Neuf ans après le second épisode, Crackdown 3 est enfin disponible en ayant essuyé des années de développement chaotique accompagnées de reports à répétition. Il est passé par les mains de plusieurs studios de développement différents, ce qui est rarement bon signe lorsque paraît le produit fini.
Les Crackdown ont toujours constitué des jeux en open-world décomplexés et volontairement bourrins, dont s’est probablement inspirée la série des Just Cause d’ailleurs, tout en restant globalement dans l’ombre des ténors du genre que sont les GTA et les Saints Row.
Il est donc temps maintenant de se pencher sur le petit nouveau, histoire de voir s’il reprend les codes de ses aînés, si son parcours du combattant ne l’a pas trop égratigné, et si le fun pad en main est toujours présent. Allez, retour dans la rue, c’est parti pour notre aperçu de Crackdown 3, un jeu qui se fait globalement un peu descendre dans les divers tests. Sommes-nous d’accord avec eux ? Réponse.
Crackdown 3 – Et si l’esthétique ne faisait pas tout ?
Sin city
Les Crackdown ne se sont jamais vraiment illustrés par leur game-design de folie, mais plutôt par l’action débridée et jouissive qu’ils proposent. C’est à nouveau le cas ici, sachez-le d’entrée de jeu, donc ne vous attendez pas à des graphismes aux standards actuels ; ils sont à peine dignes de la génération précédente de machines. C’est le premier défaut qui vous sautera aux yeux dès que vous serez lâché dans les rues, donc il faut vous y préparer : on ne se met pas à Crackdown 3 pour être ébloui visuellement.
Ceci étant statué, il s’agit donc de déterminer s’il est possible de passer outre ce handicap pour profiter d’autre chose. Mais voyons un peu en premier lieu de quoi il retourne. Vous incarnez un Agent à choisir parmi plusieurs, qui, tel un Rico dans Just Cause, se retrouve parachuté, dans un futur proche, sur une île en proie à toute une organisation criminelle à laquelle vous allez devoir, bastion par bastion, botter le derche pour lui apprendre le respect.
L’île se compose essentiellement d’une grande ville, et comme dans les opus précédents, le contexte de Crackdown 3 est très urbain, donc point ici de longues promenades dans les plaines. Ce décor citadin et industriel sert fort à propos le gameplay du jeu, qui vous demande fréquemment d’escalader des buildings divers afin d’aller récupérer des orbes (on y reviendra) ou d’aller déloger des ennemis qui vous arrosent depuis les hauteurs.
Du fun dans les mains
Tout ceci s’opère de manière fluide et nerveuse, et l’on prend grand plaisir à sauter d’un immeuble à l’autre de manière improbable ou à grimper tel un félin sur les immeubles en se servant des aspérités multiples qu’ils comportent. Mais comme la cité est assez étendue, la parcourir à pieds serait un tantinet rébarbatif, donc vous pourrez soit vous téléporter à un endroit déjà visité, soit emprunter les divers véhicules qui sillonnent les rues en dégageant les conducteurs de leur siège ou en vous servant sur les parkings. Rien de nouveau là-dedans, mais la conduite est simple et plaisante, et c’est tout ce qu’on lui demande.
Il en va de même pour les combats ; Crackdown 3 ne fait pas dans la complexité. Il vous suffit d’appuyer sur la touche de lock, et si votre visée passe près d’un ennemi, elle se bloquera automatiquement sur lui, et vous n’aurez plus qu’à balancer vos salves de bastos, pas besoin de s’enquiquiner à viser. Ce point risque de ne pas trop plaire aux amateurs de snipe désireux de concentrer leurs tirs sur telle ou telle partie du corps, mais il est parfaitement en accord avec le côté simple et décomplexé du jeu.
D’autant que si vous commencez l’aventure avec de simples mitrailleuses et grenades (oui, vous pouvez embarquer 3 armes classiques, plus un projectile explosif), au fil du jeu vous allez tomber sur des guns tous plus farfelus et jouissifs les uns que les autres. On n’est pas au niveau d’un Earth Defense Force en ce qui concerne l’éventail d’armes à choisir, mais on reste quand même dans le domaine du quantitatif et nul doute que vous aurez à coeur de toutes les essayer histoire de voir quelle idée perchée les développeurs ont bien pu encore trouver pour éliminer vos ennemis.
Excellent, surtout que la ville est parsemée de points de stockage qui vous permettent de recharger en un clin d’oeil votre cargaison de munitions diverses. Et puisqu’on a parlé des munitions, parlons un peu à présent de ceux qui auront l’honneur de les recevoir dans le museau, et par extension, du système de progression dans le jeu qui en découle.
La pyramide du crime
En début de partie, pour résumer grassement, vous apprenez qu’il y a une vilaine mégère à la tête du cartel, secondée par un certain nombre de généraux liés à telle activité illicite dans tel quartier de la ville, lesquels sbires disposent à leur tour d’une quantité intarissable de péons à envoyer au casse-pipe. En dézinguant du mob à profusion dans un quartier et en prenant le contrôle des diverses infrastructures et autres bases appartenant à l’ennemi, vous finirez par énerver le patron du coin, qui viendra éventuellement en personne pour vous sommer gentiment d’arrêter de fiche en l’air son business.
Il vous appartiendra donc de lui exprimer tout aussi gentiment votre désaccord (en lui collant des balles dans la tronche, donc) avant de passer au quartier suivant, et ainsi de suite jusqu’à rencontrer la responsable en chef de tout ce trafic. Un système sympathique donc, qui permet une progression croissante de la difficulté. Car plus vous avancez, plus vous agacez de monde, et plus les forces en présences seront nombreuses et vindicatives.
Crackdown 3 n’est pas une question de précision et de discrétion, mais plutôt de puissance de feu et d’esquive par tous les moyens possible. Il ne faut pas avoir honte de battre en retraite ici, le temps de regagner un peu d’énergie, ça peut vous sauver la peau avant de revenir tout cramer par la suite (on n’oubliera pas qu’une des caractéristiques de la série, c’est la destruction, on vous l’avait dit que c’était pas dans la dentelle, Crackdown !). Et donc, on en vient à un autre gros point positif du jeu ; car si la menace à laquelle vous êtes confronté augmente de manière exponentielle, votre puissance également, et ça c’est très agréable.
Faites péter de l’XP !
Chaque action que vous effectuez (saut, conduite, tir…) dépend d’un niveau de talent qui s’accroît en fonction, justement, de ce que vous faites. Vous gagnerez alors des orbes qui font office de bonus de compétence (il y a aussi les orbes vertes à dénicher un peu partout sur la map pour améliorer votre agilité globale). Du coup, votre personnage monte en puissance ainsi qu’en armement, on l’a dit, et on finit par se retrouver dans les bottes d’une sorte de super-héros, et la sensation de toute-puissance est parfaitement grisante.
Vous devez à présent avoir une bonne vue d’ensemble de ce qui vous attend ; restent à aborder les détails qui fâchent un peu, sans lesquels le jeu n’aurait pas une popularité aussi moyenne dans la presse et chez les joueurs.
On a déjà mentionné le rendu visuel en début d’article, on ne va pas y revenir, le jeu est à peu près passable la plupart du temps (on a dit passable, pas joli, à part les explosions…), et affiche également des laideurs sans nom, comme le visage de certains persos jouables ou encore la couleur de certains éléments de décor tels ces rochers jaunes immondes. Bref, passons, les voix françaises et les bruitages sont très corrects quant à eux.
Les faux pas
Tout d’abord, il y a la répétitivité des missions. On se retrouve très vite à faire toujours la même chose (déglinguer un avant-poste, prendre une station de tram, faire sortir le boss du quartier de sa tanière et lui mettre sa pilule, le tout en se tapant des mobs par dizaines). Peu de missions annexes ou d’activités secondaires, en somme ; si on aime ce qu’on fait, ça passe, mais si on souhaiterait un peu plus de diversité, on repassera.
Et puis il y a le mode multijoueur, un PvP qui vous permet de détruire quasiment toute la ville si vous le souhaitez pour réussir à mettre des cartouches dans vos adversaires, ce qui est sympa au début, mais pareil, qui tourne un peu rapidement en rond. Alors certes, le rythme est bon et pourchasser ou fuir ses ennemis en pétant tout sur son passage est somme toute assez cool, mais il y a tellement peu de maps où s’éclater et d’armes pour ce faire qu’on a un peu une sensation de « pas fini ». Dommage.
Crackdown 3, ça ne s’adresse pas à tout le monde. Si l’aspect visuel dans un jeu moderne est important pour vous, déjà, on vous a perdu. Si vous n’aimez pas faire sans cesse les mêmes choses dans un jeu en open-world, on vous a re-perdu. Enfin, si l’expérience multi est primordiale pour vous dans un TPS, on vous a re-re-perdu.
Par contre, si vous êtes prêt à faire fi d’une réalisation datée et que le côté répétitif d’un GTA-like ne vous pose guère de problème du moment que vous vous éclatez manette en main, le jeu pourrait vous convenir, avec son côté débridé et décomplexé ainsi que sa progression jouissive des compétences du personnage. Il vous appartient désormais de déterminer ce qui compte le plus pour vous dans un jeu de ce style à la lumière de tout ce que nous vous avons exposé…