Il n’est pas rare de voir une licence légendaire être adaptée sur différents supports, et le manga Berserk n’y fait pas exception. Adapté deux fois en jeux vidéo, le célèbre manga de Kentaro Miura n’avait pas réussi à se faire une place auprès du grand public. Ce désintérêt s’explique par une communication trop légère pour le premier jeu et un épisode exclusif au Japon pour le second. OMEGA Force retente aujourd’hui le défi d’adapter une œuvre adulée par ses fans avec Berserk and the Band of the Hawk.
La question qui se pose maintenant est de savoir si le jeu est à la hauteur du manga ou au contraire un titre sans réelle identité, qui décevra les fans et n’intéressera pas les autres. La réponse est dans notre test de Berserk and the Band of the Hawk sur PlayStation 4.
Une histoire aux événements bien sombres
Pour les quelques personnes qui ne se sont jamais penchées sur l’histoire de Berserk, voici un bref résumé. Nous suivons donc l’histoire de Guts, un guerrier à la force monumentale en quête de vengeance et maniant une épée légendaire, nommée la Dragon Slayer, longue de 2 mètres.
Berserk and the Band of the Hawk se veut être une adaptation réussie du manga au niveau du scénario. Vous allez avoir l’occasion tout au long du jeu de vivre les événements forts ayant rythmé l’aventure de Guts. Le jeu commence par l’attaque du fort où notre héros affronte Bazuso pour se terminer après l’affrontement contre Ganishka. Les différents arcs narratifs du manga sont assez bien suivis et très peu de niveaux hors-séries sont présents.
Ces derniers sont d’ailleurs très rapides et ne présentent que peu d’intérêt. De plus, les missions sont accompagnées de scènes issues du long métrage Berserk: The Golden Age dans le premier arc. Elles sont ensuite remplacés par des cinématiques réalisées avec le moteur du jeu. Graphiquement, Berserk and the Band of the Hawk n’est pas à la pointe de la technologie mais reste malgré tout agréable à l’œil et la modélisation des personnages est indéniablement une réussite.
Point nettement plus négatif concernant le scénario, la censure. En effet, certains détails sanglants sont cachés (vos ennemis sont simplement projetés dans les airs s’il s’agit d’humains, et ne sont tranchés qu’en mode frénésie), mais le pire reste les scènes supprimées car jugées trop dures.
Même si les raisons de cette censure semblent évidentes au vu des événements du manga (viols, démembrements, corps déchiquetés), on regrette que l’histoire en pâtisse. Et l’idée même de censurer Berserk est bien saugrenue, quand on sait que les joueurs vont justement rechercher cet aspect gore qui est la marque de fabrique de la licence.
Tranchons dans le vif du sujet
Au niveau du gameplay, Berserk and the Band of the Hawk ne fait pas dans la dentelle. Dans ce jeu, inutile de vous prendre la tête avec des stratégies. Dans la droite lignée des jeux musô, vous n’aurez qu’à foncer dans l’amas d’ennemis qui se dresse devant vous et trancher dans le tas : un style beat’em all qui colle parfaitement à l’univers de Berserk. Les affrontements face à des vagues d’ennemis restent cohérents avec les différents événements du manga, comme par exemple face aux trolls.
Afin de varier le plaisir, les développeurs de chez OMEGA Force vous proposent de jouer huit personnages aux palettes de coups très différentes. Malgré le grand nombre d’ennemis, les combats restent fluides et les différents personnages jouables n’ont aucun mal à vaincre les hordes d’ennemis. Vous allez donc voir votre compteur de victimes augmenter à mesure que vous enchaînez les combos. Chaque fois que vous tuez des ennemis, votre barre de frénésie se remplit ; une fois remplie, vous utilisez le plein potentiel de vos personnages. À partir de là, chaque victime de plus vous accorde une orbe remplissant la Death Blow, une autre barre qui une fois pleine vous permet de réaliser un coup meurtrier.
Mais frapper dans le tas ne sera pas la seule solution pour étendre votre carnage sur le champ de bataille. Canon-prothèse, couteau de lancer, bombe, arbalète sont autant d’accessoires que vous pourrez employer durant les combats. Avant chaque mission, vous pouvez changer les accessoires de votre personnage afin d’améliorer ses statistiques. Votre équipement peut également être modifié pour y accueillir différents objets. Ils vous permettront de vous soigner, voire d’utiliser les capacités de Puck, le personnage « mascotte » de Berserk. Tout cela peut paraître superflu quand on sait que les combats tiennent plus du massacre que du duel, mais ils ont une réelle utilité face aux boss. Ces derniers proposent un véritable challenge et cassent la monotonie des missions.
Mais qui dit Berserk dit bien sûr armure du Berserker : en effet, chaque personnage possède une forme évoluée. Vous allez pouvoir vous transformer durant les combats pour devenir une véritable machine de mort et de destruction. Cela donne un véritable sentiment de puissance, en particulier lorsque l’on joue Zodd en forme apôtre, ou encore Griffith en forme Femto.
La cérémonie de l’avènement du malin
Avec un scénario déjà bien poussé, Berserk and the Band of the Hawk peut en plus se vanter de ne pas laisser de côté ses autres modes. Si le mode Free Battle ne présente aucun réel intérêt mis à part revivre certaines missions, le mode Endless Eclipse quant à lui est plus amusant. Dans ce mode, fini de suivre les aventures de Guts, vous vous retrouvez plongé dans l’horreur de l’Eclipse pour l’avènement du malin. Vous allez devoir affronter des vagues d’ennemis de plus en plus puissants sur une centaine d’étages.
Chaque étage est plus dur que le précédent et tous les cinq étages vous aurez droit à un combat de boss. Mais le jeu n’est pas cruel et vous débloquez certaines récompenses qui valent le coup en passant certains paliers. À vous la joie d’acquérir une multitude de costumes, de personnages et de transformations. Diverses missions vous seront proposées après chaque boss, pour combattre tel ou tel ennemi. Cela vous permettra en outre de quitter la zone d’éclipse qui devient redondante à la longue. En revanche, le fait de devoir recommencer entièrement tous les étages dans le cas où l’on quitte est un gros défaut de ce mode. On est donc obligé de faire la totalité des niveaux en une fois, si l’on veut débloquer les récompenses les plus hautes… Ce qui peut être décourageant.
Heureusement, le bestiaire du jeu est assez bien fourni et fidèle à la série, ce qui diminuera un peu votre peine. Des soldats Tudor aux trolls en passant par les apôtres, vous aurez le plaisir de faire couler le sang de bien des créatures. On retrouve aussi quelques petites références propres au manga, comme le fait de boxer le logo de chargement avec Puck avant d’infliger le terrible Puck spark. Tout cela est accompagné d’une musique un peu trop discrète mais qui reste malgré tout agréable. On regrette par ailleurs l’absence d’une traduction française : la seule traduction disponible est en anglais, alors que les voix sont en japonais.
En définitive, Berserk and the Band of the Hawk s’en tire avec les honneurs tant au niveau du scénario que sur son gameplay. Il restera malgré tout entaché par quelques défauts qui viendront gêner l’expérience de jeu.
Il faut pourtant relativiser, Berserk and the Band of the Hawk est un beat’em all qui plaira autant aux fans du manga qu’aux personnes intriguées par le jeu. Parfait défouloir, son gameplay simple et efficace saura amuser le plus grand nombre.