Il est de ces jeux qu’on ne regarde que quelques secondes avant d’être invariablement repoussé. Que ce soit une approche visuelle tranchante ou un genre qui semble vu et revu, on ne daigne même pas regarder plus loin que les quelques premières secondes de la bande-annonce. Laissant ainsi tomber dans l’oubli un titre qui aurait pu être une révélation. C’est plus ou moins ce qui se passe avec Death Howl, des talentueux développeurs de The Outer Zone (également créateurs de Mind Scanners).
Édité par 11 bit studio, le titre est vendu comme un Souls-like du deckbuilder. Une définition surprenante qui pose les bases de ce que l’on est en droit d’attendre d’un tel titre, surtout quand on connaît les fondamentaux du Souls-like. Plongeons ensemble dans les entrailles de l’après-vie…
(Test de Death Howl sur PC à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
Par-delà la mort
Ro est une chasseuse à la recherche de son fils, Olvi, qu’elle recherche au-delà du voile de la mort. On manipule Ro grâce à la souris à la façon d’un Point and Click, ou au joystick. Ainsi, on déplace notre protagoniste dans des environnements en pixel art tantôt fins, tantôt brouillons, avec un aplat de couleur en guise de sol, mais toujours très joliment composés.
Les couleurs claires peuvent atteindre les tréfonds de la rétine pour cogner douloureusement si l’espace environnant est trop sombre, mais c’est bien tout. Le bestiaire, au fil des heures, passe du simple sanglier à la vision cauchemardesque habilement dessinée en pixel.
La bande originale est discrète, facilement oubliée, mais suffisamment à propos pour que les thématiques abordées soient plus habilement comprises par le joueur. On note plus d’une quarantaine de titres, une performance assez stupéfiante par rapport au scope global du jeu, lui aussi facilement incompris.
Eh oui, quand on commence à jouer à Death Howl, ou en voyant sa page Steam, on s’imagine jouer à un titre qui va nous occuper une petite heure tout au plus. Il n’en est rien. Après plus d’une dizaine d’heures, le titre n’a vraisemblablement même pas montré la moitié de ce qu’il a à nous offrir. C’est une façon relativement directe d’énoncer une grande qualité de l’œuvre de The Outer Zone : le jeu est très complet.
Vous avez dit Souls-like ?
On le disait plus haut, Death Howl est vendu comme un Souls-like du deckbuilder. C’est vrai dans le feeling global du jeu, mais on s’approche plus de l’argument marketing qu’autre chose. Oui, le titre est parsemé de petits feux de camp, oui s’arrêter à l’un de ces feux permet de récupérer de la vie et gagner des talents et oui il faudra essayer certains combats encore et encore. Les ressemblances s’arrêtent là.
Le système de combat est relativement simple puisqu’il s’agit ni plus ni moins que d’un système qui allie le deckbuilding « permanent » avec les mécaniques de grille, à la manière d’un Into the Breach. On est placé face à différentes configurations de monstres, armés d’un certain arsenal de sorts. En réponse, on constitue un deck avec les cartes à notre disposition.
Ce panel de cartes s’agrandit au fur et à mesure de l’avancée, grâce à la récolte d’éléments de craft trouvés au sol ou donnés par les monstres abattus. Il atteint finalement un nombre assez hallucinant de cartes Vaincre un monstre permet également de récolter des Death Howls, une sorte de monnaie que l’on associera volontiers aux âmes d’un Souls.
Associés à deux composants, ces Death Howls permettent de créer une carte à ajouter à notre classeur, et que l’on peut maintenant placer dans un de nos decks. Cette partie constitue ni plus ni moins qu’une sorte de « build » associé à notre personnage, avec lequel il va falloir composer.
L’autoroute de l’enfer
On découvre ensuite que la carte du jeu n’est pas si petite qu’attendue. Comme mentionné plus haut, Death Howl n’est pas un « petit » jeu. Une première crainte germe alors : le jeu sera-t-il toujours intéressant après quelques zones ? Cette question s’est évidemment posée lors de la conception du jeu, et la réponse est une solution plutôt sympathique.
En effet, le studio a décidé de catégoriser les cartes par zone. Le jeu est ainsi découpé en quatre grands espaces (eux-mêmes subdivisés en trois zones) comprenant chacun un set de cartes. Il est tout à fait possible d’apporter des cartes d’une zone à l’autre, mais ces dernières verront leur coût augmenter d’un point.
C’est une solution qui permet de garder tout l’intérêt de la découverte, l’évolution graduelle des decks et la refonte permanente de son personnage. On regrettera peut-être qu’elle rende plus ardu le passage d’une zone à l’autre puisqu’il faut affronter des monstres inconnus avec des cartes de plus faible qualité, mais c’est vite passé.
Les Death Howls s’accumulent également dans un système de talent, lui aussi lié aux différentes zones. Ce système attribue une capacité bonus qui varie d’une zone à l’autre et s’achève sur l’obtention d’un emplacement de Totem, sorte de relique apportant bonus et malus qui s’avèrera être un élément clé de la construction des éléments de jeu utilisés par Ro.
Un dilemme naît alors : placer les Death Howls dans ce système de talent (au moment de récupérer sa vie au feu de camp) empêche de les utiliser pour Craft de nouvelles cartes… Mais récupérer de la vie peut s’avérer nécessaire pour continuer à en collecter.
Death Howl est une vraie bonne surprise, une aventure pas comme les autres. En naviguant à travers les différentes contrées de la mort, on observe passer les phases du deuil, on interagit avec des créatures à l’agonie et on explore les divagations de l’âme. Loin du simple Souls-like deckbuilder, le titre de The Outer Zone est une prise de position sur un sujet profond par le biais du jeu. Le deckbuilding est abordé avec finesse et le jeu n’est jamais frustrant, si tant est qu’on est habitué au genre.
On pourrait lui reprocher de ne pas forcément bien accorder ses mécaniques de jeu avec sa thématique principale, mais ce serait vraiment cracher dans la soupe. Nous sommes ici face à un jeu snobé pour son apparence qui ne laisse pas indifférent. La faute peut-être à un marketing tendancieux qui aime associer les mots-clés à la mode. Death Howl offre tout ce qu’on pourrait chercher dans un jeu de cartes, le titre n’a (à l’heure de l’écriture du test) que 225 avis Steam. Il en mérite bien plus.


