Après le rachat par Microsoft d’Activision, on avait hâte de voir ce que donnerait le premier Call of Duty à paraitre day one sur le service Game Pass. Il faut dire que la firme de Redmond compte énormément sur ce dernier titre pour booster un peu son service d’abonnement qui fait du surplace depuis quelques mois. Au-delà de ça, Call of Duty Black Ops 6, se devait de relever le niveau après un Modern Warfare 3 décevant, mais aussi proposer des idées neuves pour sa campagne solo et redynamiser un peu le multijoueur.
Mission accomplie puisque l’on n’avait pas pris autant notre pied sur un jeu de la franchise depuis 2019.
(Test de Call of Duty: Black Ops 6 réalisé sur Xbox Series X depuis la version distribuée sur le Game Pass)
Call of Duty: Black Ops 6 prend place après la chute du mur de Berlin. Woods, aujourd’hui paraplégique, dirige une escouade secrète tentant de mettre la main sur une arme bactériologique appelée le Berceau. Pour ce faire, elle se met non seulement la CIA à dos, mais aussi une organisation paramilitaire de l’ombre répondant au nom de Panthéon, et dont l’objectif principal parait peu clair. On y incarne Case, dernière recrue de l’équipe, qui est bien plus liée aux événements qui ont cours que l’on ne pourrait le croire au départ.
Une campagne qui vise juste
La branche Black Ops de Call of Duty a toujours (ou presque) été animée par un désir de proposer autre chose que le simple « boom-boom » auquel on peut s’attendre lorsque l’on se lance dans une campagne de la licence. Certes, la réduire à cela ne serait pas lui rendre justice, même Modern Warfare ayant tenté de dépasser son statut premier ces dernières années, mais l’action Hollywoodienne a toujours dominé le reste. Et ce, souvent au détriment du scénario et des personnages.
Call of Duty: Black Ops 6 est en cela étonnant que ce qui nous est proposé ici tient plus du jeu d’espionnage/action que du jeu de guerre à proprement parler, améliorant alors tout ce que Cold War tentait déjà maladroitement il y a quelques années.
Ainsi, l’accent est mis, bien plus qu’auparavant, sur les personnages, leurs histoires, ce qui les anime, et on se surprendra à avoir quelques discussions intéressantes avec eux entre chaque mission lors de notre retour à La Tour, notre planque de fortune. Sans profondeur de propos ahurissante, le jeu explore des pistes assez inédites.
Le final en est la preuve, tout comme cette mission Emergence qui nous demande de traverser un complexe souterrain secret dans lequel ont eu lieu des expériences assez perturbantes, ayant un lien jusqu’alors insoupçonné avec Case. Un chapitre d’ailleurs totalement surnaturel, puisque l’on y affronte des zombies tout droit issus du mode du même nom. Tout ceci est justifié par le scénario et si certains tiqueront sur l’aspect un peu paranormal de la campagne en général, de notre côté, nous saluons autant la prise de risque que la réussite globale.
Ceci dit, les autres missions sont bien plus classiques, mais toutes sont assez uniques en leur genre, proposant une construction qui finira souvent dans une apothéose graphique et sonore digne des meilleurs films d’action, mais sans pour autant que cela ne prenne le pas sur le reste.
Le reste, c’est de l’infiltration, avec différentes façons d’arriver à nos fins. On doit par exemple faire un casse en équipe dans un casino qui renvoie à Ocean’s Eleven ou bien même Casino Royale. On doit aussi faire de même dans une base ennemie alors que l’on est camouflé sous un uniforme de soldat, et que l’on doit rendre le lieu vulnérable avant l’arrivée de nos frères d’armes. Pour ce faire, on peut soudoyer, hacker, crocheter des serrures, ou bien juste éliminer quelques ennemis et cacher les cadavres.
La plupart du temps, Black Ops 6 nous laisse une certaine liberté d’action. Le chapitre se déroulant en Irak juste après le lancement de l’opération Tempête du Désert nous permet de crapahuter dans une sorte d’open-world, et c’est bien plus solide que ce que nous proposait Modern Warfare 3. Voyage rapide, objectifs secondaires, véhicules divers, il y a de quoi faire.
Nous ne nous attendions pas à cela, même si tout n’est pas parfait. La planque et ses possibilités sont légèrement sous-exploitées, car on peut certes créer des espaces pour ensuite acheter des améliorations de terrain diverses, mais cela n’apporte finalement pas grand chose. Aussi, on regrette que l’arborescence des dialogues ne mène finalement à rien, dans le sens où peu importent nos réponses, rien ne change.
Cependant, cette ambiance de course contre-la-montre à la Mission Impossible et ce parti pris de vouloir explorer autre chose que ce à quoi nous étions habitués jusqu’alors nous ont totalement conquis. Surtout que Black Ops 6 réussit quasiment tout ce qu’il entreprend, ajoutant des mécaniques lorsque nécessaire, et flirtant habilement avec le surnaturel, sans que cela soit abusé.
Durant un peu plus de sept heures, la campagne tient en haleine tout du long et nous offre une plongée dans ce monde post Guerre Froide dans lequel l’ennemi est devenu beaucoup plus flou, ainsi que dans cette bureaucratie corrompue qui cache tout un tas de squelettes dans le placard qu’elle compte laisser dormir là coûte que coûte. C’est plus fin, moins bourrin, mieux écrit, certaines missions sont absolument mémorables, et c’est toujours aussi solide visuellement.
Treyarch nous livre avec Call of Duty: Black Ops 6 la meilleure campagne qui nous a été donnée de jouer depuis des années, et peut-être la meilleure de la licence tout court.
Le retour du multijoueur comme on l’aime
Avec Call of Duty: Black Ops 6, on a enfin le retour d’un multijoueur fun et diablement emballant. Fini la lourdeur d’un Modern Warfare, et de tous les autres épisodes nouvelle génération d’ailleurs, et place au tout arcade qui marchait si bien par le passé.
L’omnimouvement est la fonctionnalité phare de cet épisode, puisqu’elle a permis à Treyarch de tout simplement fluidifier tout son gameplay. Glissades, sauts de l’ange, sprints, demi-tours, passage d’une position à une autre, le tout à 360°, rendent la prise en main plus instinctive, lui apportant un dynamisme que l’on ne soupçonnait possible à ce point sans que cela ne devienne n’importe quoi, et pourtant, c’est maitrisé de bout en bout.
Le Corner Slicing, autre nouveauté de Black Ops 6, est lui moins marquant, mais facilite grandement la visée lorsque l’on franchit un obstacle, et même lorsque l’on saute en plongeant pour surprendre l’ennemi. Tout cela rend l’expérience bien plus grisante, même si ce parti pris vraiment arcade pourrait en rebuter certains, ce qui est loin d’avoir été notre cas. On a pris un pied monstrueux sur nos parties et jamais Call of Duty n’avait eu le droit à un gameplay si profond et fun à la fois.
Cela donne parfois lieu à des abus, et il n’est pas rare de se faire aligner par un joueur sautant et glissant aléatoirement, sans discontinuer, et visant tout de même avec une précision létale, alors que l’on galère à suivre ses mouvements. Rien de réaliste ici, mais ce qu’il peut faire, vous le pouvez aussi, et de cette même manière nous nous sommes pris au jeu et nous sommes occasionnellement sortis de situations critiques en effectuant ce genre de mouvement. Et le meilleur, c’est que cela rend les parties très amusantes.
Alors oui, l’équilibrage entre certaines armes reste encore à peaufiner, les fusils de précision étant à notre goût bien trop létaux, de même que les AR, mais globalement, le multijoueur de Black Ops 6 sort dans un état ô combien plus solide que celui de Modern Warfare 3. Il devrait alors non sans mal retenir les joueurs pour de longs mois de bastonnade sur des cartes qui sont quasiment toutes de très bonne facture. Quasiment, puisque sur la totalité des seize maps présentes, deux d’entre elles nous semblent un brin en dessous du reste.
On parle là de Scud et de Subsonic. La première parce qu’elle est de moyenne taille et offre des spots de snipers en pagaille, rendant certaines parties injouables, et la seconde uniquement parce que les points de respawn sont assez ratés et tournent parfois trop vite, désorientant alors le joueur, ou le faisant réapparaître de temps à autre devant un bon nombre d’ennemis. C’est d’ailleurs un constat que l’on tire sur beaucoup de cartes, même si c’est moins handicapant sur certaines, mais se faire stopper sa série parce que toute une équipe apparait comme par magie derrière soi, est assez rageant.
Nous le concédons, aimer ou non une map relève plus d’une question de subjectivité qu’autre chose, mais nous apprécions particulièrement Derelict et son cimetière de trains, Skyline et son luxueux loft, Vorkuta qui est selon nous le meilleur champ de bataille de moyenne taille du jeu (même si Red Card n’est pas mal), ainsi que Payback et Babylon. La majeure partie de ces zones de jeu sont plutôt petites et c’est tant mieux, car avec un gameplay aussi « smooth » et misant tout sur le dynamisme, le contraire aurait été préjudiciable, surtout que les parties ne se cantonnent qu’à du 6 contre 6 (si on excepte le Match à Mort).
Quatre cartes sont dédiées au mode Strike qui marque notamment le retour du 2 contre 2, et elles sont de très bonnes factures. On apprécie particulièrement Stakeout qui prend place dans un seul et unique appartement, ainsi que Warhead, une sorte de Nuketown en ruines. La sélection proposée par Treyarch est vraiment qualitative cette année et il sera très difficile de réellement reprocher quoi que ce soit à Black Ops 6 à ce niveau-là.
À côté de cela, Call of Duty: Black Ops 6 joue la carte du classicisme. Atouts, armes et grades se débloquent et s’améliorent de la même façon qu’auparavant, alors que si certaines séries de points, dispositifs tactiques et autres sont inédits, ils ne changent pas non plus la donne. Niveau modes de jeu, on retrouve là encore ce que l’on connaissait, si ce n’est le petit nouveau, Ordre d’Exécution. Demandant de tuer le leader désigné de l’équipe adverse pour engranger le plus de points possibles, il est pas mal, et demande un vrai travail d’équipe.
Vous l’aurez compris, à l’image de la campagne, le multijoueur de Black Ops 6 est probablement le meilleur depuis bien longtemps et nous a absolument conquis. Call of Duty est enfin de retour à son meilleur niveau, et on aimerait, un jour, voir arriver des serveurs dédiés et un tickrate à la hauteur de la qualité du jeu, car comme toujours, le jeu pêche sur cet aspect bien précis.
Le Zombie classique par exellence
Le mode Zombie quant à lui est particulièrement classique. Comme d’habitude, nous devons survivre aux hordes infernales, tout en ouvrant de nouvelles routes via des points que l’on débloque. C’est aussi et toujours scénarisé maladroitement. Les deux nouvelles cartes, Liberty Fall, petite ville des Appalaches, et Terminus, une sorte d’île carcérale, sont de très bonnes factures. Notre préférence va à la seconde, beaucoup plus angoissante de par son cadre, et aussi parce qu’elle propose de jouer de nuit, au contraire de la première.
Bien évidemment, on retrouve tout un tas de choses à débloquer sur ces dernières via achats, comme des armes, des pièges, des boost ou encore des munitions spéciales. Les deux zones sont de même blindées de secrets en tout genre et en faire le tour va demander de très longues heures de jeu. Nous ne sommes pas toujours friand de la proposition zombiesque de Call of Duty, mais force est de constater qu’avec le gameplay beaucoup plus dynamique de cet épisode, les parties deviennent alors bien plus trépidentes. Et que dire des infectés spéciaux, totalement réussis, et qui représentent une très grosse menace.
C’est complet, maitrisé, et à priori exactement ce que l’on en attendait. Les amateurs de ce mode de jeu seront alors aux anges, les autres pourront très bien faire sans, ou se faire une partie de temps en temps entre copains, car c’est bien mieux ainsi. Enfin, concernant Warzone, à l’heure où nous écrivons ces lignes, rien de Black Ops 6 n’a encore été implémenté. Cependant, la saison une arrive début novembre et apportera le gameplay de BO6 et une nouvelle carte pour ce dernier, ainsi que tout un tas d’autres fonctionnalitéss inédites.
Call of Duty: Black Ops 6 est une grande réussite pour Treyarch, mais aussi pour Microsoft qui pourra donc compter sur l’un des épisodes les plus qualitatifs de la licence pour relancer son Game Pass et avoir bonne presse auprès des inconditionnels de la saga. Doté d’une campagne immersive et surprenante, selon nous la meilleure de toute, et d’un multijoueur solide, prenant le parti de proposer un gameplay arcade et fun comme rarement vu auparavant, cet opus marque un nouveau tournant dans la longue histoire Call of Duty.
Ajoutez à cela un Zombie efficace (et maintenant jouable à la troisième personne), un mode Warzone qui va connaitre quelques bouleversements, ainsi qu’un suivi qui s’annonce toujours aussi bon de la part des développeurs, et vous obtenez un must have absolu pour tous les fans de FPS. Une vraie bonne surprise en somme qui prouve que cette licence a encore de beaux jours devant elle.