en faire autrement si l’on voulait découvrir les fonds marins de manière réaliste. Seulement, il semble que ce ne soit pas là l’orientation du titre. Ne nous promet-on pas un cheminement dans une eau remplie de mystères, seul lien avec une civilisation antique ?
Il serait exagéré d’affirmer ne pas déceler une once de merveilleux dans le jeu. Bien qu’ils soient peu nombreux, principalement emportés par les ténèbres et astreints par des graphismes somme toute passables, certains lieux font leur effet. Sans oublier que l’écoulement du temps, le passage du jour à la nuit et inversement instille une petite touche appréciable.
Un cheminement aride
En revanche, Endless Ocean Luminous possède un défaut fâcheux qui touche ce qui a trait à l’expérience de jeu. Pour cause, la proposition semble très vite s’essouffler. Une critique qui prend notamment tout son sens lorsque nous dirigeons notre regard sur le mode histoire, dont les chapitres ne seront qu’égrenés au fil de la progression dans les autres modes : exploration en solo ou en ligne, avec la présence d’autres participants pour nous aider à ratisser la zone. Un mode multijoueur qui, soit dit en passant, n’apporte pas grand-chose.
Ainsi, on nous sert un scénario avec un accès soumis à une condition. Certes. Seulement, ce qui est problématique, c’est que ces chapitres ont une durée très courte et laissent, pour ainsi dire, un arrière-goût amer. Finalement, on n’y fera pas grand-chose. Et, surtout, ils nous accapareront davantage par les lignes de dialogues émises par notre guide (l’intelligence artificielle OcéanIA) et notre acolyte répondant au nom de Daniel. Ce qui aura tendance à rendre notre parcours plus bavard qu’autre chose.
Mis à part cela, c’est également dans les actions mêmes (quand il y a des actions à effectuer) que nous trouverons à redire. Il y a là aussi un manque de variété. La seule finalité d’Endless Ocean Luminous ne se résume qu’à scanner les différentes espèces de poissons et autres créatures marines, à découvrir les quelque 90 mystères de la mer ainsi qu’à mettre dans son escarcelle les objets plus ou moins rares dissomulés.
Un amusement inexistant ?
Pour autant, Endless Ocean Luminous est-il à écarter de sa ludothèque ? Il est évident qu’il apporte une certaine fraîcheur, dans le sens où il est vecteur de légèreté. Seulement, si l’idée est louable, l’exécution manque un peu de finesse et surtout d’intérêt. Il lui aurait fallu ce petit quelque chose qui lui aurait apporté ce sel permettant de transcender le contenu proposé, qui, tel qu’il est actuellement, est bien chiche pour tenir le joueur sur la longueur.
On pourrait nous objecter un manque de patience ou d’affinité. Toutefois, il reste difficile de concevoir un amusement quelconque face à la redondance qui nous accable et à l’artificialité qui nimbe le jeu. En effet, s’il peut être plaisant de nager aux côtés animaux marins, on aura comme le curieux sentiment de pas être suffisamment concerné. Il n’y a aucune véritable interaction avec ces derniers.
Oui, il est possible de s’allier la compagnie de créatures (quand notre niveau nous le permet), mais, en temps général, il y comme une impression de fausseté. La population sous-marine suit un mouvement particulier, répétant sans cesse la même chorégraphie et ne s’occupant nullement de notre présence. Une absence de réaction que ne facilite pas vraiment l’immersion. Nous pouvons, par exemple, croiser un prédateur à la gueule peu engageante sans éprouver la moindre crainte. Et puis, il y aura sans cesse ce mur invisible qui cassera notre soif d’aventure.
Endless Ocean Luminous nous laisse sur un sentiment partagé. À l’entrée de l’univers marin qu’il nous offre, nous pouvons évidemment céder à l’émerveillement. Seulement, le temps passant, nous sommes de plus en plus sceptiques quant à cette proposition : de la contemplation à l’ennui, il n’y a qu’un pas, et il est vite franchi.
Le jeu ne se borne qu’à la découverte d’espèces animales diverses, ce qui est fort louable, mais ne distille nullement le rêve qu’il semblait nous promettre. C’est redondant et particulièrement timide, tant sur l’aspect visuel que sur l’aspect sonore, le mode histoire est anecdotique et le multijoueur n’apporte aucune plus-value. Certes, il existe bien des saillies. Toutefois, suffisent-elles à justifier notre présence dans le jeu, surtout au prix de 49,99 euros de mise en vente ? Difficile d’être positif.