Depuis son passage au Wholesome Direct 2024 et la sortie de son premier trailer, on attendait de pouvoir embarquer dans le van de Caravan SandWitch. Alors que les genres de la cozy fantasy et de la cozy science-fiction n’ont jamais été aussi populaires, c’est donc au tour de Plane Toast de nous proposer leur aventure bienveillante.
Entre deux belles tranches de solarpunk, ajoutez une planète désertique, une sœur disparue, des calanques provençales, une ambiance post-apocalyptique, des robots, des grenouilles géantes et une étrange sorcière : une recette avec de nombreux ingrédients qu’il faudra doser minutieusement pour régaler les joueurs, au risque de ne plus savoir les distinguer. Caravan SandWitch parvient-il à séduire et à rester cohérent avec son mélange d’influences et de genres ?
(Test de Caravan SandWitch réalisé sur PC via une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Post-apo chill
Dans la station spatiale où elle apprend à devenir pilote, Sauge vit un quotidien aseptisé, entre nourriture synthétique et difficultés d’intégration. Le jour où elle reçoit un signal de détresse du vaisseau de Garance, sa sœur morte depuis six ans, elle décide de retourner sur sa planète natale de Cigalo pour partir à sa recherche. Une fois les retrouvailles avec ses amis d’enfances passées, Sauge s’en ira explorer les étendues désertiques au volant de son van pour trouver des indices qui la mèneront sur les traces de Garance.
La prémisse de Caravan SandWitch semblerait, au premier abord, loin de ce qu’on peut attendre d’un « wholesome game » : une sœur décédée, un environnement hostile, et une population qui a de plus en plus de mal à vivre en autosuffisance sur Cigalo depuis le départ des grosses industries. Ces thématiques sont bel et bien traitées avec tout le sérieux qu’elles méritent. Et pourtant, l‘équipe a parfaitement réussi son travail d’équilibriste entre cette histoire et les ingrédients d’un jeu bienveillant et réconfortant.
Prenons par exemple l’atmosphère très apaisante qui se dégage de Cigalo : on explore les calanques, on entend le bruit des mouettes, et même dans les coins les plus reculés du désert, on voit partout des traces du passage de nos amis. Une attention aux détails qui rend ce monde crédible et vivant. Les couleurs pastel en aplats et les musiques viennent compléter cette immersion et cette impression de douceur, même quand on fait des vols planés dans les dunes à bord de notre van.
Solidarité à sauce la provençale
Caravan SandWitch est bienveillant aussi bien avec le joueur qu’avec ses personnages. Par exemple, on n’a pas de barre de vie et il est impossible de subir des dégâts (Sauge peut sortir indemne d’une chute vertigineuse du haut d’une falaise). Le van ne peut pas non plus être abîmé. Le jeu prend la décision de nous laisser libres d’explorer Cigalo à notre guise et à aucun moment on ne ressent un manque de challenge.
Comme dans tout « wholesome game » qui se respecte, le titre met l’accent sur l’entraide plutôt que sur le conflit : on rencontre des personnages aux identités très variées, sans que cela fasse « cahier des charges » forcé. Chacun va nous proposer des quêtes annexes pour améliorer la vie sur la planète désertique, comme réparer le système d’irrigation des tomates ou passer des accords avec les populations nomades.
D’autres quêtes sont plus axées sur l’aspect cozy du jeu, et on prend plaisir à réunir les ingrédients pour l’apéro ou à déposer des peluches trop mignonne sur le lit d’un bébé. On note au passage le naturel des dialogues en français, qui réussissent à reprendre des expressions qu’on emploierait à l’oral ou par message sans jamais sonner faux.
Parkour dans les calanques !
Parmi tous les PNJ, c’est surtout Nèfle, mécano du village, qui va nous aider à retrouver Garance. Chaque jour, Sauge aura une mission principale à effectuer pour Nèfle dans les différentes ruines laissées par le Consortium. Elle devra aussi lui ramener des composants électroniques recyclés qu’on trouve un peu partout sur Cigalo et qui serviront à améliorer le van (et à passer au chapitre suivant). Entre temps, il est possible d’accomplir les quêtes annexes qui rapportent également des composants, de débloquer les différentes zones de la map et de visiter les points d’intérêt.
Le système d’améliorations du van est particulièrement malin pour nous donner envie de tout explorer : un peu à la manière d’un Zelda, on se rend souvent compte pendant notre séance d’urbex dans les ruines qu’on n’a pas encore le gadget nécessaire pour aller plus loin, et on sait alors qu’on pourra revenir plus tard en étant mieux équipé. Quand on est à pieds, c’est surtout le parkour entre les falaises ou les rampes qui permettra d’avancer dans les différentes zones.
Finalement, même si l’histoire principale peut se terminer aussi rapidement, ce serait passer à côté de Caravan SandWitch, qui nous pousse à visiter tous les recoins de la map pour en apprendre plus sur Cigalo, sur les véritables intentions du Consortium, et sur la mystérieuse sorcière. Quand on additionne tout cela aux quelques succès et à tous les points d’intérêt à visiter, la durée de vie du jeu est tout à fait honnête.
Caravan SandWitch est une très belle surprise de cette rentrée, et on espère qu’il saura s’imposer face aux grosses sorties de ce mois de septembre. Le jeu parvient à mélanger son univers solarpunk désertique et son aspect bienveillant et inclusif sans jamais tomber dans la mièvrerie, et si l’histoire peut sembler cousue de fil blanc au début, elle arrive tout de même à nous étonner lors du dénouement.
On pourrait aller jusqu’à dire que Caravan SandWitch se rapproche, par les valeurs qu’il transmet et par son atmosphère, d’un bon vieux film des studios Ghibli, avec son héroïne combative, ses personnages attachants et son message écologique moins manichéen qu’il en a l’air au premier abord.
C’est une réussite pour ce premier jeu de Plante Toast, et on suivra leurs prochaines productions avec grande attention.