Axiom Verge est une lettre d’amour, la lettre d’un fan du jeu vidéo qui s’est attelé à la conception de ce titre pendant près de 5 ans sur son temps libre. Sorti à l’origine sur PS4 en 2015, il a progressivement été porté sur presque toutes les consoles (sauf 3DS) et son succès fut tel qu’il obtint en 2015 le Game Awards pour meilleur jeu indépendant, preuve d’un succès certain. Mais ce jeu a-t-il su passer les affres du temps ? Le style résolument rétro colle-t-il toujours aujourd’hui ? La magie opère-t-elle une fois portée sur la Switch ?
Test Axiom Verge – Un autre Metroid ?
La carrosserie est polie
Axiom Verge est clairement un jeu inspiré du style rétro, prenant sa forme sur les générations 8 et 16 bits (avec un préférence portée au style 8-bits). Bourré d’idée qui semblent venir de différents jeux, on y retrouvera aisément des sensations proches d’un mix entre Contra, Metroid et Bionic Commando. La présentation est un superbe pixel art, très fin et détaillé qui rend cet univers étrange clair et doux à la rétine, et qui nous permet bien de nous rendre compte du look de ce monde à l’esthétique bio-mécanique ainsi que de ses créatures.
« Bio-mécanique » vous dites ? Bien sûr, Axiom Verge, à l’instar des titres précédemment cités, est un platformer 2D nerveux et dynamique prenant place dans un univers sci-fi. Le jeu vous met dans la blouse de Trace, scientifique travaillant dans un labo jusqu’à une explosion qui fait basculer sa vie. Trace va se réveiller dans un monde inconnu, où il sera accueilli par une feinte voix lui expliquant de s’armer et l’invitant à l’aider. En effet, ce monde est en proie à de vicieuses attaques d’un ennemi inconnu et ses créatures. En dévoiler plus toutefois serait une mauvaise idée étant donné que le scénario est engageant et prenant, nous ne voulons pas prendre le risque de trop en dire pour laisser la surprise à ceux qui n’auraient pas eu le plaisir de mettre les mains dessus. En gros, à vous de faire en sorte d’aider cette voix étrange et de trouver un chemin qui vous permettrait de retrouver notre bonne vieille Terre. Notez également que l’exploration vous permettra de dévoiler des scènes du scénario que vous pourriez manquer si vous traciez du début à la fin du titre, en revanche ça n’impacte pas le jeu.
La bande-son qui accompagne le titre est vraiment un plus dans ce jeu. Thomas Happ a composé des titres qui transpirent la science-fiction, avec des rythmes marqués et soutenus pour accompagner les combats et des airs s’inspirant des films d’extra-terrestres des années 80 ou même parfois orientaux pour souligner les phases d’exploration. Jamais un thème ne colle pas avec une situation et cette cohérence entre gameplay et musique est un vrai plaisir à ressentir. Décidément très agréable.
Les rouages huilés
Une fois la manette en main, Axiom Verge se montre souple et nerveux. Très fluide, la Switch a su se plier et fait tourner le titre comme un charme, ce qui est au mieux parce que même sans être exigeant, Trace aime bien un peu de précision pour passer les gouffres en sautant (enfin, comprenez flaques d’acide ou autres obstacles vidéoludiques dans un jeu prenant pour thème la science-fiction sur planète inconnue). Les commandes répondent très bien et sont très claires, ce qui ne sera pas du luxe vu la vitesse où on peut perdre sa vie. Le stick gauche manipule les directions, alors que les boutons « B » et « Y » prennent contrôle du duo classique saut et tir. Le stick droit vous permet, lui, de choisir une autre catégorie de tirs parmi les différentes propositions que le jeu vous offrira pour vous défendre, enfin, si vous prenez bien le temps de les chercher mais ça, c’est une autre histoire. Des commandes somme toute très courantes dans ce style de jeu mais qui s’étoffent à mesure que vous armez votre avatar dans cette aventure et il y a myriade d’outils mis à votre disposition pour vous permettre d’arriver à vos fins. Notez enfin qu’à ce sujet, nous n’en dévoileront pas plus parce qu’Axiom Verge donne réellement du plaisir dans la découverte. Il saura surprendre les fans de Metroid et consorts en proposant des outils souvent assez originaux pour changer votre approche du genre, une originalité qui plaît et qui prend sa place naturellement dans le jeu. « Un héros n’est reconnaissable qu’à la valeur de ses gadgets » disait Batman, et lui il s’y connait !
Les combats de boss sont aussi très engageants ! En plus de la musique qui file la patate, les boss ne sont jamais trop simples, jamais trop compliqués. Ils utilisent un pattern défini qui, une fois maîtrisé, vous donne la possibilité de les battre sans vous faire toucher à condition que vous ne dérapiez pas sur les touches bien sûr. La fluidité du titre et la précision du gameplay mettent en relief cette phase de jeu si bien qu’il nous est arrivé de regretter que le titre ne propose pas de mode boss-rush afin de se taper la musique en continu et de s’amuser avec ces monstres démesurés, mi-créatures mi-machines. Enfin, les voir exploser en des milliers de particules rouges est tellement jouissif…
Mais il y a comme un grincement
Le genre metroidvania est un genre qui, par la force des choses, incite les allers-retours entre les différentes zones à la recherche des secrets et armes que vous ne pouviez atteindre faute des outils nécessaires. Sans voyage rapide proposé ou salle de téléportation à l’instar d’un Metroid, les retours vers la fin du jeu se montrent incommodes même si un monde « hub » est présent pour lier tout les jeux entre eux, hub qui fait plus office de sparadrap que de réelle solution au problème. Axiom Verge ne vous prend pas par la main, ce qui peut se montrer déroutant voire frustrant à certaines occasions. À l’instar de nombreux jeux modernes comme The Legend of Zelda: Breath of the Wild, le jeu vous laisse libre d’explorer pour trouver la suite de l’histoire mais les dernières aventures de Link semblaient mieux jouer cette feature, clairsemant ici et là des indices que vous pouviez suivre ou non. Axiom Verge vous lâche ici et vous laisse trouver la suite seul donc il va vous arriver de temps en temps de vous demander où mener Trace même si, en fin de compte, vous ne serez jamais perdu trop longtemps. Enfin, afin de vous éviter tout désagrément, un système de balise vous est également proposé pour marquer sur la carte les zones d’intérêt pour vous : bonus inaccessibles ? Zone infranchissable ? D’une simple pression sur « L3 » ou « R3 » votre marquage sera fait et vous pourrez retrouver plus facilement ce puzzle laissé derrière. Seulement, avec 2 balises disponibles par zone, il va vous falloir un peu de mémoire quand même vu que le jeu n’est pas avare en contenu inaccessible et en secrets divers et variés.
Enfin, une fois certaines armes débloquées, les joueurs au casque peuvent expérimenter quelque chose de plutôt gênant. Les musiques sont sublimes et jouer en portable donne réellement envie de jouer avec un casque afin de profiter au mieux du travail de fou qu’a accompli Thomas Happ dans ce titre (aussi en tant que compositeur) tant la musique rend honneur à l’expérience. Seulement certains sons provoqués par les ennemis peuvent se montrer stridents donc désagréables à l’écoute, voire douloureux. Ces sons sont raccords avec le côté mi-animal mi-machine des monstres néanmoins, mais ça ne rend pas le bruit plus agréable à l’oreille. Mais bon, ces défauts ne réduisent pas la qualité d’un titre qui a visé tellement juste dans la création d’un metroidvania original et efficace.
Conclusion d’Axiom Verge sur Switch
Axiom Verge est un très bon titre, le jeu est fluide et flatte la rétine. Il n’est pas qu’un Metroid-like de plus à rejoindre le catalogue mais au contraire possède une histoire engageante et des idées de gameplay riches et variées qui permettent d’apporter de la fraîcheur à un genre dont le style était devenu passé de mode avec les épisodes de Castlevania sur GBA et DS (même si eux aussi étaient très bons). Rendant fièrement ses lettres de noblesse à ce genre, Thomas Happ a fait un tour de force en nous proposant un titre au look anachronique et efficace qui donne du plaisir à découvrir. Le jeu est agréable à traverser mais les gens qui aiment fièrement montrer le 100% une fois le jeu terminé seront plus embêtés avec ce titre qui force à rechercher réellement partout, et parfois pour un long moment, tant il cache ses secrets.