Rendez-vous annuel des footeux virtuels à travers le globe, EA Sports FC (ex-FIFA) reste, années après années, la valeur commerciale sûre, étant généralement sur le podium des meilleures ventes sur la plupart des marchés. Pourtant, le titre cristallise aussi beaucoup de critiques quant à sa mauvaise influence supposée sur le marché, notamment à cause de son mode FUT qui a même fini par être interdit dans certains pays et pour sa réputation de simple mise à jour facturée au prix fort. Avec EA Sports FC 26 cependant, les équipes de développement semblent vouloir faire amende honorable et repartir sur de meilleures bases.
Ainsi, dès les premières communications, EA explique vouloir remettre les joueurs au centre de leurs préoccupations créatives en écoutant et intégrant leurs desideratas. Une intention louable qui pourrait offrir un nouveau souffle à une licence qui n’évolue plus depuis bien trop longtemps maintenant. Alors, EA Sports FC 26 parvient-il, enfin, à être le jeu de foot que les joueurs méritent ou trahi-t-il à nouveau les attentes de ses fans ?
(Test d’EA Sports FC 26 sur PS5 réalisé à partir d’une version fournie par l’éditeur)
Analyse d’avant match
Pour bien comprendre nos attentes vis-à-vis d’EA Sports FC 26, il est important de préciser quel type de joueur nous sommes. Voilà des années que nous n’avions pas touché un EA Sports FC, de manière assidue du moins, tant chaque essai sur les différentes itérations annuelles étaient déceptives. Trop rapide, toujours plus arcade, nous n’y trouvions que très peu notre compte. D’autant que les modes de jeu qui nous ont toujours le plus intéressé ont toujours été le mode carrière et les saisons en ligne, et force est de constater qu’ils n’ont jamais évolué qu’à la margé, hélas.
Ainsi, après des années sans envie de nous investir dans les différentes déclinaisons du jeu, nous avons été séduits par la promesse d’EA. Et puis, après une demi-décennie sans trop toucher à Ultimate Team, le mode central de ces jeux, EA Sports FC 26 est peut-être le meilleur épisode pour nous remettre le pied à l’étrier. Mais que le retour fut dur, non pas (que) sur le fond, nous y reviendrons plus tard, mais sur la forme.
Dès le lancement, nous sommes assaillis par des dizaines de modes de jeu, déclinés sous différentes formes. Un système en tiroir ou chaque menu ouvre des sous-menus contenants eux-mêmes d’autres options. On s’y perd complètement. Alors, on teste quelques catégories, avant de nous rendre compte que, malgré l’opulence de possibilités, la plupart ne sont pas bien intéressants.
Reprenons le mode carrière par exemple. On peut, comme d’habitude, partir de zéro en créant notre carrière de toute pièce, intégrant le club de notre choix pour le mener à la gloire. Mais on nous offre aussi la possibilité de reprendre les rênes d’une saison « réelle » afin d’en reproduire (ou de changer) son dénouement. Intéressant sur le papier, mais dans les faits, nous n’avons pas compris l’apport réel de ce mode. Voilà, en substance la réflexion qui nous a accompagné dans notre découverte des « nouveautés » de cet opus.
Mais le pire fut lorsque nous nous sommes lancés dans Ultimate Team. Il y a des trucs de partout, tant que c’en est parfaitement indigeste. Rivals, Challengers, Champions, Défi Ultime, Draft… un contenu gargantuesque, façonner pour que chaque joueur trouve quelque chose à faire et reste captif du système (histoire d’optimiser les chances que ledit joueur achète quelques packs de carte) qui nous a pourtant parfaitement rebuté. Le plus est souvent l’ennemi du mieux et Ultimate Team illustre bien cette maxime. Quel bordel !
Alors, le contenu est là, c’est sûr, avec toujours des centaines de clubs sous licence présent dans le titre, les compétitions les plus importantes (Champions League en tête) et une place de plus en plus grande offerte au football féminin (il était temps). On peut même mélanger joueurs et joueuses dans notre équipe FUT dans une mixité qui fait plaisir à voir (et à jouer), et tant pis si on y perd en réalisme. Après tout, au fil de ses évolutions, FUT s’éloigne de plus en plus du foot et est désormais plus proche de l’album Panini en plus évolué qu’une véritable simulation de sport.
Bien sûr, on sent bien qu’on veut nous proposer un maximum de contenu, que ce soit dans le solo qu’en multijoueur, mais choisir de tout mettre dans le jeu revient in fine à ne faire aucun choix. Alors effectivement, chacun pourra potentiellement trouver crampon à son pied, EA Sports FC 26 proposant des options pour toutes les typologies de joueurs, mais on en est à se demander si ce qui est censé être sa plus grande force qui serait en réalité une de ses plus grandes faiblesses. Bon, peut-être pas, car on va pouvoir aborder le sujet du terrain, mais tout de même.
Carton rouge
Derrière notre cabotinage, nous souhaitons surtout remettre au centre de notre réflexion ce qui est, à notre sens, le plus important, à savoir le rectangle vert. Ayant passé des centaines d’heures sur des ISS, puis PES avant que les FIFA ne deviennent la référence manette en main, nous avons pu constater le virage très arcade durant ces dernières années. Alors, avec la volonté de proposer pour EA Sports FC 26 un rythme de jeu plus lent et, de facto, bien plus réaliste, nous étions plutôt optimistes quant au rendu manette en main. Nous nous sommes donc lancés dans une carrière au côté du club Auvergnat.
Loin d’être une révolution, ce mode a bénéficié, au fil des ans, de nombreux affinages. Nous avons pris beaucoup de plaisir à construire notre effectif, améliorer notre centre de formation et former ou dénicher les pépites de demain. Le fond est excellent, mais la forme, aïe aïe aïe. Toujours les mêmes dialogues (sans doublage qui plus est, quelle absurdité), toujours les mêmes bugs avec des interviews, réseaux sociaux ou dialogues sans queue ni tête et diverses bêtises du même acabit. Il suffit de faire une carrière sur un FIFA de plusieurs années pour se rendre compte à quel point le développement de cet aspect du jeu est devenu anecdotique.
Pour autant, passés quelques matchs de prise en main, on se rend compte que la décision d’incorporer cette vitesse de jeu est l’une des plus judicieuse qu’ait prise EA. La construction du jeu et les stratégies avant et pendant la partie deviennent bien plus centrales qu’auparavant. Quel dommage que ce rythme ne soit pas celui par défaut dans le jeu, et notamment pour les modes en ligne.
On a pu aussi s’essayer au mode Rush, en cinq contre cinq sur un petit terrain (notamment pour les matchs des jeunes), qui s’est étonnamment révélé rafraichissant. Une petite pastille de fun à prendre pour ce quelle est, un entracte avant les parties les plus consistantes. Il faut dire que ce mode tourne très vite en rond, ne proposant presqu’aucune profondeur, alors fatalement, malgré le plaisir qu’il a pu nous procurer, on n’y passe bien peu de temps.
Pourtant, après quelques heures, on se rend compte des limites béantes du gameplay d’EA Sports FC 26. Moins visibles sur les parties dites « réalistes », dès que l’on se lance dans des match en ligne, où les parties vont à cent à l’heure, bon sang que le jeu devient mauvais. Les joueurs courent dans tous les sens, tels des poulets sans tête, et il suffit d’un ou deux grigris, toujours beaucoup trop efficaces, ou une passe en profondeur pour mystifier toute une défense.
Ah, les défenses, parlons-en un peu. On a l’impression, quel que soit le footballeur, de diriger un 36 tonnes, hyper lourd à manœuvrer et ne pouvant, même pour les plus rapides d’entre eux, rattraper les attaquant « mobylettes » (vous savez, ces joueurs qui courent à fond tout droit, impossibles à rattraper). Alors, fatalement, on croise toujours les mêmes typologies de joueurs, spammant les passes en profondeur et tournant sur eux même pour mystifier, avec une facilité déconcertante, le moindre adversaire.
C’est ça EA Sports FC 26. Une ou deux techniques suffisent pour faire la différence. Les tirs croisés feront mouche quasi systématiquement, tout comme les frappes en finesses et, avec un peu d’entrainement, on pourra bénéficier de pénalty pour des mains dans la surface absolument stupides (et inévitables, sauf à désactiver l’option). On en arrive donc très souvent à des matchs aux scores fleuves, régulièrement à plus de dix buts (!).
Mais surtout, quelle déception de voir qu’itérations après itérations, même EA Sports FC 26 dont on nous vendait une remise en cause de ses fondamentaux, régresse encore par rapport aux opus précédents, déjà considérés comme moins bons que les précédents. Si c’est ça le foot virtuel aujourd’hui, autant retourner sur les vieux épisodes de la licence.
EA Sports FC 26 est bien le meilleur jeu de foot virtuel de l’année. Non pas parce qu’il aurait évolué ou serait même irréprochable manette en main, mais parce qu’il est aujourd’hui le seul jeu du genre. Un monopole qui pousse EA à l’immobilisme. Depuis FIFA 17, la licence n’a fait que péricliter, capitalisant presque exclusivement sur son mode FUT, lequel a également régressé depuis le temps.
Et quel foutoir ! Il y en a partout, tellement qu’on ne sait plus où donner de la tête, avec des modes de jeux tantôt sympathiques, tantôt franchement inutiles (a fortiori dans FUT). Pourtant, en proposant un rythme de jeu plus lent, et réaliste, pour les modes hors ligne uniquement, EA semblait faire un pas dans la bonne direction, mais en voulant ménager la chèvre et le chou, personne n’est vraiment satisfait.
Heureusement, le mode carrière, quoi qu’il soit toujours identique aux précédents opus (nonobstant quelques affinages à la marge) reste toujours aussi efficace et est, à notre sens, le véritable poumon ludique d’EA Sports FC 26. On aimerait beaucoup qu’enfin les équipes puissent se concentrer sur ce mode et l’améliorer, voire nous reproposer un véritable mode solo comme nous l’avions connu avec Alex Hunter il y a quelques années.
Toujours est-il qu’il parait bien difficile de conseiller EA Sports FC 26. Si vous avez aimé le cru 2025, vous ne serez pas dépaysés et retrouverez rapidement vos marques. Pour les autres, le titre s’apparente plus à un plat à raclette. On s’en sert beaucoup après l’avoir acheté puis, passé l’hiver, on l’oublie dans le placard, ne le ressortant que sporadiquement pour une soirée entre amis. Un épisode de plus, une déception de plus.