En annonçant un remake au cours de l’été 2021, Nintendo a vraisemblablement dû faire plaisir aux fans de la licence. Pour cause, Advance Wars qui a eu droit à deux opus sur Game Boy Advance au début des années 2000 jouit indéniablement aujourd’hui du statut de licence culte. Cependant, si au moment de la révélation, la joie était de mise, la déception n’était pas loin. Car, peu de temps après, l’entreprise japonaise venait vers son public avec la fâcheuse nouvelle de son report, histoire de le perfectionner davantage.
Et donc, au lieu de décembre de la même année 2021, le jeu était alors prévu pour une sortie au printemps 2022. Mais là encore pas de chance, un événement est venu perturber les plans fixés : la guerre en Ukraine initiée par le président russe. En conséquence de cela, un nouveau retard avait été prononcé par Nintendo qui jugeait de bon ton de ne pas publier une œuvre qui ferait écho à cette triste réalité (voire la dédramatiser).
Depuis, le temps a passé. La guerre continue toujours, certes, mais l’aura tragique qui l’accompagnait lors de ses premiers jours s’est semble-t-il légèrement dissipée, l’installant doucement dans le quotidien. Et c’est ainsi qu’Advance Wars 1+2 : Re-Boot Camp a pu sortir le 21 avril dernier. Maintenant qu’il est entre nos mains que vaut-il réellement ? A-t-il été réellement nécessaire de le ressortir sous une toute nouvelle forme ? On vous dit ça.
(Test d’Advance Wars 1+2 Re-Boot Camp réalisée sur Switch via une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Des guerriers décontractés
Connue depuis l’ère de la NES (du moins, c’est le cas au Japon avec l’épisode Famicom Wars), la franchise Advance Wars propose à son participant de commander des armées et de triompher de ses adversaires. Mais pour y parvenir, point de précipitation, de la patience et, surtout, de la jugeote s’imposent. Le bourrin ne l’apprendra qu’à ses dépends. Chaque mouvement doit être pensé, de même que la position de l’ennemi. En un mot, il faut anticiper en fonction de la capacité de chaque force. Pour cela, il est important d’analyser la portée de chaque unité présente sur le champ de bataille. Des unités qui évoluent et se diversifient au fil de notre progression.
Ces confrontations, qui peuvent parfois être assez longues, constituent tout l’intérêt du jeu, ou plutôt des jeux (doit-on rappeler qu’il s’agit d’une compilation ?). L’histoire, elle, est inexistante. Ce n’est pas problématique, mais ceux qui la rechercheront seront bien déçus. Finalement, ce qu’il faut retenir de la trame scénaristique servie tient en peu de mots : nos héros appartiennent à un pays en conflit (Orange Star) avec les autres nations limitrophes, et il leur importe donc de le défendre. Quant à ces personnages justement, que l’on introduit progressivement, ils sont dans l’ensemble assez plaisant à suivre et à entendre, car oui ils ont maintenant une voix (en français que l’on ne peut changer). Certes, les propos échangés ne sont pas des plus consistants, toutefois ils sont bienvenus dans le sens où ils sont vecteur d’une certaine légèreté.
Il y a ainsi un total décalage entre ce qui est représenté et l’ambiance du jeu qui est vraiment bon enfant. La guerre est traitée comme une partie de plaisir et sans réelle conséquence. Et pourtant, n’élimine-t-on pas des « hommes » ? Alors oui, ce n’est que de la fiction, et il faut laisser le jeu vidéo au jeu vidéo. Mais ça reste une représentation et, à juste titre, une porte d’entrée vers la réalité. D’autant que le public de Nintendo est généralement bien jeune.
Les stratèges entrent en scène
Advance Wars n’est certainement pas simple. Il faut de la maîtrise. Et, évidemment, le novice mettra un certain temps avant de s’habituer à la situation. Mais, heureusement pour lui, il est permis de se rendre la tâche un peu moins compliquée. Le premier venu se dirigera donc de bon cœur vers la proposition qu’on lui fait d’emblée : un niveau de difficulté moindre (facile, en l’occurrence). Et puis, s’il se retrouve perdu dans les premières minutes de jeu, il pourra également consulter les conseils qu’un personnage, Nell (une sorte de commandante en chef), lui fait lors de chaque situation nouvelle.
Stratégie oblige, le jeu demandera logiquement de la réflexion. En fait, c’est bien simple : Advance Wars n’est rien de plus, rien de moins qu’une sorte de jeu d’échecs où l’on dépend fortement des gestes que l’on fait sur notre grand échiquier divisé en plusieurs cases. Une faute d’inattention ou de précipitation peut coûter chère en pertes. Et plus, il y a de pertes, moins il y a de chances de réussir la mission. Normal. Les forces terrestres, et l’infanterie tout particulièrement, sont essentielles à la victoire. Sans elles, il est totalement impossible de s’emparer des bases et villes ennemies. Ce qui est primordial. Cela permet de renforcer nos positions, en nous octroyant un nouveau support tel le ravitaillement – une fonction qui, d’ailleurs, peut également être remplie par l’une de nos unités. Ainsi, en prenant des places appartenant à l’adversaire, on conforte par-là nos positions et on affaiblit logiquement celles d’autrui.
De la diversité et du plaisir ?
Advance Wars 1+2 Re-Boot Camp tient à mettre le joueur dans un état de confort, et y arrive légèrement. Différentes fonctionnalités tendent effectivement à se diriger vers cette finalité. Ainsi, c’est par exemple un rythme de jeu qui peut être légèrement accéléré, si l’on considère avoir affaire à quelques longueurs, ou encore annuler un tour lorsque l’on se retrouve en difficulté, voire abandonner totalement la bataille et recommencer depuis le début. Ce qui arrivera probablement, du moins si l’on apprend petit à petit à prendre en main le titre. Cela peut paraître fâcheux, néanmoins, on ressort un peu grandi de ces déboires, puisqu’en reprenant la partie de zéro, on a bien meilleure visibilité qu’avant.
Le contenu proposé est assez alléchant et brille par cette variété. Car oui, outre les campagnes solo déjà bien consistantes, le titre offre aussi une expérience multijoueur en ligne ou en local, ainsi qu’un éditeur consistant à créer nos propres cartes, avant de naturellement les partager. Ensuite, il y a aussi la présence d’un autre mode de jeu que l’on peut enrichir avec des éléments achetables via le magasin avec la monnaie que l’on se fait en accomplissant nos missions. D’ailleurs, à partir de ce même endroit, on peut acquérir des « objets » qui n’ont d’autres fonctions que notre plaisir. Donc si vous appréciez particulièrement la bande-son du jeu, c’est à partir de là que vous pourrez acquérir de ces morceaux écoutables via la galerie.
D’ailleurs, en parlant de cette composition musicale, elle reprend logiquement l’originale et il va sans dire qu’elle a été remaniée. Globalement, elle est assez agréable à écouter. Cependant, elle nous semble assez en retrait et un peu trop répétitive pour que l’on s’enthousiasme totalement à son sujet. Une remise au goût du jour qui est également de mise sur un plan graphique, comme on a pu précédemment le voir à travers les vidéos de présentation. Et honnêtement, ça tient la route, bien qu’il est forcément tout un monde avec ce que l’on nous proposait dans le passé. Mais est-ce que cela ajoute un réel plus par rapport à la version originale ? Probablement pas. En fait, cela pourrait même déplaire au puriste.
Cette nouvelle mouture d’Advance Wars signe donc le retour de la série après plusieurs années d’absence. Et cela fera du bien à la licence, qui profitera sans doute de cette nouvelle sortie pour gagner en visibilité et séduire un nouveau public. Ce qu’il pourra faire sans mal. Les moyens sont largement de son côté. Il sait briller là où il doit, à savoir ses phases de combat particulièrement intelligentes, mais parfois longues.
Toutefois, une question demeure : est-ce qu’il valait réellement le coup de faire un remake et non un simple portage ? Le nouveau venu lui ne verra aucune différence. Quant au fan de la première heure de la série, lui, il pourra non seulement éprouver un petite gène vis-à-vis de la direction artistique et demeuré sceptique face à la proposition qui finalement ne change (sans doute) pas vraiment de l’original.