Alors que le spin-off Nelke and the Legendary Alchemists est sorti depuis à peine 2 mois, la licence de jeu Atelier reprend à nouveau du service. Mais vous savez ce qu’on dit, c’est dans les vieilles séries que l’on fait les meilleurs jeux, et c’est exactement ce que tente de faire le studio japonais Gust. En effet, sorti initialement en 2009, l’arc narratif Arland est l’origine de l’arrivée de la licence dans nos contrées. Et tandis que Gust interroge ses fans japonais quant à l’avenir de ses jeux, le studio propose un retour en plein âge d’or avec Atelier Lulua: The Scion of Arland.
Ce quatrième opus reprend donc les rênes de la trilogie Arland dont le dernier opus remonte déjà à 8 ans. Petit plaisir coupable réservé aux seuls nostalgiques de la trilogie ou véritable renouveau, voilà toute la question ? Nous vous proposons de découvrir la réponse dans notre test de Atelier Lulua: The Scion of Arland sur PlayStation 4.
(Test de Atelier Lulua: The Scion of Arland réalisé sur PlayStation 4 avec une version du jeu fournie par l’éditeur)
Un destin tombé du ciel
On ne va pas se mentir, on commence à connaitre la chanson concernant les scénarios made in Gust. Il suffit d’un peu de magie, d’un peu de fantaisie, d’un personnage féminin mignon et on obtient le mélange parfait pour un bon début de jeu Atelier. Atelier Lulua: The Scion of Arland ne déroge pas à cette règle immuable.
On y suit l’aventure de Lulua, fille de la célèbre alchimiste Rorona, qui pratique l’alchimie sans grand talent malgré ses efforts. Elle va alors recevoir un petit coup de pouce du ciel – littéralement – pour l’aider dans son apprentissage, puisqu’un ouvrage magique lui atterrit sur la tête comme par magie.
Un début d’histoire qui fait forcément penser à Atelier Sophie, puisque les deux jeux débutent de la même manière. On repassera donc pour ce qui est de l’originalité de la chose. De manière générale l’intrigue d’Atelier Lulua nous a plus convaincus que le dernier opus, principalement grâce à ses personnages. Lulua est globalement réussie, elle est attachante et sa personnalité, ainsi que son caractère maladroit arrivent à apporter le brin d’humour nécessaire au jeu. Même constat pour les autres personnages, même si leur développement laisse parfois à désirer.
On regrette néanmoins que les protagonistes de l’arc Arland ne soient là que pour faire figuration et n’aient pas un plus grand rôle à jouer. Le lien entre la trilogie Arland et ce quatrième opus est donc trop mince pour que cela soit satisfaisant en tant que suite et on aurait aimé un background mieux exploité.
Alors est-ce que le scénario est bon ? Eh bien pas vraiment. Si le début laisse une bonne impression, on décèle très vite des failles dans la construction du récit. L’intrigue ne suit aucune logique et ses divers chapitres sont complètement disparates. Au départ, on nous annonce qu’il faut renouveler le bail de Rorona pour que cette dernière ne perde pas son atelier.
On s’imagine alors une course contre la montre à la manière d’un Atelier Firis, mais au final il n’en est rien. Le scénario passe constamment du coq à l’âne sans que les quêtes aient de liens entre elles, et plus l’intrigue avance et moins le joueur se sent impliqué.
Atelier Lulua: The Scion of Arland a pourtant de quoi faire rêver les fans sur sa forme. Un net progrès graphique est à noter sur cet opus, ce qui rend l’aventure bien plus sympathique à parcourir. C’est notamment le cas pour les environnements, bien plus convaincants que dans Atelier Lydie & Suelle. Il en va de même pour la musique, qui comme pour ses prédécesseurs, est un des points forts du jeu. Néanmoins, tout cela est au final gâché par un scénario mal monté qui n’offre aucune ligne conductrice définie.
Ça sent le soufre ?
Est-ce un échec pour autant ? N’y a-t-il rien de bon à sauver dans Atelier Lulua ? Heureusement pour nous ce n’est pas le cas. Si le scénario ne fait pas honneur à la série, son gameplay est nettement plus réussi. Toujours dans une logique de retour aux sources, les développeurs de chez Gust ont décidé de revenir à une formule plus classique en ce qui concerne l’alchimie et les combats. Pour les personnes n’ayant jamais touché à cette licence, l’entièreté de la progression tourne autour de vos compétences en alchimie et des recettes que vous êtes capable de réaliser.
Chacune d’elles nécessite de détenir divers ingrédients que l’on trouve durant nos joyeuses séquences d’exploration. L’un des principaux changements de ce nouvel opus est la disparition des puzzles sur damier qui avaient été mis en place dans la trilogie des Mysterious.
Le système a été épuré de son côté ludique pour au contraire accentuer le côté stratégique. Chaque élément possède dorénavant des affinités plus ou moins fortes avec les quatre éléments (feu, eau, terre, foudre). Fusionnez plusieurs éléments ayant les mêmes affinités influe positivement alors sur la puissance et la qualité des objets créés. Au contraire, mélanger des éléments contraires n’aura pour résultat que de faire échouer la préparation.
Ce système qui peut sembler simpliste au premier abord, va au contraire très vite se montrer bien plus complexe. Tous les ingrédients ne pouvant pas s’employer avec toutes les recettes, il va vraiment falloir se creuser les méninges pour obtenir le meilleur résultat possible. De plus, l’alchimie évolue très vite au cours de l’histoire dès lors que l’on acquiert la possibilité de changer les objets de catégorie. C’est alors une toute nouvelle manière de penser nos recettes qui se met en place. On peut donc passer des heures à se constituer un équipement sans que l’ennui vienne pointer le bout de son nez.
Les combats quant à eux n’ont pas subi le même sort et sont à contrario restés assez semblables aux derniers jeux, et ce, pour notre plus grand plaisir. Rythmé et fun, le système de combat n’oublie pas pour autant d’offrir un vrai challenge aux joueurs. Votre équipe est divisée en deux rangs distincts durant les combats.
La ligne frontale qui va subir les attaques adverses et rendre les coups, puis la ligne de soutien qui vous octroie des bonus et qui vient remplacer un personnage en cas de K.O. Chaque combattant ayant ses propres forces et faiblesses dans l’une ou l’autre des lignes, il est nécessaire de réfléchir à une stratégie efficace sur le long terme pour se constituer une équipe homogène et efficace.
Une nouvelle mécanique fait d’ailleurs son entrée dans Atelier Lulua: The Scion of Arland, c’est le système d’interruption. Propre aux alchimistes, elle permet comme son nom l’indique d’interrompre une action ennemie à n’importe quel moment du combat. Il est jouissif de lancer une bombe sur un ennemi alors que ce dernier s’apprête à nous frapper rageusement. Cela permet ainsi aux joueurs de se sortir de quelques mauvais pas lors de combats difficiles.
Mais les alchimistes ne sont pas les seuls à posséder des capacités particulières. Il est par exemple possible de combiner des attaques avec les personnages en soutien afin d’effectuer plusieurs coups. Bien gérer son équipe peut donc permettre aux joueurs d’effectuer de puissants combos. Certains combattants semblent d’ailleurs laisser éclater leur plein potentiel uniquement dans un rôle de soutien. Notamment Fix le magicien, qui utilise des cartes au lieu des points de mana et qui donne de puissants buffs à ses coéquipiers.
Sur les routes d’Arland !
Si l’alchimie et les combats sont deux des points centraux de la série Atelier, l’exploration est le fil qui lie chacun de ces derniers ensemble. La nécessité de trouver des ingrédients et d’augmenter notre niveau de combat pour accomplir des quêtes va sans cesse pousser Lulua à explorer de nouvelles zones. Si Atelier Firis avait été salué pour exploitation en monde ouvert, ce dernier aspect n’a fait que régresser depuis lors. Et malheureusement pour nous, Atelier Lulua: The Scion of Arland continue de s’enfoncer dans cette spirale décadente.
Tout comme Atelier Lydie & Suelle, cet opus délaisse une nouvelle fois l’open-world au profit d’un enchaînement de niveaux que l’on rejoint au travers d’une carte. Bien moins complexe à développer, le résultat est aussi beaucoup moins agréable à parcourir. De plus, les niveaux, qui n’étaient pas très grands dans le précédent jeu, ont encore vu leur taille diminuer, ce qui rend l’exploration fade et ennuyeuse. En effet, on ne peut pas réellement parler d’exploration quand une carte peut se visiter entièrement en moins de deux minutes.
Des efforts sont pourtant à noter, notamment sur les environnements qui ont fait l’objet d’un lifting appréciable pour être agréables visuellement. L’Alchemy Riddles, le livre trouvé par Lulua, permet aussi de donner un but plus concret à l’exploration grâce à des quêtes secondaires. Chaque chapitre est composé de plusieurs pages qu’il vous revient de décrypter.
Pour ce faire, on doit répondre à certaines conditions pour faire apparaître les parties manquantes des paragraphes du bouquin. Il peut alors s’agir d’explorer un lieu, de parler à une personne ou encore de combattre un monstre défini. Les récompenses à la clé étant souvent de nouvelles recettes, cela apporte un peu de profondeur à l’exploration du monde.
Les lieux ont d’ailleurs le mérite d’être assez diversifiés, mais leur petite taille empêche de réellement profiter de cela. Leur intérêt dans l’histoire est aussi très limité, puisque la plupart d’entre eux ne sert au final que de transition entre deux zones essentielles à l’histoire. On n’est alors obligé de les parcourir que pour une raison obscure, ce qui n’arrange pas dette sensation que l’on participe à un récit totalement décousu.
Atelier Lulua: The Scion of Arland n’est clairement pas la suite tant attendue de la trilogie Arlands. Sans être catastrophique, le jeu cumule de nombreux défauts qui le rendent à certains moments désagréable. Bien qu’il s’améliore sur plusieurs points, Atelier Lulua continue à délaisser des points essentiels de son gameplay tel que l’exploration, sans pour autant offrir une contre partie consolante. De plus, il se permet de nous livrer une histoire incohérente, alors que le scénario était jusqu’à présent un des points forts de la série Atelier.
Heureusement, l’alchimie et les combats viennent quelque peu rattraper le tout. Néanmoins, Atelier Lulua: The Scion of Arland tire le signal d’alarme d’une série qui doit clairement revoir ses priorités afin de ne pas sombrer dans le futur.