En 2013 débarque sur la plateforme participative Kickstarter un nouveau projet de jeu vidéo, Dex. Ses développeurs, Dreadlocks, désirent produire un action-RPG mâtiné de plateforme et tout ça à la sauce cyberpunk digne d’un Philip K. Dick (Blade Runner, Total Recall…). La campagne financière fonctionnelle est une réussite et le jeu sort en 2015 sur PC et Mac. Malheureusement il ne fait pas beaucoup parler de lui et reste sous les radars de nombreux joueurs qui n’ont même pas conscience que ce jeu existe. Nous voilà en 2016 et Dreadlocks décide enfin de porter son jeu sur console Xbox One et PlayStation 4. C’est justement cette dernière version que nous avons eu la chance de tester et dont voici notre avis en quelques mots.
Dex : un univers cyberpunk réussi pour un jeu exigeant
La Jeanne d’Arc des temps modernes
Par un beau matin, Dex, jeune fille bien sous tous rapports qui ne savait pas trop quoi faire de son avenir dans la ville de Harbor Prime, a la visite d’une voix désincarnée qui la prévient qu’une bande de joyeux drilles est en route pour lui faire la peau. Dex ne sais pas si telle une Jeanne d’Arc en puissance elle peut faire confiance à cette voix qui dit se nommer Raycast. Mais vu qu’elle tient un peu à sa peau, elle décide de suivre les conseils de la voix (promis rien à voir avec Secret Story). A partir de là notre jeune fille aux cheveux bleus va devoir affronter quelques vagues de mercenaires qui, sans aucune explication, ne demandent qu’à vous flanquer des gnons, voire vous coller une balle entre les deux yeux. Après avoir réussi tant bien que mal à renvoyer ce tas de vilains chez leurs mamans, Dex arrive au lieu que Raycast lui a indiqué pour sauver sa peau et ainsi en découvrir plus sur pourquoi tout ça lui tombe dessus.
À partir de là notre nouvelle rebelle va comprendre qu’il y a un truc qui cloche avec elle. Elle arrive à se connecter au cyber-espace sans être modifiée par des implants spéciaux, chose logiquement impossible. Donc serait-elle une sorte d’élue comme Jeanne d’Arc ? En tout cas c’est pour ça que la plus dangereuse des firmes de Harbor Prime qui contrôle tout désire vous servir en repas au vers de terre. Mais pourquoi ça vous arrive à vous ? Qui est vraiment derrière cette firme ? Allez-vous laisser de gentils médecins crades comme pas deux vous ouvrir en deux pour vous améliorer avec de jolis implants mécaniques dernier cri (enfin ça c’est le revendeur au fond de la ruelle sombre qui l’a dit) ? Et surtout qui est vraiment cette voix ? Pour savoir tout cela il faudra jouer à Dex.
Il vous faudra faire preuve de Dextérité pour venir à bout des difficultés
Dex est un action-RPG en scrolling 2D bien classique. Ce qui fait sa grande différence c’est le choix de son univers cyberpunk. On dit donc adieu aux épées, arcs, dragons et magie. Ici vous aurez droit de vous castagner à grand coups de poings, barres à mine, et surtout avec une tonne de flingues plus dévastateurs les uns que les autres. Ici point de nains ou d’elfes, à la place c’est punks qui se sont levés du pied gauche et tueurs à gage en costard cravate qui vont vous faire face. Si au premier abord le « bestiaire » ne semble pas bien grand, c’est plus par leurs manières de vous attaquer que vos ennemis vont se différencier. On commence doucement avec des skinheads pas frais qui vous attaquent à grands coups de latte, puis arrive leur pote qui a trouvé un tuyau en fer. Ça c’est encore gentil, mais leurs copines qui ont chopé des chaînes de vélo et les font tournoyer ou leurs cousins armés de mitraillettes, ça sera une autre paire de manche pour en venir à bout sans dégât.
Dans ses combats Dex est exigeant. Il ne faudra jamais foncer tête baissée. Il faudra savoir jouer intelligemment entre combats rapprochés, esquive et défense. Dès le début du jeu vos ennemis ne se laisseront pas faire, il faudra trouver le bon timing pour envoyer deux, trois coups de poing avant de vous remettre en défense et attendre une nouvelle ouverture tel un Mohamed Ali en herbe. Et ne croyez pas qu’une fois que vous arriverez à mettre la main sur un flingue tout se déroulera pour le mieux. OK les ennemis succombent rapidement à vos balles, mais ces dernières sont ultra rares et à garder pour les situations les plus périlleuses. Mais ces différents êtres à deux jambes ne seront pas les seules barrières qu’il vous faudra démolir. Non qui dit cyberpunk, dit matériel high-tech et c’est là que votre don à pouvoir rentrer dans le cyber-espace par votre simple volonté va être utile.
D’un clignement d’œil (ou pour nous d’une pression de touche) vous pouvez donc passer dans un autre monde fait de données numériques et ainsi pirater des données et appareils, mais ce monde virtuel ne se laissera pas faire et vous attaquera sans relâche. Donc il vous faudra beaucoup de dextérité pour réussir d’une touche à hacker le noyau de données, tout en attaquant une myriade de virus dans des séquences dignes d’un shoot ’em up. Et plus vous avancerez dans le jeu, plus les niveaux virtuels deviendront difficiles. Si vous perdez dans ce monde, votre corps dans la réalité va également souffrir et subir des dégâts, il faudra donc faire bien attention. Mais le piratage est souvent la meilleure façon d’avancer, grâce à lui vous récoltez des informations sures et vous pouvez désactiver des caméras et mitraillettes de sécurités. Mais ce n’est pas la seule manière d’avancer dans le jeu.
Différents choix, différentes routes
Dans Dex vous aurez assez régulièrement plusieurs chemins possibles pour résoudre un problème. Quasiment dès le début du jeu pour vous sortir des égouts vous pourrez choisir d’aider un ermite à sauver son lieu de vie en éliminant des voyous, pour vous récompenser il vous remettra la clé de la porte de sortie, mais vous pouvez choisir de l’envoyer chier et de lui voler sa clé ou encore de prendre un chemin plus long et pollué. Que ce soit dans la quête principale ou dans les nombreuses annexes, c’est souvent vous qui décidez de la marche à suivre. Et des choix vous en aurez à faire vu que la ville de Harbor Prime regorge de personnes qui vont vous demander un coup de main ou un service en échange de leur aide. Que ce soit le drogué qui vous demande une dose ou la chanteuse qui reçoit des menaces de mort, à vous de décider si oui ou non vous les aiderez et si oui, comment vous allez le faire. Et pourquoi pas changer d’avis en cours de route et trahir votre « client » ? Mais attention à faire certains bons choix. Car certaines répercussions en bien ou en mal pourraient arriver. En règle général si les sous-quêtes sont assez classiques on n’a pas trop l’impression de jouer au livreur Fedex comme souvent dans ce type de jeu. En plus, d’un simple clic sur la carte de la ville, on peut voyager rapidement d’un quartier à un autre. Les à-côtés son donc assez plaisants et enrichissent bien la durée de vie du jeu. Et vu que le scénario principal est assez sympathique, d’autant plus pour les amateurs de cyberpunk, nous avons donc affaire à un jeu plaisant. On mettra quand même un petit point noir sur la fin du jeu qui est en-dessous de ce que l’aventure pouvait nous promettre, mais ce n’est pas une catastrophe non plus. En plus le jeu dispose de sous-titres français et d’un doublage anglais, comme ça il est compréhensible par le plus grand nombre de joueurs chez nous. Mais est-ce que le côté technique de la bête ne va pas plomber tout ça ?
Une ambiance et des menus bien maîtrisés
Malgré un petit budget, Dreadlocks a réussi à reproduire en 2D une parfaite et crédible ambiance cyberpunk. La ville d’Harbor Prime est vivante. Chaque quartier a sa propre ambiance. On retrouve les grands classiques, style médecin fou qui voudra vous bidouiller, des mafias, les drogués, du cybernétique, une ambiance oppressante et étouffante ultra artificielle. Le tout accompagné par des sonorités et musiques qui collent toujours parfaitement au moment ou lieu. Sans mettre une claque visuelle, Dex nous offre une 2D soignée avec une patte bien sympathique. Le jeu est parfaitement lisible et regorge de beaucoup de petits détails.
Les menus du jeu sont également simples et directs. Une map, la fiche de votre personnage, vos quêtes et surtout la zone d’amélioration et d’implants. Chaque niveau que vous gagnez suite à l’expérience engrangée lors de vos combats ou piratages réussis vous donne un point à dépenser pour vous améliorer. A vous de choisir si vous allez vous donner plus de vie, plus de réflexion (la barre de vie en cyber-espace), plus de force aux poings, être un meilleur négociateur… Les choix sont nombreux, mais vous ne pourrez au final pas faire de Dex une supergirl high-tech, car un calcul rapide vous montre qu’il vous faudra 50 points pour réussir à monter chaque catégorie, mais le jeu étant bloqué au niveau vingt il faudra faire encore une fois des choix. Mais pas d’inquiétude, une seconde catégorie est là pour vous donner un coup de main, les implants. Car au final passer sur le billard va être nécessaire et bien utile. Suite à une quête bien hard vous pourrez enfin devenir un véritable Terminator en augmentant vos dégâts en corps à corps, en vous installant un respirateur filtrant les gaz toxiques et ainsi avoir accès à des zones interdites sans ça, ou encore un radar ultra utile pour voir toutes les menaces qui vous entourent. Mais ces améliorations coûtent un bras et l’argent se fait rare dans le jeu, donc encore une fois il faudra faire des choix entre acheter les meilleurs flingues (dont l’utilisation est permise selon votre niveau dans la catégorie armes à feu) ou bien dépenser votre maigre monnaie dans un nouveau bras qui va décalquer la tronche du prochain punk qui passe par là.
Conclusion Dex
Le studio Dreadlocks a réussi son pari, nous proposer un petit action-RPG à l’ambiance cyberpunk ultra réussie et réaliste. Si le scénario et les différentes quêtes ne sont pas extraordinaires et ne vous pousseront pas à une réflexion intense qui vous marquera profondément, tout ce petit monde reste sympathique à découvrir et à suivre tout au long des 15/20h que le jeu vous demandera pour en venir à bout une première fois. On aurait aimé une fin un peu plus travaillée, mais avec ses nombreux choix qui ouvrent/ferment différentes routes et façons de résoudre les missions, cette durée de vie peut exploser avec l’envie de refaire plusieurs parties pour voir où toutes ces possibilités peuvent nous amener. Si Dex n’est pas un chef d’œuvre, il n’en est pas moins un très bon jeu qui vous demandera de vous investir pour maîtriser parfaitement ses différents mécanismes. Surtout ses combat exigeants qui proposent une bonne dose de difficulté. Si vous aimez les jeux de rôle occidentaux et l’ambiance cyberpunk, nous ne pouvons que vous conseiller de foncer sur ce jeu, surtout qu’il est proposé à moins de 20€ en dématérialisé sur consoles et Steam et une version physique à 24.99€ est disponible sur PlayStation 4 uniquement.