Faisons un bond dans le passé. Novembre 2007, Crytek nous présentait son jeu Crysis, un FPS développé avec le moteur 3D CryENGINE à la pointe de la technologie, et nous offrait une expérience de jeu inoubliable. En effet, ce dernier et la saga Far Cry développée par le même studio ont ouvert la voie à beaucoup de FPS conçus en monde ouvert. C’est donc avec une joie non dissimulée que nous avons appris l’arrivée de Crysis Remastered treize ans plus tard.
Le jeu nous met dans la peau du soldat Nomad, membre d’une unité spéciale envoyée en mission d’exfiltration sur une île envahie par la Corée du Nord. Cependant, à mesure qu’ils s’enfoncent vers les terres, les soldats vont découvrir une menace bien plus grande et dangereuse. Armés de leurs nanosuits, ils devront se battre pour survivre.
Cette licence reste l’une des plus connues des années 2000 et sa fanbase était ravie d’apprendre la sortie du remaster sur PC, PS4, Switch et Xbox One le 18 septembre dernier. Nous allons nous pencher sur la version console, annoncée comme pouvant mettre à l’épreuve le plus puissant des PC avec ses nouveaux graphismes, pour voir si cette dernière tient vraiment la route.
(Test de Crysis Remastered sur PlayStation 4 via une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Des bugs trop encombrants
Pour commencer, il vous faudra attendre un bon moment pour commencer à jouer. En effet, vous allez vite devoir faire un tour par la case « options » pour trouver votre expérience de jeu la plus adaptée. Que ce soit pour le mixage audio ou la sensibilité, il vous faudra tester tout cela pour espérer avancer dans le jeu.
L’autre élément qui vous sautera aussitôt aux yeux, c’est la qualité des animations des personnages, essentiellement les visages. Ceux-ci ne sont vraiment pas bien modélisés et nous rappellent vraiment le jeu original. Et c’est là le problème principal du jeu, il est quasiment identique à sa version sortie treize ans auparavant.
Certes les graphismes et les textures sont améliorés et plus lisses, mais on ne retrouve pas vraiment la beauté à laquelle nous sommes habitués avec les jeux actuels. De plus, on se retrouve vite confrontés à beaucoup de bugs aussi bien visuels que sonores. Les dialogues se superposent fréquemment, les textures retrouvent un format 2D par moment et le mixage audio est complètement à la ramasse.
Et même en modifiant les réglages sonores, les voix sont souvent bien inférieures à la musique et vous n’entendrez pas grand-chose durant les cinématiques avec la bande-son trop élevée. Et parfois, vous aurez la chance de voir des traits de lumière au milieu de l’écran, ce qui coupe toute immersion dans le jeu.
Il vous sera d’ailleurs très difficile de vous plonger totalement dans le jeu puisqu’à chaque point de contrôle, le jeu fera une sauvegarde rapide offrant de jolis lags et coupant toute dynamique, surtout pendant les mouvements en super vitesse ou en véhicule. Pour finir sur les aspects techniques, on notera que nous avons dû faire face à un crash durant un chargement avant le dernier chapitre nous forçant à reprendre le jeu au chapitre précédent.
La même recette pour Crysis Remastered… enfin presque
On en a fini avec la forme. Pour ce qui est du fond, comme nous l’avions dit précédemment, le jeu n’offre rien de nouveau. Il est identique, et disons que la formule a assez mal vieilli. Malgré une sensation de liberté au début avec les différentes façons de gérer les situations ou les nombreux chemins à prendre, on se rend vite compte que le jeu reste très linéaire.
Et en 2020, c’est un gameplay assez difficile à assimiler avec le nombre de mondes ouverts auxquels nous avons droit. Les vrais fans sauront passer au-delà, mais pour les nouveaux venus, il sera compliqué de s’intéresser au scénario. De plus, le fait d’avoir tous les pouvoirs dès le début rend la sensation de progression quasi-inexistante avec seulement la découverte de nouvelles armes.
Néanmoins, on retrouve tout ce qui faisait le charme du jeu, c’est-à-dire la possibilité de détruire quasiment tous les éléments du décor, la conduite de différents véhicules ou encore la sensation de vitesse offerte par la nanosuit.
On en arrive à un autre point très négatif concernant Crysis Remastered : sa durée de vie. En effet, le jeu est très court et vous en viendrez à bout en sept ou dix heures seulement. Et si vous vous souvenez du chapitre dans lequel on conduit un VTOL, vous pouvez l’oublier puisqu’il n’est plus présent et on passe directement au dernier chapitre.
Retirer une séquence complète sur un jeu aussi court est vraiment frustrant, d’autant plus que le dernier chapitre met beaucoup de temps à démarrer avec ses nombreuses cinématiques interminables. Encore une fois, ces mécaniques nous semblaient moins choquantes en 2007, mais aujourd’hui, nous sommes habitués à des scénarios plus longs et surtout mieux rythmés.
Pour finir, penchons-nous sur l’IA et ses nombreuses incohérences. Il est fréquent d’arriver dans une zone en optant pour une approche très violente et de vous retrouver derrière un ennemi utilisant une tourelle qui ne vous aura pas entendu malgré les nombreuses explosions laissées sur votre passage.
Et si vous optez pour une approche furtive, votre nanosuit ne vous sera d’aucune utilité puisque si vous êtes trop près d’un ennemi, celui-ci arrivera à vous voir même avec la capacité de camouflage. Cela étant dit, le jeu est doté d’un niveau de difficulté très élevée qui donnera du fil à retordre à ceux qui arriveront à passer outre les différents bugs.
La version console de Crysis Remastered est donc une déception de taille et semble destinée avant tout aux fans inconditionnels de la licence. Le jeu n’arrive pas à rivaliser avec les licences actuelles et il reste donc ni plus ni moins qu’un simple remastered sans grande valeur ajoutée.
Nous aurions apprécié l’ajout de quelques éléments, d’un peu plus de contenu, ne serait-ce qu’une galerie d’images et d’artworks aurait été la bienvenue. Mais la suppression de l’avant-dernier chapitre vient nous donner un sentiment de manque concernant le jeu.
Bien évidemment, on apprécie le travail sur la lumière, les graphismes et les textures mais les bugs sont bien trop présents. Encore une raison de se demander si cette version console arrivera vraiment à captiver les profanes de la licence Crysis.