Call of Duty: Modern Warfare III est disponible depuis le 10 novembre dernier et… attendez, comment ça Modern Warfare III ? Il n’est pas déjà sorti en 2011 ? Pour les connaisseurs, pas de problème, mais si on n’est pas initié à la saga, difficile de s’y retrouver dans sa chronologie, surtout au rythme effréné d’un nouvel opus par an. Par conséquent, un bref résumé s’impose.
En réalité, ce Call of Duty: Modern Warfare III version 2023 est le troisième épisode de la saga Modern Warfare, débutée en 2007, mais rebootée depuis 2019. Facile, non ? Pour cet épisode, suite directe du Modern Warfare II rebooté sorti en 2022, c’est le studio SledgeHammer Games qui est de nouveau aux commandes.
Mais plusieurs mois avant sa sortie, les craintes concernant ce nouvel opus se sont multipliées. Il faut dire que selon le cahier des charges d’Activision (encore indépendant à l’époque), aucun nouveau Call of Duty n’était prévu en 2023. L’année devait être réservée au développement de contenus additionnels pour Modern Warfare II.
Les plans ont visiblement changé, et voici Call of Duty: Modern Warfare III. Il y a fort à parier que le contenu pressenti pour n’être au départ qu’un simple DLC a été développé et étoffé pour devenir un épisode complet de la saga. Le changement de direction réalisé par le studio est-il suffisant pour justifier un jeu proposé au prix fort ? C’est ce qu’on vous propose de découvrir.
(Test de Call of Duty: Modern Warfare 3 réalisée sur PS5 à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
La mission est un échec, mon commandant
Ah, qu’elle commençait bien cette campagne de Call of Duty: Modern Warfare III. Après une première demi-heure de jeu de haute volée, dans un goulag ultra sécurisé russe en environnement nocturne, on y a cru. Quand on a vécu cette magnifique scène jouable de descente en rappel au milieu des cellules pour aller libérer l’un des plus grands vilains de la saga, Vladimir Makarov, on y a encore plus cru. Soyons honnêtes, débuter la campagne en jouant du côté des méchants, c’est une sacrée idée.
Et des idées, il y a en a dans les quatorze missions constituant la campagne solo de Call of Duty: Modern Warfare III. Malheureusement, autant le dire tout de suite, celles-ci n’auront pas été assez fortes pour nous tenir en haleine tout au long de l’histoire. Dans cette guerre entre la Task Force 141 et les forces du groupe ultranationaliste russe Konni dirigé par Makarov, on a eu du mal à être surpris.
Pourtant, en nous proposant d’incarner tour à tour différents membres de la faction d’élite militaire, « Gaz », « Soap », « Price » et « Ghost », le chemin du FPS était pavé de bonnes intentions. Mais il s’est malheureusement perdu en route. La faute à un scénario beaucoup trop simpliste pour nous faire éprouver la moindre émotion ou empathie pour les personnages. On savait qu’on ne jouait pas à Call of Duty pour ressentir de grandes émotions, mais on aurait aimé s’attacher un peu plus aux personnages de la Task Force 141 durant leurs aventures à travers le monde. Sur ce point, la mission est ratée.
On est à Hollywood, on en prend plein les yeux, ça c’est certain. Mais comme dans un mauvais film de guerre, tous les clichés sont de sortie, les uns après les autres. Le grand méchant souhaitant dominer le monde, les financements obscurs, les morts pas vraiment morts, sans oublier les trahisons. En soi, rien de choquant, cela fait partie de l’ADN du jeu vidéo et du film de genre. Mais lorsqu’ils sont tous regroupés sur une aventure d’environ cinq heures, c’est franchement indigeste, et ça ressemble plus à un empilement de missions qu’à une véritable campagne.
Une guerre mal préparée ?
Call of Duty: Modern Warfare III est d’autant plus rageant que le travail effectué sur la fluidité des animations et les textures des maps reste toujours ce qui se fait de mieux en termes de FPS moderne. Que ce soit dans les favelas de Rio ou dans les rues désolées d’Afghanistan, c’est une masterclass visuelle. Avouons-le, on a même ressenti quelques frissons lors de notre entrée dans le stade de football durant une mission, mais nous n’en dirons pas plus.
SledgeHammer Games connaît son boulot sur le bout des doigts, et ça se voit. Il s’agit quand même de la sixième fois que le studio s’affaire à la création d’un Call of Duty. Tout ce qui est technique, RAS Roger, tout est OK. Mais dès qu’on se concentre un peu sur l’écriture ou les nouvelles idées proposées, c’est la Berezina, pour prolonger l’image guerrière.
Car il faut tout de même rendre à César ce qui lui appartient, des choses ont bien été tentées pour faire de ce Call of Duty: Modern Warfare III autre chose qu’un simple DLC. Mais la grande nouveauté, les missions en monde ouvert sont également la plus grosse déception. On s’embête, on n’a rien d’autre à faire qu’aller chercher des armes aux quatre coins de la map, protégées par quelques soldats armés jusqu’aux dents, et réaliser des objectifs de manière finalement aussi linéaire que des missions scriptées.
Difficile de ne pas sentir la précipitation derrière le développement de ce pan du jeu. Il y avait tellement mieux à faire. Le sentiment d’inachevé a pris le dessus.
Le multijoueur, sauveur ou traître ?
Le bon côté de cette campagne courte et décevante, c’est qu’on a rapidement pu se lancer sur la partie multijoueur de Call of Duty: Modern Warfare III. Et pour le coup, on a rapidement retrouvé le plaisir perdu en solo. On n’a pas été surpris, mais au moins, on savait à quoi on s’attendait.
Les différents modes de jeu s’enchaînent et les frags avec. Que ce soit pour une petite session de dix minutes ou pour un plus long moment, les options proposées sont nombreuses et proposent chacune un gameplay différent. Du match par équipes, du chacun pour soi en mêlée générale, ou encore de la pose de bombes et de la défense de zones, il y en a vraiment pour tous les goûts.
Et surtout, quel plaisir de jouer dans des serveurs pleins à craquer, où les parties se lancent rapidement. Call of Duty: Modern Warfare 3 reste la référence du jeu multijoueur de guerre malgré ses gros défauts. Les joueurs ne s’y sont pas trompés, et semblent répondre présents pour le moment, malgré des critiques presse pas tendres avec le jeu. Jamais nous n’avons eu à attendre longtemps pour jouer, et à aucun moment les serveurs n’ont paru mis en difficulté.
Malgré tout, les mêmes maps reviennent très (trop) rapidement, et si les modes de jeux permettent de les appréhender différemment, on aurait tout de même aimé plus de variété. N’étant pas forcément des experts de la saga, nous avons personnellement adoré le design et les environnements des maps proposées en multijoueur. Mais une rapide recherche sur le passé de la saga nous a permis de voir qu’en plus d’être peu nombreuses, elles sont pour la majorité issues d’anciennes itérations.
Quand on vous dit que ce Call of Duty: Modern Warfare 3 sent le jeu fait à la va-vite, ça se confirme même en multi, où ça sent bon le service minimum. Bien sûr qu’on s’amuse, mais proposer les mêmes armes et cartes qu’en 2009, ça fait léger comme contenu, surtout pour un jeu proposé au prix fort.
Call of Duty: Modern Warfare III n’est pas un mauvais jeu de guerre, loin de là. Mais c’est définitivement un mauvais Call of Duty. Après tout, on est en droit d’attendre plus venant de la référence du genre, surtout lorsqu’on nous annonce un standalone. Si vous aviez depuis longtemps quitté la franchise, ou qu’il s’agit là de votre première expérience, nul doute que le titre a de bons arguments pour ravir (si ce n’est son prix, trop élevé pour la diversité du contenu). Le plaisir manette en main est toujours là, et l’expérience reste au top de l’immersion.
Call of Duty reste à un bon niveau, notamment en multijoueur. Mais ce nouvel opus ressemble à l’entrée dans une guerre de tranchées. Il campe sur les positions de la saga, en attente, et ses petites offensives se soldent par des échecs, soit par manque d’ambitions, soit par manque de temps. Pour les connaisseurs, difficile d’être convaincu. La campagne n’a pas réussi à nous enlever de l’idée que le jeu est bien le DLC qui était prévu pour Modern Warfare II, avec des petites choses en plus pour créer l’illusion. Mais le bluff ne prend pas.
Le temps serait-il venu pour la franchise de faire une trêve et de sortir de son modèle économique basé sur une nouvelle sortie chaque année, quitte à proposer un produit non fini ? Ce serait peut-être préférable, mais l’appât du gain sera sans doute le plus fort. Une guerre perdue d’avance, en somme…