Fin 2022 sortait Chained Echoes, un J-RPG venu d’Allemagne, inspiré par les meilleurs titres du genre des années 90-2000 et créé intégralement ou presque par une seule personne, Matthias Linda. Et comment dire que le titre fut une claque monumentale. Alors, quand quelques mois plus tard, un ambitieux DLC fut annoncé, nous piaffions déjà d’impatience de retourner crapahuter avec Glenn, Lenne et le clan des Ailes Pourpres. Et s’il s’est fait attendre des mois durant, Ashes of Elrant est enfin disponible sur consoles et PC depuis le 7 août dernier.
Afin de mieux nous préparer à cette aventure annexe, depuis plusieurs semaines déjà, nous avons entrepris de refaire l’aventure du jeu de base. Un plaisir renouvelé, malgré l’investissement en temps, qui nous a permis de nous remettre dans le bain, Ashes of Elrant se déroulant en effet juste avant le dénouement du récit principal. D’autant que le contenu de cette extension s’annonce copieux, avec des heures de jeu, du lore en pagaille et même quelques nouveautés côté gameplay. Alors, Ashes of Elrant arrive-t-il à renouveler les nombreuses promesses formulées ?
(Test du DLC de Chained Echoes, Ashes of Elrant sur PS5 réalisé à partir d’une version fournie par l’éditeur)
L’histoire avant tout
En préambule, et comme évoqué durant l’introduction, rappelons qu’Ashes of Elrant débute juste avant le dénouement de Chained Echoes. Et s’il n’est pas nécessaire de l’avoir terminé pour accéder à ce contenu, le titre offrant la possibilité de débuter le DLC avec des personnages déjà améliorés au max, il semble tout de même prérequis de connaitre les tenants et aboutissants du scénario de base. On nous propose bien un résumé des événements importants du jeu, mais celui-ci reste très succinct, mettant de côté beaucoup trop d’éléments, notamment sur les personnages, pour que ces quelques minutes puissent suffire à la bonne compréhension des enjeux narratifs.
Aussi, et même si nous limiterons au maximum les spoilers sur le jeu de base, nous vous recommandons fortement de terminer Chained Echoes avant de vous lancer dans la lecture de notre test. En effet, et plus encore que le jeu de base, Ashes of Elrant est un complément massif à l’histoire déjà contée. Le clan se retrouve embarqué dans le passé, dans la cité d’Elrant aujourd’hui disparue, cette même région où nous avions découvert une des vies antérieures de Lenne. Le genre de lieu chargé d’histoire où nous allons en découvrir plus sur le passé de la jouvencelle et éclaircir quelques zones d’ombres du jeu de base.
C’est d’ailleurs à cette époque que fut scellé le Prédicateur, cette menace jusque-là nébuleuse mais qui se fera ici bien plus concrète et pressante, et que fût créé l’ordre de Léonar dont le loup blanc, nouveau personnage jouable de cette aventure, est un rouage essentiel. Le décor est planté, la menace est plus réelle que jamais et nous nous allons devoir sauver le passé pour conserver nos chances de sauver le futur.
Au fil de l’aventure, nous avons pu obtenir de nombreuses réponses à des interrogations laissées en suspens, et même si certaines ont soulevé d’autres questions encore, nous avons pris un malin plaisir à fouiller un maximum de maisons, explorer les bibliothèques et interroger le moindre PNJ en quête de détails supplémentaires. Tels des archéologues qui auraient eu la chance de remonter le temps vers leur époque de prédilection, nous avons profité au maximum de cette opportunité d’en découvrir plus sur un univers incroyablement bien construit et cohérent.
Autant dire que si vous n’avez pas terminé Chained Echoes, ou que si son histoire ne vous a pas particulièrement accrochés, Ashes of Elrant n’aura que peu d’intérêt. Pour notre part, nous avions adoré les aventures de Glenn et sa bande et nous y replonger, le temps de quelques heures (comptez entre 20 et 25 pour en faire un tour complet), malgré la cinquantaine déjà engloutie les semaines précédentes, a été un plaisir constamment renouvelé. Nous avons découvert de nombreux clins d’œil, un humour toujours aussi percutant, compris beaucoup de choses sur les origines du monde et sur nos compagnons et rencontré des personnages historiques à peine effleurés jusqu’à présent.
Alors, évidemment, il y a bien moins de régions à explorer et celles-ci sont globalement plus petites, mais elles sont aussi bien mieux travaillées, nous proposant un level design aux petits oignons. Entre les coffres à dénicher, les sources de pouvoir à acquérir, les énigmes environnementales à résoudre et tous les secrets plus ou moins planqués à découvrir, ces « petites » zones n’en sont pas moins intéressantes que celles du jeu de base. Plus compactes, les zones à explorer dans Ashes of Elrant paraissent même mieux rythmées et maitrisées.
Faire évoluer sa formule
Si l’histoire reste l’intérêt principal d’Ashes of Elrant, il ne faut pour autant pas mettre de côté les sensations de jeu, manette en main. En effet, le système de combat, s’émancipant de niveaux à augmenter et s’articulant autour d’une jauge de synergie, octroyant bonus ou malus selon notre capacité à la maintenir ou non, et qui avait su pleinement nous convaincre dans le jeu de base, a été affinée pour rendre les affrontements encore plus intéressants et dynamiques. Et puis, l‘intégration à la bande du Loup Blanc, aux capacités inédites, ajoute une dose stratégique supplémentaire à l’ensemble.
Alors qu’il n’est pas aisé de réussir à ajouter à nos « titulaires » un nouveau personnage, surtout après avoir déjà passé des dizaines d’heures à affiner notre équipe, ce nouveau compagnon s’est ici parfaitement fondu au groupe grâce à des compétences claires, puissantes et surtout polyvalentes, lui permettant finalement de s’insérer dans de nombreuses formations stratégiques. Il faut dire aussi qu’en ayant refondu le système de personnalisation d’équipement, le rendant bien moins contraignant (notamment au niveau des joyaux), nous n’avions certes plus accès à notre arsenal optimisé, mais cela a permis du même coup de reprendre chaque personnage « à zéro ».
Histoire de nous offrir d’autres objectifs à accomplir, un tableau de récompense supplémentaire, quoique moins central que dans le jeu de base, a été mis en place, nous demandant de nouveau de trouver un nombre défini de coffre dans une région, de tuer un certain nombre de monstre ou de terminer une quête annexe précise afin de débloquer divers objets bonus. Aussi, des compétences génériques à débloquer ont été ajoutées, tels qu’une jauge de synergie plus grande ou pouvoir visualiser la barre de vie des boss. Un élément qui participe au confort de jeu général et à l’affinage des systèmes de jeu et de son rythme.
Toujours dans un souci de simplification, les affrontements en armure céleste ont été affinés. Exit le niveau 0 qui nous obligeait à temporiser un ou deux tours pour regagner des points de compétences et qui, il faut bien l’admettre, cassait le rythme des combats. Dorénavant ne reste que le niveau 1, moins puissant mais permettant la régénération des PC et le niveau 2 pour les attaques plus puissantes et réduisant la synergie du groupe. Les combats ont ainsi gagné en dynamisme, en fun, mais aussi, paradoxalement, en stratégie. Une très bonne amélioration en somme.
Reste que globalement, le niveau de difficulté semble avoir été réhaussé, surtout pour les combats en armure nécessitant bien souvent un second soigneur pour parvenir à résister aux puissants assauts ennemis. Et puis, Ashes of Elrant nous réserve aussi quelques boss supplémentaires, en guise de défis ultimes, qui demandent une préparation bien plus minutieuse et souvent un petit coup de pouce de la chance. Les conséquences ne sont jamais désastreuses, la défaite nous ramenant généralement juste avant le combat, mais ça peut être frustrant de mourir à cause d’un coup critique malheureux ou parce que l’adversaire choisi d’attaquer le mauvais équipier.
La nouveauté principale est bien sûr l’ajout de mini-jeux supplémentaires. Le premier, un jeu de fouille, nous est apparût comme mauvais, ou du moins excessivement mal expliqué. Il y a bien un radar, mais on semble avoir oublié de nous en donner la notice. On s’est donc finalement retrouvé à creuser au hasard, forçant la chance pour déterrer, quand celle-ci était de notre côté, le bon trésor. Aucun intérêt.
Le mini-jeu de pêche est quant à lui particulièrement plaisant. Rien de révolutionnaire, certes, mais simple et efficace. On trouve le bon appât, on vise le poisson « menu fretin » souhaité, et on le capture ou l’utilise pour choper un poisson « carnassier » encore plus gros. Pas besoin de plus pour prendre du plaisir. Pourrait-on dire que c’est la meilleure nouveauté du jeu ? Peut-être pas à ce point, mais force est de constater que compléter notre encyclopédie a été notre priorité à chaque nouvelle zone découverte.
On nous avait vendu du rêve, avec plus de 50 heures de contenu supplémentaire, des zones, quêtes et nouveautés en pagaille, nous annonçant ce DLC presque comme un nouveau jeu complet. Soulevons ce lièvre, nous en sommes loin, avec, pour ne prendre que cet exemple, une durée de vie qui oscillera plutôt autour des 20 heures de jeu. Alors, cela reste excellent, surtout au regard du prix demandé pour accéder à Ashes of Elrant (une dizaine d’euros), mais ce genre d’exagération dessert finalement le jeu.
D’autant qu’Ashes of Elrant a de nombreux arguments à faire valoir. Avec son gameplay affiné, encore plus plaisant à éprouver que dans Chained Echoes, son level design particulièrement réussis, ses musiques toujours aussi belles et ses ajouts (en dehors de l’exécrable mini-jeu de fouille) totalement pertinents avec l’univers, ce DLC fait partie des excellents élèves dans l’industrie du gaming.
Pour autant, celui-ci ne s’adresse pas à tout le monde et pour bien apprécier Ashes of Elrant, il faut avoir aimé l’histoire de Chained Echoes et vouloir découvrir encore plus de détails sur le lore du jeu et de ces personnages, et notamment de l’histoire de ce mystérieux Loup Blanc, qui est rapidement devenu notre chouchou de la bande. Sans ce prérequis, on doute que ce DLC puisse vous contenter, quand bien même vous auriez adoré son système de combat. A contrario, si vous avez adoré vous plonger dans les aventures du clan des Ailes Pourpres, vous pouvez y aller les yeux fermés.