Avec peu de faits d’armes à son actif, Petoons Studio, que l’on connaît pour son implication sur la licence Peppa Pig, revient aujourd’hui (du moins, le 6 avril prochain) avec Curse of The Sea Rats. Mais, cette fois-ci, point de jeu éducatif ; on compte plutôt nous envoyer sur le terrain des Metroidvania, en tentant de nous offrir un univers des plus charmants dans lequel nos héros et principaux antagonistes revêtent l’apparence de rats. Un cadre merveilleux et d’actualité, s’il en est…
Au commencement, Curse of The Sea Rats était une proposition que l’on nous a faite via Kickstarter. Et, comme nous le montre aujourd’hui cette future sortie, l’idée a réussi à constituer un certain public. Mais, à cette occasion, l’éditeur PQube et Petoons Studio ne se sont-ils pas créé davantage de responsabilités ? Oui, logiquement, il y a des attentes à combler, et ce, même si le cercle d’amateurs qui scrutent son arrivée est faiblement constitué. Alors, parviendra-t-il à satisfaire ? Difficile à dire. En tout cas, ici, l’avis est assez partagé.
(Test de Curse of The Sea Rats sur Switch réalisée à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
Chassons la terrible sorcière
Ici, nulle histoire des plus mémorables. Car, comme bien souvent pour ce type de jeu qu’est le platformer (en 2D, si l’on tient à préciser), le scénario n’est que prétexte à l’action. Concrètement, on nous plonge dans la peau d’un héros qui n’a qu’un seul objectif : battre le méchant qui sévit. Mais, avant cela, il faudra passer par un cheminement périlleux, parcourir mille et une lieues, et se défaire de quelques ennemis plus ou moins coriaces. Les premiers instants du jeu suffisent donc largement à planter le décor, qui soit dit en passant est digne d’un conte.
On se retrouve ainsi face à un équipage de marins anglais dans une bien mauvaise posture. Un événement fâcheux vient de se passer, causant de gros désordres jusqu’à pousser leur vaisseau à s’échouer sur une côte irlandaise. Un individu malfaisant est à l’origine de leurs déboires. À cause d’une certaine « sorcière pirate » connue sous le nom de Flora l’Ardente, un changement s’est opéré chez nos échoués : leur apparence est différente ! Autrefois hommes, ils arborent désormais un physique de rats anthropomorphiques. Mais le méfait de la gredine ne s’arrête pas là. Elle s’en est pris directement au capitaine du rafiot en enlevant ce qu’il a de plus cher, son fils. Désespéré, ce dernier n’a donc pas d’autre choix que de faire appel aux hommes capables d’améliorer sa situation, même si ça implique de marchander avec des prisonniers…
Ces prisonniers justement constituent le roster de personnages jouables mis à disposition du joueur. Plus exactement, il y en a quatre. Et chacun d’entre eux présente logiquement des capacités propres que l’on développera au fur et à mesure par le biais d’un arbre de compétences. Cependant, on ne les incarne pas à tour de rôle. On peut en changer quand la situation nous le permet et si évidemment on le souhaite.
À vrai dire, il s’agit plus d’une volonté d’apporter de la variété que de fournir une véritable utilité dans la progression. Ce que peut faire l’un, l’autre peut également le réaliser. Tout dépendra donc de la complaisance du joueur vis-à-vis de leur style de combat. Ceci étant, dire qu’ils n’existent que pour amener de la diversité ne serait pas tout à fait juste. Leur présence possède une véritable valeur : le multijoueur (en local). De quoi passer un moment entre amis. Un bon moment ? On ne sait pas, l’occasion de l’essayer ne s’est malheureusement pas présentée.
Un univers agréable ?
C’est donc avec eux que l’on nous invite à fouler l’univers de Curse of The Sea Rats. Un univers qui peine réellement à convaincre dans sa totalité, et ce, à cause de quelques manquements dans la réalisation. Certainement, il laisse entrevoir des qualités. Musicalement, c’est clairement attirant. Quant à la direction artistique, ça se défend, les chara design sont intéressants et certains décors sont soignés, titillant même l’œil de couleurs chatoyantes. Cela donne même l’impression d’avoir affaire à quelque chose qui tire vers la bande dessinée, voire le cartoon.
Mais, dans l’ensemble, ça reste tout de même bien inégal. On le voit bien au tout début de notre parcours où l’on remarque, par exemple, des environnements marqués par le vide et teintés d’un teint grisâtre assez désagréable. Pour autant, ça reste honorable, et puis on ne peut qu’applaudir le travail effectué, surtout quand l’on sait que les animations ont été réalisées à la main.
En revanche, là où l’on peut clairement être sceptique réside dans l’écriture des personnages. Il est vrai qu’avant de jouer, on ne s’attendait pas forcément à un résultat transcendant. Mais sans un minimum d’intérêt pour tout le casting, comment peut-on prendre plaisir à assister à ce qu’ils racontent ? Et c’est exactement ce qui arrive avec ce jeu. Les dialogues sont creux, ça parle pour ne rien raconter, et l’humour ne prend pas. Pire, il n’est pas du tout impossible que l’on cède quelquefois à l’irritation. Un sentiment que l’arrogance véhiculée par les voix de nos personnages achèvera d’amener sur le devant de la scène. De plus, la narration est quelque peu laborieuse. Pour cause, des cinématiques vont parfois couper de manière intempestive notre progression. Des cinématiques dont on peut se demander le pourquoi de leur existence.
Voyage au bout de nos peines
Alors peut-être que l’expérience de jeu que l’on nous offre arrivera à épicer un peu le tout ? Pas sûr, ou du moins, pas totalement. Car, comme le laissent envisager les lignes ci-dessus, on expérimente quelque chose de très classique. Donc, aucune surprise à l’horizon : on avance, défait quelques ennemis, affronte un boss et récupère de nouvelles capacités qui nous permettront d’accéder à des lieux autrefois inatteignables. C’est peu original, et c’est pourquoi il est regrettable de subir les défauts (quant à l’univers et aux personnages) susmentionnés. Quitte à proposer quelque chose de très similaire à d’autres jeux, autant séduire sur la forme, non ? Certes, il y a bien des quêtes secondaires pour pourvoir ne serait-ce qu’un minimum de singularité. Toutefois, ce n’est malheureusement rien de très mémorable et particulièrement jouissif.
Mais peu importe, ça peut se laisser jouer, surtout si l’on n’est pas un habitué du genre. Enfin, est-ce le cas en théorie… La réalité, elle, peut s’avérer frustrante. Déjà, il y a tout ce qui concerne le combat. Les adversaires sont assez longs à disposer, et ce, même s’ils ne paraissent absolument pas coriaces. Ensuite, les dégâts qu’ils infligent sont ridiculement élevés. Ce qui, inévitablement, conduit à la mort. Et ça arrivera très souvent d’ailleurs, d’autant qu’ils arrivent à nous surprendre, car la manière dont ils sont positionnés dans le paysage est très maladroite. Parfois, c’est à peine si on arrive à les distinguer des décors.
Cette mort permanente est réellement problématique, elle casse le rythme de notre progression et agit forcément sur notre entrain. À chaque défaite, on est invité à reprendre à un point de contrôle bien particulier. Et il arrive que ce point se situe assez loin du lieu où on a péri. En fait, le jeu obéit à peu près à la règle qui régie les Souls-like. Pour ne pas être désagréablement surpris, il faut donc avoir ça en tête avant de commencer à s’aventurer dans le monde de Curse of The Sea Rats.
Mais, soit, on peut s’y faire. Il suffit juste d’être prudent lors de face-à-face. Ce n’est pas insurmontable, notamment lorsque l’on est confronté aux boss. Globalement, même si ça n’en a pas l’air à première vue, ces derniers sont assez simples à battre, et c’en est presque décevant dans certains cas où l’on peut se surprendre à dire « ah! ce n’était que ça »… Par contre, difficile d’être aussi complaisant avec certaines phases de plateformes où la difficulté n’est pas vraiment nécessaire et est, là encore, plutôt un signe de maladresse de la part des développeurs. Cela se traduit, par exemple, par la présence d’ennemis sur des corniches on ne peut plus étroites ou bien des plateformes qui se voient à peine. Et quand le vide nous attend au-dessous, ce n’est pas vraiment évident, d’autant que la lourdeur de notre personnage n’aide pas vraiment…
Curse of The Sea Rats a vraiment du mal à garder toute notre attention au fur et à mesure de notre progression. Pour le dire tout simplement, et de manière abstraite, il manque ce « petit quelque chose » pour nous ouvrir amplement l’appétit. Pourtant, il aurait pu largement séduire. Mais, force est de constater qu’il n’offre à son public qu’un rendez-vous plus ou moins manqué.
Il n’est pas mauvais. Loin de là. Il offre entre autres de jolis décors et une composition musicale à la hauteur. Toutefois, il ne sort jamais du « classicisme » dans lequel il est inscrit et fait preuve de nombreux points négatifs tels que des personnages limités ou encore une difficulté inutilement élevée. Frustrant.