Définition : niche – Dictionnaire de français Larousse : Segment d’un marché où il existe peu de concurrence et qui permet à une entreprise de développer un nouveau créneau commercial. La niche est souvent délaissée par les grandes entreprises pour des raisons de rentabilité car ce micromarché a un potentiel faible de clientèle.
Cette définition, usuellement attribuée à un marché global, s’applique également au jeu vidéo. On appelle jeu de niche un jeu destiné à un public restreint d’adeptes, qui risque fort de ne pas plaire au tout venant et qui ne bénéficie pas d’un matraquage publicitaire conséquent. Vous l’aurez compris, c’est bel et bien à cette catégorie un brin élitiste qu’appartient la série des Earth Defense Force sous nos latitudes. Et puisque la plupart d’entre vous ne sait probablement même pas de quoi il retourne, New Game Plus se penche aujourd’hui sur l’épisode Earth Defense Force 4.1: The Shadow of New Despair, un nom un poil ronflant derrière lequel se cache en fait la version PS4 d’un jeu sorti en 2014 sur la génération précédente. Tous le monde a bien dégainé son spray anti-insectes ? Très bien, que la chasse commence…
Earth Defense Force 4.1 : des fourmis et des hommes
Quand l’emballage ne fait pas tout
Avant de s’attaquer à cet épisode en particulier, un peu d’Histoire. Les origines de la série remontent à 2003, avec un jeu intitulé Earth Defense Force au Japon, mais renommé Monster Attack à sa sortie sur les PlayStation 2 européennes. Le principe ne varie pas d’un épisode à l’autre : confrontée à une invasion massive de créatures extraterrestres, la Terre envoie ses troupes d’élite affronter la menace, la Earth Defense Force (ou EDF, ce qui n’a rien à voir avec notre cher distributeur d’électricité, ni avec le jeu Super EDF sorti sur Super Nintendo il y a 5 millions d’années). Un scénario typiquement série Z, donc, et parfaitement assumé par les développeurs, qui misent, à chaque opus, bien plus sur le fun que sur la qualité technique, ce qui risque, d’entrée de jeu, de leur aliéner (ha ha) un certain nombre de joueurs des temps modernes, avides de graphismes clinquants et de réalisme exacerbé. C’est un élément à ne pas négliger si vous avez envie de vous plonger dans Earth Defense Force 4.1, à vous donc de décider en votre âme et conscience si les prouesses techniques doivent prendre, pour vous, le pas sur le plaisir de jeu, ou si vous êtes prêt à faire des concessions par rapport aux standards actuels, pour rechercher la substantifique moelle en creusant un peu la surface parfois pas bien reluisante d’un jeu vidéo (pouah, cette phrase est aussi chiante à lire qu’elle l’était à écrire, mais tant pis, je la garde).
Alors certes, le jeu est nettement plus beau à voir que Earth Defense Force 2025 dont il est le remake ; pour ma part, je possède les deux, et je jouais récemment encore à l’épisode version PlayStation 3, donc j’ai pu apprécier l’effort technique réalisé sur le portage PlayStation 4. Mais quand bien même, il reste pas mal d’aliasing, et finalement, on se dit que le souci, ce n’est pas la technique en elle-même, mais plutôt, le choix d’une direction artistique volontairement datée qui caractérise la saga depuis ses débuts (et encore une fois, parfaitement assumée). Et qui colle parfaitement à cette impression persistante qu’on a cherché à nous proposer une expérience désuète en apparence, renvoyant le joueur à ces films d’horreur innombrables mettant en scène des bestioles géantes et des invasions extraterrestres en tous genres. Films souvent considérés comme nanars par le grand public, mais qui bénéficient toujours d’une niche d’admirateurs les considérant comme des oeuvres cultes… et c’est exactement le cas avec les Earth Defense Force dans l’univers vidéo-ludique.
Man versus wild
Bref, inutile de s’étendre plus longtemps sur les aspects techniques de Earth Defense Force 4.1, chacun sait désormais à quoi s’en tenir. Penchons-nous plutôt un peu plus avant sur le contenu. On l’a dit, le jeu vous propose d’incarner un soldat d’élite pour protéger la Terre d’une invasion massive venue de l’espace (mais qui attendait son heure en toute discrétion depuis l’épisode précédent), une menace de grande envergure capable de faire usage de hordes entières d’insectes géants (fourmis, araignées), mais aussi de soucoupes massives, de robots titanesques lourdement armés ou encore de dragons et de citadelles mobiles hautes comme plusieurs gratte-ciels. Autant le dire de suite : la sensation d’être minuscule face à cette terreur venue du ciel est constante, mais heureusement, nos vaillants guerriers ne sont pas complètement démunis. Earth Defense Force 4.1, comme ses aînés, vous donne d’entrée de jeu la possibilité de choisir entre quatre classes de personnages, qui présentent, une fois n’est pas coutume, une expérience vraiment différente en termes de gameplay, d’armement et de manière d’aborder le combat.
Le Ranger est un fantassin classique ayant accès à une vaste panoplie d’armes diverses, le Fencer est une sorte de gros Tank très lent mais capable d’emporter d’énormes flingues ainsi qu’un bouclier, le Air Raider (une classe généralement plus utile en multi comme personnage de soutien) pourra faire appel à des véhicules qu’il se fera livrer par les airs ainsi qu’à des frappes ciblées bien dévastatrices, et enfin, le Wing Diver, seule unité féminine du groupe, bénéficie d’une grande agilité ainsi que de la capacité de voler pendant plusieurs secondes, compensant ainsi sa puissance moindre. Vous aurez probablement à coeur de vous créer une sauvegarde avec chacun pour le tester tant le maniement varie de l’un à l’autre, mais j’ai pour ma part une affection marquée pour le Wing Diver, qui permet de prendre de la hauteur et éventuellement, d’arroser les scènes de bataille depuis le haut d’un immeuble ; un avantage non négligeable en mode de difficulté plus élevé.
L’arme à l’œil
D’ailleurs, parlons-en de la difficulté. Cinq graduations différentes vous sont offertes, permettant de réduire ou augmenter selon vos désirs l’agressivité, la célérité ainsi que la résistance et le nombre des ennemis en présence. Un choix à ne pas prendre à la légère, car du niveau de difficulté dépendra la qualité des armes que vous trouverez sur les ennemis défaits. En effet, vos adversaires éliminés lâcheront régulièrement des kits de soin, mais aussi des bonus d’armure (pour augmenter progressivement votre résistance, et donc votre barre de vie) et surtout, des armes. Il faut savoir que l’armement est un élément très important dans Earth Defense Force, c’est même lui qui confère au jeu un de ses charmes les plus jouissifs. Le nombre d’armes présentes dans le jeu est considérable, et il y a vraiment pour tous les goûts : mitrailleuses, lance-missiles, fusil sniper, lance-roquettes, grenades, fusils laser… Chaque classe comporte un nombre plus ou moins étendu de modèles aux effets variables (précision, possibilité d’envoyer plusieurs roquettes à la fois, détecteurs de mouvements…), et c’est en augmentant la difficulté des stages que vous trouverez du loot bien plus efficace que le vôtre (à vos risques et périls, bien sûr) ; le choix des armes en début de stage est donc une activité qui demande souvent un peu de réflexion pour déterminer ses préférences et les meilleures options en considérant la menace en présence. Vraiment un aspect jubilatoire de la série, soyez-en bien persuadé.
Bref, une fois équipé, vous voilà parti avec votre équipe de PNJ (ou avec un pote en écran splitté, ou encore avec un groupe de 3 autres joueurs online) à travers les rues, les galeries souterraines et les plages au coucher de soleil, pour déglinguer par dizaines tous ces envahisseurs monstrueusement grands. Cela donne lieu à des combats intenses, jouissifs et titanesques par moments, qui ne laisseront bien évidemment pas la ville intacte vu les équipements de destruction massive embarqués par chacune des forces qui s’affrontent, surtout à plusieurs, d’autant que le nombre de stages se monte quasiment à la centaine, donc vous en aurez pour votre argent, croyez-le. Le gameplay est un poil rigide mais cela n’entrave pas le plaisir de jeu, et les explosions en tous sens ainsi que les bâtiments qui tombent sous les roquettes ou démolis par des robots géants, le tout accompagné des cris des passants et des invectives que se lancent régulièrement les soldats, confèrent à l’ensemble une dimension assez cinématographique, mais façon très série Z, répétons-le, un aspect parfaitement assumé comme nous l’expliquions plus haut.
Conclusion de Earth Defense Force 4.1: The Shadow of New Despair
Ne vous méprenez pas : la note ci-dessous ne reflète en aucun cas une opinion objective et impartiale, mais plutôt, un coup de coeur personnel et intimiste pour la globalité de la série Earth Defense Force. Alors oui, la réalisation artistique est vieillotte, oui, les bugs visuels sont encore bien présents, oui, le thème général est celui d’un vieux film de science-fiction de bas étage, tout ça, c’est vrai. Mais pour ma part, ces éléments, ajoutés au nombre d’armes disponibles, au caractère complètement débridé des combats, ainsi qu’à la possibilité de détruire quasiment tout ce qui nous entoure (souvent par mégarde) contribuent à faire de ce Earth Defense Force 4.1 une expérience façon « série Z » épique comme il en existe peu d’autres sur consoles. Expérience à côté de laquelle trop de joueurs passent, hélas, sans même laisser sa chance au jeu manette en main, et c’est pour eux que c’est dommage ; ils se privent d’un défouloir surprenant, notamment en multi, et cette version PlayStation 4 s’avère nettement plus jolie que ses ancêtres, alors à bon entendeur…
Venez voir la bête en action et vous renseigner un peu plus sur le jeu en envahissant son site officiel.