Le rétro. Un genre appartenant au passé et qui marche très bien aujourd’hui. En effet, parmi les joueurs se cachent des hommes et des femmes, manette à la main, tous à la recherche de quelque chose qui leur rappelle leurs années d’insouciance, ce temps où on n’avait pas à échapper aux responsabilités, un temps plus simple. S’ils ne possèdent pas de nom à proprement parler, on les reconnait. Leur cheveux se teignant petit à petit en blanc les trahissent, tout comme leurs cris plaintifs sur les réseaux sociaux, clamant haut et fort que « c’était mieux avant » comme leurs parents avant eux, alors que tournaient leurs albums des 2be3/Spice Girls/Nirvana dans leur radio CD… Aggelos leur parle à eux. En effet, il promet à ces gens de reprendre une dose de ce temps.
Surfant sur une vague rafraîchissante de nostalgie, saura-t-il cependant les combler ? Aura-t-il également quelque chose pour les autres joueurs ? Enfin, mettra-t-il tout le monde d’accord ? C’est ce qu’on va voir !
Aggelos – À la croisée des chemins
Instantanément familier
Aussi étrange qu’il n’y paraisse, Aggelos est une fois de plus un de ces action-platformers avec notions de jeux de rôle qu’on nous ressort à toutes les sauces ces dernières années, la recette que de nombreux développeurs plus ou moins paresseux s’amusent à sortir en surfant sur la vague des vieux pixels (saturant par la même occasion le marché quitte à en dégoûter plus d’un). Autant le reconnaître immédiatement, Aggelos ne déroge pas à la règle. Plus encore, il va loin dans le recyclage puisque le scénario est le plus cliché qui soit : le sauvetage de princesse. En effet, notre héros muet et anonyme rencontre comme par hasard la princesse en tout début de scénario, cette dernière s’étant enfuie du lieu où elle était maintenue captive et qui doit prévenir son père (le roi) de la menace que représente Valion, l’antagoniste. Pour s’en défaire, il faudra utiliser les 4 essences d’élément se trouvant dans les donjons correspondants. Cliché ? Oui clairement mais rangez les fourches parce qu’en vrai, on s’en fout que ce soit vu et revu.
Oui, on s’en fout car dès les premières secondes de jeu, le titre nous laisse entrevoir ce qui va suivre. Manette en main, Aggelos est aussi accueillant que confortable. Difficile de dire ce qui colle si bien dans ce jeu, est-ce ce scénario léger et creux qui vous donne envie de pousser plus loin ? La soif communicatrice d’aventure du héros qui rend insatiable celle du joueur ? Les couleurs chatoyantes ou même la musique entraînante ? On ne sait pas pourquoi, mais on veut faire ce périple et parcourir le titre en long en large et en travers. Et il le faut car le soft regorge de secrets. En effet, chacune des cartes dispose de petits chemins de traverse avec à la clé conteneurs de vie ou de magie ou quêtes annexes sous la forme de personnages originaux et souvent amusants (mention spéciale pour les singes). Et pour vous aider à y parvenir, toute une panoplie de coups et d’améliorations.
Et qu’est-ce qu’un héros sans sa palette de coups ? Et pour ceci, notre jeune et fringant guerrier est bien équipé. Si de prime abord il ne peut que sauter et balayer son épée devant lui, au fil de son périple, il pourra accéder à de multiples compétences acquises dans les donjons ou apprises auprès de maîtres (quelque chose qui rappellera Zelda II: The Adventure of Link, enfin, je dis ça au hasard, hein ?). Chacun de ces talents aura un usage aussi bien en combat que dans les différents environnements, permettant de découvrir les chemins et les coffres cachés que nous évoquions plus hauts. D’une certaine manière, Aggelos est un metroidvania mais les « stages » étant courts, les nombreuses allées et venues sont rarement frustrantes, donnant toujours plus à découvrir au sein de lieux que l’on pense connaître déjà par cœur.
Généreux sur tous les plans ou presque
Court n’est malheureusement pas un concept qui s’arrête à la taille des stages cependant. En effet, Aggelos n’est pas un long voyage. Ne comptez pas plus de 5h pour faire le tour du mode histoire et 6 pour récolter les quelques armures et épées (distillées dans le scénario), caches à XP et conteneurs supplémentaires. Les premières heures sont d’ailleurs extrêmement faciles et vous traverserez les premiers donjons sans une once de difficulté. Une difficulté qui vous permet de prendre compte de deux choses indispensables. Tout d’abord, il est primordial de bien maîtriser les sauts car le titre attend de vous une certaine précision en ce qui concerne les déplacements. Ensuite, une fois vous avoir bien laissé le temps de vous familiariser (après avoir passé les 2 premiers donjons), le jeu montrera ses vraies couleurs et vous confrontera à des pics de difficulté inattendus.
Pour compenser, le titre équilibre le tout grâce à votre inventaire. Il n’est pas (ou très peu) question de grinder dans le jeu. Aggelos met à votre disposition de nombreux dispositifs afin que vous ne soyez pas frustré au cours du voyage. Déjà, les points de sauvegarde sont nombreux et vous rendent aussi bien de la vie que des points de magie. Ensuite, si une situation devient épineuse, vous avez dans chacune des zones des armures et des épées, certaines d’entre elles possédant des talents particuliers et qu’il convient d’équiper et de rééquiper en fonction de la zone que vous cherchez à franchir. Pour finir, pour les combats et les zones les plus « tendues », vous pouvez toujours acheter des herbes et des potions (ces dernières vous permettant de vous soigner ou de se sauver des mains griffues de la mort). Il y a peu de chance que votre périple ne vous lessive au point de jeter la manette au mur.
Néanmoins, il reste un point ou deux à signaler. Ils sembleront peut-être anodins pour certains mais ont rendu par moment le test désagréables en ce qui nous concerne. Tout d’abord, si la progression semble linéaire, il est à constater que le titre peut parfois vous perdre. Si par moments, vous ne savez plus où vous dirigez, l’absence de réelles cartes est vraiment gênante. Effectivement, un onglet « carte » apparaît dans le menu mais l’option en soi est vraiment creuse. La carte ne vous donne aucun indice sur votre réelle position ou le chemin à suivre et vous aurez tout aussi bien fait de vous rendre au château au début du jeu afin de demander à la sorcière de vous dévoiler le chemin à suivre. Enfin, on est tous d’accord pour dire que, même malgré les souvenirs, certains éléments du passé sont très bien là où ils sont et c’est probablement aussi le cas pour les labyrinthes. Cette complainte est mineure et sert juste à introduire une quête supplémentaire mais rien n’est plus usant dans la progression d’une aventure qu’un labyrinthe vous forçant à retourner bien plus tôt pour en trouver la réponse.
Aggelos synthétise tout ce qu’on retrouve chez les plus grands tout en étant quelque chose de nouveau. Témoin d’une période de l’histoire, il est ce qu’il revendique, un hommage à un pan de l’histoire mais avec sa propre personnalité. Si vous êtes un nostalgique, toujours à la recherche de votre Madeleine de Proust vidéoludique, le titre contient tout ce qu’il faut pour donner de l’énergie à un vieux joueur en manque de rétro. Si vous êtes un néophyte, le voyage qu’Aggelos vous offre est simple, rythmé et court et collera parfaitement à un petit break entre 2 gros jeux (ou 2 grosses sessions Fortnite). Nous le recommandons très chaudement. Attention cependant à ne pas vous perdre sur la carte !