Blue Estate est l’adaptation vidéoludique, sous forme de préquelle, d’un comics assez récent mélangeant violence et humour débridés, sur fond de mafia, d’enquêtes et de gunfights, rappelant les pulp fictions, ces romans de gares d’antan, mais aussi les films de Tarantino (Jackie Brown, Pulp Fiction) ou encore Guy Ritchie (Snatch, RocknRolla). Avec de telles références, il fallait s’attendre à un jeu évitant soigneusement de faire dans la subtilité, et de fait, Blue Estate est un rail-shooter pur jus, comme on n’en fait plus guère de nos jours. Reste à savoir si le genre possède encore des atouts pour plaire sur nos machines nouvelle génération.
Test de Blue Estate sur Xbox One
Bullet-rain
Fut un temps, le genre du rail-shooter (à savoir, ces jeux de tir, généralement à la première personne, où l’on ne dirige pas les déplacements de son personnage, mais seulement sa visée) bénéficiait d’une certaine popularité, en arcade comme sur consoles. On citera plus particulièrement les séries telles que Time Crisis ou The House of the Dead, entre autres succès. Cependant, ce type de jeux, nettement plus appréciables lorsque pratiqués au moyen d’une arme à feu factice procurant une plus grande immersion, ont de toute évidence périclité au fil des années, et l’un des derniers représentants en date, Rambo: The Game, n’a pas vraiment contribué à réhabiliter le genre dans le cœur des joueurs. C’est là qu’intervient le petit nouveau, Blue Estate, qui se rapproche beaucoup, visuellement comme en termes d’humour et de déroulement de l’action, de The House of the Dead Overkill, un jeu particulièrement fun et plaisant à jouer. La narration de Blue Estate est effectuée, avec force références cinématographiques et traits d’ironie, par un détective privé grassouillet engagé par une sublime go-go dancer pour enquêter dans un milieu mafieux, véritable panier de crabes. In-game, on incarne alternativement Tony, le fils d’un Don décidé à redorer son image auprès de son père, et Clarence, un homme de main particulièrement versé dans l’art du gun-fight.
Vous noterez que l’aventure peut se parcourir à deux joueurs, ce qui décuple le plaisir de jeu et promet quelques bonnes sessions de rigolade (et d’engueulades). Concrètement, comment ça se passe ? Comme évoqué plus haut, vous ne voyez à l’écran que l’arme de votre personnage, mais aussi une réticule de visée, qui vous permettra de cibler efficacement vos ennemis ; et croyez-le bien, des ennemis, vous allez en rencontrer à la pelle tout au long des 7 stages qui composent Blue Estate. Chaque niveau vous met aux prises avec des hordes d’adversaires de tous poils, certains chargeant vers vous avec une arme de contact, d’autres préférant tirer de loin et se dissimuler derrière le décor (une mire jaune de plus en plus épaisse vous indique quel sera le prochain ennemi à vous infliger des dégâts, le délai et le nombre baissant en fonction de la difficulté choisie parmi trois).
Action et bonnes réactions
Et c’est sans compter les boss, qui vous embarqueront dans des combats très (trop ?) longs et épuisants. Pour faire face à tout ceci, vous disposez d’un éventail d’actions simple et efficace : repousser les ennemis ou objets lancés vers vous à main nue, tirer, recharger, vous planquer lorsque le décor le permet… Basique, mais réactif ; et, si toutes ces actions s’effectuent au pad en appuyant sur divers boutons, comme dans la plupart des FPS, sachez qu’il est également possible, et même hautement recommandé, de jouer à Blue Estate en se servant plutôt du Kinect de la Xbox One. En effet, le périphérique réagit impeccablement à vos mouvements, et la visée s’avère suffisamment précise pour pouvoir sans grand mal atteindre n’importe quelle partie du corps (à commencer par la tête, ce qui tue instantanément, permet de se défaire d’adversaires équipés de gilets pare-balles, et rapporte un joli paquet de points pour les amateurs de scoring). Un swipe de la main pour repousser les projectiles, un doigt pointé pour figurer l’arme, une main baissée vers le sol pour recharger, et portée vers la tête pour passer de l’arme principale à un équipement secondaire (mitrailleuse, fusil à pompe, etc.)…
Tout se fait très simplement et efficacement, un vrai régal, une belle alternative à ces flingues en plastiques qu’on nous vendait à l’époque pour profiter de ce genre de jeux. Techniquement, pour finir, l’animation est fluide et les graphismes presque corrects, affichant une texture façon films Grindhouse de Tarantino et Rodriguez, avec un gros grain, on entend presque les crépitements des bobines Super 8, bref, tout ça fait très série Z et colle bien au style du jeu, sans être fabuleux. Et les dialogues humoristiques et bad-ass ainsi que les musiques bien rythmées ne font que renforcer l’immersion. A vous de voir, donc, si vous accrochez avec le concept de rail-shooter pour décider de vous plonger ou non dans cette aventure déjantée et nerveuse.
Conclusion de Blue Estate
Pour un peu moins de 15€, Blue Estate (visitez le site pour plus d’infos) vous offre un retour dans le passé, avec un style résolument série Z tant niveau réalisation qu’esprit général. Si ce genre de jeux vous manque, n’hésitez pas à y goûter, d’autant que la réactivité avec le Kinect comme avec le pad est étonnamment efficace. Alors certes, la durée de vie n’est pas fabuleuse, en dépit de la longueur des stages et des boss-fights, qui peut s’avérer lassante, mais le fun est bien présent, surtout si vous avez un camarade pour vous accompagner.