Alors que les départs à la montagne se font nombreux en ce mois de février, certains joueurs n’ont pas l’occasion de dévaler les pistes. Pas d’inquiétude, le studio nantais Casus Ludi a prévu de quoi ensevelir l’industrie vidéoludique avec l’arrivée de sa première production nommée Blanc. Annoncé il y a sept mois maintenant, le titre en coopération avait suscité les interrogations de quelques adeptes du genre, en droit de se demander ce qu’allait proposer ce titre entièrement en noir et blanc. Car oui, après avoir goûté au barré It Takes Two, il est difficile de s’habituer à une nouvelle recette.
C’est un pari risqué qu’a décidé de prendre le studio français en ce mois de février, d’autant que le titre sort caché derrière un certain Hogwart’s Legacy, qui ne cesse de se gratter le nez tant sa popularité croît en permanence auprès des moldus. Cependant, après avoir suivi les traces de nos deux bestioles, nous pouvons vous le dire : le chemin est verglacé.
(Test de Blanc réalisée sur Switch via une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Blanc comme neige
Là où Blanc porte bien son nom, c’est à travers sa direction artistique innovante et ses décors bourrés de fraîcheur. Car oui, dans cette nouvelle production, toute l’aventure se mène en noir et blanc. C’est entre le blizzard et la poudreuse qu’il vous faudra avancer pour retrouver vos proches. Et le plus étonnant dans ce choix, c’est que l’absence de couleurs nous choque à peine. L’expérience pourra même s’avérer plaisante, tant elle n’avait jamais été aussi bien proposée auparavant. Cependant, nous constaterons rapidement un manque de diversité dans les décors, car à quelques infrastructures près, ils se ressemblent tous.
Quant aux deux protagonistes, ces derniers apporteront un contraste appréciable au titre, qui fera flotter son drapeau sous le signe de l’amitié. Dans Blanc, vous incarnez à la fois un loup et un faon. Le prédateur et la proie devront s’allier pendant quelques heures pour retrouver leurs familles respectives. Et si le scénario du jeu reste assez classique, il n’en reste pas moins que cette jolie ballade enneigée ne sera jamais de refus, d’autant qu’une bande-son vraiment agréable vous accompagnera durant toute votre aventure.
Comme loup et faon
En effet, l’entraide et l’amitié sont certainement les deux moteurs du jeu. L’aventure a été pensée à deux, et cela se ressent dès que l’on essaie de jouer seul, avec une prise en mains désagréable au possible, où chacun des joysticks/joy-cons contrôlera un des personnages. Résultat des courses, parfois le jeu vous empêchera de faire avancer les deux bestioles simultanément. L’expérience solo croule ainsi sous ce problème, là où faire le choix d’instaurer une IA aurait été plus judicieux.
Chacun des deux personnages permettra à l’autre de franchir les différents obstacles présents sur la route. Le faon poussera des charges lourdes et permettra au loup de grimper sur des surfaces plus hautes, et le loup aidera le faon à passer en coupant des cordes et en tirant des portes. Globalement, les interactions se résument à ça, et cela fera de Blanc un périple extrêmement facile à mener. Malheureusement, cela deviendra vite trop répétitif pour que l’on puisse prendre du plaisir durant toute notre expérience.
Comme évoqué plus tôt, les équipes du studio français ont réellement voulu mettre l’accent sur la relation qui lie les deux protagonistes, et cette volonté de toucher les joueurs persistera tout au long de l’aventure. Finalement, le jeu ne fera que s’embourber dans un manque de crédibilité cruel quant aux sentiments ressentis par les deux bêtes. Les interactions entre le faon et le loup se feront trop rares pour paraître sincères, et malheureusement, la relation n’a pas été assez approfondie pour pleinement toucher.
Ainsi, nous avons même l’impression que le jeu sépare plus les héros qu’il ne les rassemble, tant leur relation restera froide et distante au fil du temps. Et finalement, puisque le jeu est dénué de paroles, il sera encore plus difficile de connaître les intentions de chacun, car les mimiques des personnages pour exprimer leurs sentiments resteront identiques pendant l’ensemble des chapitres proposés.
La nature pour seul antagoniste
Dans le monde de Blanc, on ne sait ni pourquoi ni comment, mais le monde a été abandonné à la merci du froid. Ainsi, malgré la présence de bâtiments et d’infrastructures humaines au sein de l’univers du titre, il n’y a personne. Seuls quelques animaux vous tiendront compagnie au cours de certains chapitres, mais rien de bien méchant ne vous fera face, car il suffit de suivre le chemin tracé en ligne droite par le jeu pour s’en sortir indemne. De ce fait, seules les intempéries vous barreront la route, du simple tas de neige à la bourrasque. La nature sera bel et bien votre seul ennemi.
Vous devrez retrouver la trace de vos proches à travers le monde tout joli, tout mignon du jeu, et il semblerait qu’aucune aventure n’ait été aussi simple que celle de Blanc. Car même si les personnages sont tous muets, comme de vrais animaux, on arrive facilement à se mettre dans le contexte et prenons rapidement connaissance de la nature de notre requête.
Néanmoins, cette ballade poétique sera de courte durée, puisque pour terminer le jeu, comptez trois à quatre heures seulement. Cela fait du premier titre de Casus Ludi une expérience vite faite, et à peine serons-nous plongés dans ce bel univers qu’il nous faudra déjà repartir. Enfin, il sera décevant d’assister à une fin prévisible à des kilomètres, tant son déroulé aura déjà été vu des dizaines de fois.
Blanc n’est pas parvenu à nous séduire totalement. C’est en obligeant indirectement ses joueurs à mener leur aventure à deux qu’il fera reculer une bonne partie de sa communauté, puisque l’expérience solo du titre devient vite désagréable à la longue. Le jeu défend les couleurs de l’amitié, en prônant la cohésion et la fraternité tout au long de son aventure. Cependant, la relation qui lie les deux protagonistes n’a pas été assez approfondie pour parvenir à la rendre crédible, et la durée de vie du jeu ne nous permettra pas de nous attacher aux personnages de Blanc.
L’expérience deviendra vite lassante et répétitive, la faute à des mécaniques qui manquent de diversité, et des interactions peut-être trop limitées avec l’environnement. Nous ne manquerons pas, cependant, de saluer le courage du studio nantais pour avoir osé proposer à ses joueurs une expérience immersive inédite, en noir et blanc, au cœur d’un monde enneigé.
Alors, malgré quelques points négatifs, Blanc parviendra à tirer son épingle du jeu de par l’originalité de son histoire et sa direction artistique plutôt plaisante et réussie. Sorti le 14 février dernier, pour la Saint Valentin, le jeu est disponible au prix de 14,99€ sur le Nintendo e-shop, et reste tout de même une jolie expérience.