Depuis plusieurs années, le thème du mort-vivant a connu un regain d’intérêt de la part des amateurs de frissons, et le jeu vidéo ne pouvait bien évidemment pas passer à côté de cette manne au potentiel horrifique quasi-illimité. C’est ainsi qu’en 2011, Techland et Deep Silver nous gratifiaient du premier volet d’une toute nouvelle licence, Dead Island, qui, sans être dénué de défauts, offrait une durée de vie massive et une expérience où le stress était constant du fait de la possibilité, à chaque coin de maison ou de rue, de tomber sur une horde véloce ou sur un zombie imposant à la puissance colossale. La bête recevait en 2013 une suite baptisée Dead Island: Riptide, et, en attendant des nouvelles d’un Dead Island 2 au développement incroyablement chaotique, ce sont ces deux titres, dans leur édition ultime sur console de nouvelle gen et accompagnés d’un petit supplément, qu’on nous offre dans cette Dead Island Definitive Collection. Voyons donc un peu de quoi il retourne…
Dead Island Definitive Collection : bienvenue à Zombieland
L’île vous ouvre les bras ; ses habitants aussi…
Dead Island et ses déclinaisons n’ont jamais caché leur orientation très série Z. C’est pourquoi le scénario ne constitue qu’une trame de fond dont on perd un peu le fil à moins d’être attentif, noyé sous une pluie de missions secondaires qui vous détourneront bien souvent de l’objectif principal. Mais pour résumer, on a affaire à une île paradisiaque, aux lagons bleus transparents et aux plages de sable fin dignes d’une carte postale, mais qui s’est vue anéantie par une épidémie galopante ayant transformé la plupart des humains présents en mort-vivants. Le joueur y incarne un personnage parmi un choix initial de quatre, qui présentent l’heureuse caractéristique d’être immunisés au fléau, et donc, de ne pas se transformer à leur tour en zombie en cas de morsure. Un atout certain, mais qui ne rend pas invulnérable pour autant, et il est toujours possible de se faire dévorer à la moindre faute d’inattention. Car sachez-le : même s’ils se présentent sous la forme d’un jeu en vue à la première personne, ne vous attendez pas, avec Dead Island et Riptide, à des FPS bourrins dans lesquels vous allez pouvoir vider chargeur après chargeur sur les cadavres ambulants, et c’est d’ailleurs ce qui fait tout le charme et toute l’originalité de la série. Ici, on a affaire à des personnes lambda, de simples survivants un peu paumés et désarmés face à l’horreur qui leur tombe dessus sans crier gare, et le système D sera nettement plus de mise que l’arsenal bien confortable qu’on aimerait posséder.
Moralité : oubliez un peu les flingos, vous n’en trouverez que très peu au fil du jeu, et il est plutôt conseillé d’économiser les rares munitions glanées de-ci de-là ; et place au rafistolage et au crafting d’armes de courte portée. Couteaux, barres de fer, tuyaux, pieds de biche et autres objets de récup’ en tous genres seront vos meilleurs alliés pour survivre à la menace constante. Il va donc s’agir de fouiner un peu partout pour amasser du matériel, des mods et des objets divers, histoire de se constituer un pack de survie le plus efficace possible. Comme chaque arme possède sa propre durabilité et puissance de dégâts, vous allez passer beaucoup de temps à trier votre stuff et à l’améliorer du mieux possible ; un aspect un peu RPG trop rarement présent dans un FPS, et on apprécie.
FPSRPG
Aspect RPG renforcé en outre par la présence d’arbres de compétences propres à chacun des quatre personnages jouables (l’un s’oriente plutôt vers des techniques de corps à corps, un autre vers les armes blanches, ou encore les compétences de tir…), qu’il vous appartiendra de développer comme il vous plaira en montant de niveau et en recevant de l’expérience au combat. Si certaines des compétences déblocables sont anecdotiques, d’autres vous faciliteront bien la vie, comme par exemple ce coup de pied finish permettant d’achever l’ennemi à terre en lui écrasant la tête (d’ailleurs, à ce propos, sachez que vous disposez d’un coup de pied parmi vos actions de base, et croyez-le bien, il vous servira énormément, puisqu’il vous permet de repousser votre opposant sans abîmer votre arme de contact). Bref, un système d’évolution assez complet et agréable, mais c’est ici que l’on soulèvera un petit bémol commun aux deux jeux, même s’il ne dérangera peut-être pas certains joueurs : il est certes fort plaisant de constater que l’on progresse à un rythme somme toute assez régulier, mais les ennemis évoluent au même rythme que vous. Ce qui fait que du début à la fin, vous affronterez des hordes d’individus plus ou moins du même niveau que votre personnage. Assez frustrant de ne jamais pouvoir se retrouver en position de force, quitte à farmer quelques temps pour y parvenir. Mais on s’y fait…
Surtout que le gameplay est suffisamment efficace et accessible pour ne pas se sentir trop frustré et rager contre le jeu, notamment grâce à une roue d’équipement qu’on peut faire apparaître d’une simple pression pour s’équiper de l’arme ou de l’item de son choix en un clin d’oeil. Bon, alors certes, la maniabilité des véhicules (oui, on peut s’emparer de voitures, et encore heureux, car parfois, les trajets sont longs et périlleux) est un cran en-dessous du reste, mais l’ensemble reste très jouable. Les missions sont innombrables, chacune présentant un niveau de difficulté et des récompenses qui lui sont propres, et même si l’on a un peu l’impression de servir de garçon de course à tout le monde, on y prend suffisamment plaisir pour que la lassitude ne s’installe pas trop souvent. Croyez-le bien, si vous enchaînez Dead Island et Dead Island: Riptide, vous en avez pour des heures et des heures de jeu, alors pour une trentaine d’euros, ça fait le café, comme on dit.
Qu’a-t-on à se mettre sous la dent (putréfiée) ?
D’ailleurs, notez que, Definitive Collection oblige, les deux titres sont livrés avec tous leurs patchs et autres DLC, qui comportaient en général d’autres missions spéciales, rallongeant encore d’autant la durée de vie du disque. Et puisqu’on en vient à évoquer les ajouts de cette Dead Island Definitive Collection par rapport aux jeux d’origine, on constatera qu’aucun contenu supplémentaire n’est présent (mis à part la petite surprise du chef, qu’on évoquera plus loin) ; seule une meilleure cohésion entre les deux titres est à noter, ainsi qu’une perceptible rehausse graphique et technique, ce qui n’est pas un mal, puisque ces jeux souffraient d’une réalisation assez moyenne, avec pas mal d’effet d’escalier, ainsi que des ombres mal optimisées provoquant des contrastes trop marqués qui déplaisaient à l’oeil. A présent, même si l’on n’est toujours pas dans la norme haute de ce qui se fait de nos jours sur consoles nouvelle génération, reconnaissons un effort notable pour répondre aux retours de la presse et des joueurs de l’époque. Parcourir les hôtels de luxe, les plages paradisiaques et les camps de réfugiés n’agresse plus autant la rétine, et le massacre se vit désormais plus sereinement de ce point de vue-là. Quant à l’ambiance sonore, elle est toujours aussi réussie, avec des musiques effacées qui laissent place aux sonorités flippantes mises en avant par Dead Island. Rien de plus stressant que d’entendre hurler un colosse non loin, sans bien savoir précisément d’où va surgir la menace.
Et pour conclure sur les apports de cette Dead Island Definitive Collection, le moment est venu d’évoquer la petite cerise sur le foie gras concoctée pour l’occasion : Dead Island Retro Revenge, présent lui aussi sur le disque. Il s’agit d’un petit jeu très typé 16 bits, n’ayant que peu de rapport avec les Dead Island, mis à part son nom et la présence de zombies, dans lequel on incarne un type qui va traverser la ville à la recherche de son chat kidnappé, en massacrant au passage tout ce qui se présente face à lui. Sorte de beat’em all en 2D, il vous permet de frapper vos ennemis de quatre façons différentes (à adapter en fonction de la menace), mais vous offre aussi tout un arsenal d’armes bien badass et de pouvoirs magiques à débloquer. Présenté sous la forme d’un auto-runner (votre personnage court automatiquement, mais vous pouvez le déplacer sur 3 niveaux histoire d’éviter les obstacles et de tabasser les mécréants), il est très axé sur le scoring. On n’y jouera peut-être pas pendant des jours (il devient vite répétitif), mais ce petit ajout gratuit fort sympathique à la compil’ méritait qu’on lui consacre quelques lignes.
Conclusion Dead Island Definitive Collection
Alors certes, le nouveau contenu et le fossé technique flagrant qu’on aurait pu attendre ne sont pas spécialement au rendez-vous dans cette compilation par rapport aux Dead Island et Dead Island: Riptide d’origine. Mais si vous avez apprécié les parcourir à l’époque, ou si vous les aviez loupés et attendiez une opportunité pour vous y mettre sur votre console nouvelle génération, c’est l’occasion rêvée. Vous en aurez pour votre argent en termes de durée de vie, surtout si vous trouvez trois petits camarades pour partir à l’aventure en co-op, et découvrirez des jeux stressants, flippants même, qui titilleront votre amour pour le gore et les films de série Z. Avec un petit jeu 16 bits en prime pour combler le tout, qui plus est, et pour un tarif très honnête, il serait dommage de passer à côté de Dead Island Definitive Collection.