Loin d’être à son premier coup d’essai, le studio Fractional Games nous propose une quatrième frayeur, un quatrième épisode de sa saga devenue incontournable pour tous les amateurs du genre horrifique. Avec Amnesia, le studio suédois s’est imposé de par sa narration entièrement au service d’une ambiance des plus lugubres. Avec peu de moyens, mais beaucoup d’idées, la série s’est rapidement fait une place au plus près du soleil (noir), juste à côté d’Outlast de Red Barrels.
Après un Rebirth nous ayant moyennement convaincus, Amnesia: The Bunker quitte la fournaise algérienne pour nous propulser en plein cœur de la Première Guerre mondiale, dans l’enfer des tranchées. Car au-delà des tirs de mortier, des corps démembrés et des rats à l’appétit démesuré se cache une plus horrible créature…
(Test du jeu Amnesia: The Bunker sur PlayStation 4 à partir d’un code fourni par l’éditeur)
Qui a peur du grand méchant loup ?
Débuter un titre Amnesia est toujours un moment particulier, car on ne sait jamais d’où viendra la peur. On se doute bien que quelqu’un (ou quelque chose) nous traquera à un moment ou un autre, mais à quel moment, et surtout comment ? Amnesia: The Bunker n’échappe pas à la règle. On commence perdu au beau milieu d’une tranchée alliée attaquée. Sans arme et sans indication précise, il faut courir, se frayer un chemin parmi le reste de ses camarades et la boue. Les bombes pleuvent, les tirs fusent, on ne comprend pas tout ce qu’il se passe, mais on termine sa course dans un bunker vide. Personne semble entendre nos appels à l’aide, il n’y a pas âme qui vive. Nous sommes seul… Enfin, pas tout à fait.
Cette première phase de fuite à travers les tranchées sert en réalité de tutoriel. Amnesia: The Bunker mise essentiellement sur deux mécaniques de gameplay : porter/déplacer des objets, et briser (de bien des manières) des obstacles pour avancer. Car il faudra réfléchir vite et bien (et en silence de préférence) pour percer tous les mystères de ce dédale sous terre.
Durant votre quête de sortie, des bruits de plus en plus rapprochés et insistants se font entendre. Des explosions au loin ? Oui, mais pas que. Une entité erre en ces lieux et arpente les galeries à la recherche de chair fraîche. Le silence sera de rigueur, car celle-ci est attirée par le bruit. S’ensuit alors un jeu mortel du chat et de la souris avec un unique objectif en tête : retrouver les lueurs du soleil.
Alone in the dark (trench)
La discrétion sera l’une des clés de votre survie. Il faudra agir dans le plus grand des silences afin de ne pas alerter la bête. Car une fois repéré, vous avez très peu de chances de vous en sortir. Courir et se cacher seront vos seules options. Bien sûr, il faudra nécessairement faire du bruit à certains passages (allumer une machine, casser une porte…). La créature vous traquera et sa rencontre est inévitable. De base, les couloirs sont très sombres, et même si l’on pourrait les éclairer via un générateur central (qu’il faudra alimenter en carburant), l’utilisation d’une lampe-torche est obligatoire. Sauf que, celle-ci est une dynamo et fait un boucan de tous les diables, et la bête n’est jamais très loin…
Une vraie tension est générée à chacune de ses apparitions, la musique devient stridente, les battements de cœur s’accélèrent, la caméra se brouille. Pas de doute à avoir, la mort est proche. Amnesia: The Bunker excelle sur sa mécanique centrale de peur basée sur la totale impuissance, à l’instar d’un certain Alien Isolation.
Bien sûr, l’on pourra blesser la créature à coup de pièges et autres explosifs, mais celle-ci finit toujours par revenir, plus féroce que jamais. Rien ne peut l’abattre. Perdu dans ce bunker, il faudra retrouver son chemin et se frayer une sortie, qu’importe le prix. Fouiller les lieux devient ainsi vite nécessaire pour dénicher des ressources (munitions, carburant pour alimenter le générateur, soin…), mais aussi des notes et autres photographies, idéal pour mieux comprendre l’horreur des lieux et accentuer l’immersion.
Au centre du bunker, la salle des casiers des soldats disparus fermés par des cadenas à code. Il conviendra de retrouver les médaillons de chaque soldat pour obtenir le code de son casier. Précision importante : chaque partie génère des codes différents donc impossible de tricher en récupérant la liste en amont. Habile.
Durant votre exploration, certaines portes fermées bloqueront votre progression. Amnesia: The Bunker encourage la réflexion. Plusieurs possibilités s’offrent à vous : défoncer la porte (au risque d’alerter l’ennemi), essayer de trouver un chemin alternatif ou encore passer votre chemin si vous jugez que la prise de risque n’en vaut pas la chandelle. Malheureusement, le jeu n’est pas assez consistant pour pleinement convaincre sur cet aspect inventif de réfléchir à comment contourner les obstacles. Tout est fait pour encourager la prise de risques, mais en réalité, on usera principalement de la manière forte au risque de réveiller la créature.
En instaurant une vraie peur dans un contexte peu utilisé pour le genre, Amnesia: The Bunker réussit sa mission haut la main. Oui, on sent un manque flagrant de budget, un manque de moyens, mais les intentions sont bien là. Une réelle volonté des développeurs de bien faire, de nous proposer un univers cohérent est à souligner. L’ambiance de la grande guerre mêlée à la traque d’une entité inconnue est des plus réussies.
Court, mais intense, le jeu vous mettra en haleine à coup sûr. Proposé à un prix plus qu’abordable (24,50€), on ne peut que vous le conseiller, pour peu que vous aimiez les grosses bébêtes avides de sang. Bravo Fractional Games, la froideur de Rebirth est oubliée, et on a maintenant hâte de voir le cinquième épisode.