Cela faisait tellement longtemps qu’on n’avait plus joué à un jeu de la licence Battletoads qu’il y a de fortes chances pour que la plupart d’entre vous ne sache même pas de quoi il s’agit. De fait, le dernier opus en date, sorti dans les salles enfumées, remonte quand même à 1994, à une époque où l’on laissait les bornes d’arcade avaler nos pièces de 10 francs tel un crapaud qui gobe une mouche. OK Boomer, vous entendons-nous clamer… Certes, on ne va pas contester.
Néanmoins, les trois batraciens étaient récemment remontés à la surface de leur étang oublié, ce que l’on pourra interpréter comme les prémices d’un retour sur scène. Par exemple, Mr. Spencer de chez Microsoft affichait en 2015 un T-shirt à l’effigie de la série, alors même qu’il était question à l’époque de ressusciter certains classiques de Rare (cette boîte de génie autrefois fidèle à Nintendo, désormais sous la coupe du géant américain) à un moment non précisé alors.
Et puis, il y a eu l’apparition surprise des trois crapauds en tant que boss dans Shovel Knight version Microsoft, et celle d’un de ces héros dans le dernier Killer Instinct. Tout cela commençait à flairer bon le revival. Et aujourd’hui, le Battletoads nouveau est finalement arrivé.
(Test de Battletoads réalisé sur Xbox One grâce à un code fourni par l’éditeur)
Battletoads : Toon ami
On ne va pas revenir trop longuement sur la carrière ni sur l’origine des noms des trois crapauds guerriers, tout ceci et bien d’autres détails concernant la série vous est exposé dans notre article rédigé en prévision de ce test, que vous trouverez ci-dessous. Tout juste rappellerons-nous que les trois gus avaient été créés pour surfer sur l’engouement Tortues Ninja, et qu’en dépit de plusieurs épisodes parus tel un tir groupé au début des 90s, nous le disions en introduction, les batraciens n’avaient pas eu droit à un jeu qui leur soit propre depuis 26 ans. Ha bon, ça vit aussi longtemps un crapaud ?
Le jeu qui nous concerne aujourd’hui reprend le précepte de ses ancêtres, à savoir celui d’un jeu majoritairement typé beat’em up, mais entrecoupé de phases au gameplay varié qui viennent casser un peu la monotonie inhérente au genre. C’était déjà le cas dans les autres Battletoads, et ces scènes (on se souviendra surtout de l’abominable passage en scooter vu de profil) auront fait pleurer des larmes de sang à bien des joueurs tant leur difficulté s’avérait extrême.
Certes, ce n’était pas rare (haha) à l’époque, les jeux hardcore, mais Battletoads aura su rester dans les mémoires de ceux qui avaient transpiré dessus (tel Votre Humble Narrateur).
L’histoire qui nous est narrée ici n’est peut-être pas phénoménale, mais elle a le mérite d’exister, d’une, et d’être narrée via des cinématique de qualité, de deux. On y retrouve nos trois amphibiens, enfermés depuis 26 ans dans une sorte de dôme qu’ils considéraient comme leur univers, avant d’en voir les limites et de s’en évader.
Ils croiseront bien évidemment la route de la Reine Noire, leur éternelle nemesis, qui, pour le coup, viendra s’allier à eux pour combattre une horde encore plus néfaste que la sienne. Bref, pas de quoi en écrire un roman…
En écrire un roman, non ; mais en faire un dessin animé, why not, par contre. De fait, la narration de Battletoads version 2020 ressemble fortement à celle d’un épisode animé qu’on pourrait savourer aux côtés d’un Rick & Morty et autres créations décalées récentes du même genre sur les chaînes dédiées. C’est alors que surgit le premier reproche à adresser au jeu.
Car, si les scènes de dialogue in-game sont sous-titrées en français (de très bonne qualité, qui plus outre), les cinématiques inter-stages, très joliment dessinées, ne le sont pas. Moralité, si vous n’êtes pas anglophones, vous allez passer à côté d’une grande partie du scénario. Très dommage, ça.
Séquences (a)variées
Maintenant que nous avons fait le tour du background, venons-en au gameplay en lui-même, si vous le voulez bien. Battletoads reprend la formule des ses aînés, et vous propose de la baston un peu déjantée à base de coups spéciaux très cartoonesques, comme la chaussure géante ou le train de marchandise qui viennent servir de bottes secrètes à nos trois gaillards.
Rien à redire là-dessus, les combats sont parfaitement jouissifs et deviennent rapidement assez velus dès lors que la faune locale s’épaissit et adopte de nouvelles postures de combat.
De fait, les adversaires apprendront rapidement à bloquer vos coups, voire à devenir invulnérables à moins de les esquiver au bon moment, et tout ceci confère au jeu un dynamisme endiablé qui vous fera parfois suer de stress devant la masse de données à gérer en même temps. Ce qui n’est pas une critique, car c’est un défouloir phénoménal.
On aurait néanmoins apprécié un peu plus de touches pour délivrer des combos de folie, à base de pieds, de poings, de grabs, etc. Ici, on ressent parfois un manque en termes de carnage débridé qui aurait parfaitement convenu au style du jeu.
Mais la baston, comme dans tout autre titre estampillé Battletoads, ne constitue pas la totalité de l’expérience de jeu. En effet, les quatre niveaux proposés (divisés en plusieurs stages bien longs, ne vous inquiétez pas pour la durée de vie) sont parsemés de sortes de mini-jeux ou de levels spéciaux (comme la conduite en scooter vue de dos ou encore celle en « snowboard » à défilement horizontal) qui s’avèrent soit gonflants de par leur longueur, soit gonflants de par leur difficulté.
Sans compter les petits passages parfaitement useless comme le pierre-papier-ciseau façon Battletoads. Meh…
On mentionnera également les puzzle-games qui compartimentent certains stages, et que même les auteurs du jeu ont trouvé tellement gavants, apparemment, qu’ils proposent de les résoudre automatiquement après quelques essais infructueux… C’est dire si la chose est passionnante… Mais bon, ne crachons pas dans la soupe : combien de fois n’avons-nous pas critiqué les beat’em up pour leur répétitivité agaçante ?
Battletoads offre au moins des distractions qui, à défaut d’être toujours plaisantes, viennent casser la monotonie du tout. On ne va donc pas trop critiquer cet aspect, hérité avec justesse de ses prédécesseurs.
Pour terminer sur ce sujet, un autre détail difficile à comprendre : ces longueurs de stages à parcourir à pied entre deux combats. Quel intérêt, à part exposer au regard du joueur, impatient d’en découdre, la qualité (indéniable) du rendu comics proposé par les dessinateurs ? Les crapauds ont même la possibilité de courir pour rejoindre un point lointain, tant marcher d’un lieu à l’autre est sans aucun intérêt.
Pourquoi ne pas avoir créé un beat’em up sans temps mort comme on sait tellement en fabriquer depuis des lustres ? Mystère…
Toadal war
Bien entendu, qui dit beat’em up 2D dit généralement « baston avec des potes sur le même canapé ». Splinter soit loué, vous aurez la possibilité dans Battletoads, si tant est que votre livreur de pizzas, votre petit frère, votre meilleur pote ou votre arrière-grand-mère soit dispo, de partir affronter les trois niveaux de difficulté présents dans le jeu seul, mais aussi en co-op local jusqu’à trois joueurs.
Si vous êtes dépourvu d’amis ou de membres de la famille susceptibles de vous accompagner dans votre croisade, n’ayez crainte : le jeu ne vous oublie pas, vous qui avez choisi la voie de la solitude. En jouant solo, vous pourrez switcher d’un crapaud à l’autre en un éclair, en fonction de vos besoins du moment (rapidité, puissance, etc.). Pimple, Zitz et Rash vous offrent ainsi une expérience différente adaptée à la situation, et ça, c’est cool.
Battletoads est une bonne surprise. On aimera ou pas son look très cartoon qui correspond bien à ce que les batraciens ont de tout temps utilisé comme techniques de combat, dans la démesure par rapport à la concurrence. Pour notre part, nous avons adhéré à ce récit très dessin animé qui se veut souvent très drôle.
Néanmoins, le jeu perd des points en ce qui concerne sa traduction aléatoire, ses phases de déplacement inutiles, ou encore ses mini-jeux supposés casser la monotonie, qui cassent souvent autre chose que nous ne mentionnerons pas ici.
Ceci dit, n’hésitez pas à vous taper un délire beat’em up à l’ancienne si vous avez des potes dans le coin. Battletoads reste ce qu’il a toujours été : un jeu de baston un peu space, bien bourrin et funky, mais parsemé de passages chiants. C’est à vous de voir ce que vous en attendez…