Près de douze ans après Ace Combat 6: Fires of Liberation, Bandai Namco nous offre enfin la suite tant attendue de son dogfight arcade avec Ace Combat 7: Skies Unknown. Près de quatre ans ont été nécessaires pour voir aboutir ce fameux Project Ace, et gommer de la surface du globe le ratage Ace Combat Infinity. Exit donc le free-to-play multijoueur, on revient aux sources en balayant au passage Ace Combat Assault Horizon, spin-off certes bon, mais trop éloigné des standards de la franchise pour beaucoup.
Un retour aux sources qui se traduit par des sensations de pilotage retrouvées, une campagne longue et immersive, ainsi que par une pléthore d’avions à piloter et à améliorer. Focus sur l’une des très bonnes surprises de ce début 2019.
(Test de Ace Combat 7: Skies Unknown réalisé sur PlayStation 4 avec une version fournie par l’éditeur)
Ace Combat ce n’est pas que du dogfight bête et méchant, c’est aussi une histoire qui s’étale sur de nombreux jeux qui s’inscrivent dans le même univers à des périodes et lieux différents. Pour ce septième opus, Namco n’a pas changé de formule et nous propose toujours une campagne scénarisée dont la plupart des missions sont ponctuées par des cinématiques.
Pour ceux qui n’ont pas fait les épisodes précédents, la compréhension même des enjeux du scénario risque d’être franchement compliquée. Il y est question d’une guerre entre la Fédération Oséenne et le Royaume d’Erusea se trouvant sur la côte ouest du continent Usea dans le monde fictif, mais allégorique, de StrangeReal.
Sans rentrer dans les détails plus que cela, sachez que ce conflit a débuté suite à l’attaque de drones des forces éruséennes en territoire oséen pour des questions géopolitiques. Voilà pour ce qui est de l’intrigue de base qui, comme vous l’imaginez, est bien plus complexe que cela et tourne autour de drones mystérieux, d’extrémisme, de trahison et du destin croisé de plusieurs personnages au rôle majeur.
Une histoire planante
Ace Combat 7 s’inscrit totalement dans la saga et nous propose un scénario qui est loin de décevoir. Étonnamment profonds et intéressants, les propos qui y sont tenus sont parfois surprenants de lucidité. Il n’est pas question ici de se taper un énième pamphlet anti-guerre, mais bien d’avoir une réelle réflexion vis-à-vis du conflit et de ses enjeux.
On y incarne donc un pilote chevronné et talentueux au nom de code Trigger qui fait partie de l’escouade aérienne Mage pour la Fédération oséenne. Suite à quelques soucis, il se retrouve emprisonné dans un pénitencier qui sert de leurre pour détourner l’attention de l’aviation éruséenne. Seul personnage important qui ne participe pas à la narration et que l’on ne voit jamais – ou presque -, il est bien plus actif dans les airs et devient très vite l’atout numéro 1 dans la guerre contre Erusea.
Si Trigger est muet, surement pour que l’on puisse plus facilement s’identifier à lui, la narration est proprement inattendue, car dite de points de vue multiples. On suit plusieurs personnages au cœur de cette guerre, comme la princesse éruséenne Rosa Cossette D’Elise ou encore une mécano oséenne du nom d’Avril Mead. Ceci permet donc d’approfondir la psychologie entourant l’histoire, tout en veillant à ne pas tomber dans le trop bavard et le plat.
Ce dernier point n’est d’ailleurs pas chose aisée, car la mise en scène se veut plus de la succession de diapos qu’autre chose. C’est très statique, même si élégant, et on frôle parfois la crise de sommeil, sans jamais l’atteindre, car globalement la campagne jouis d’un bon équilibre entre narration et phases de jeu. Les briefings et débriefings sont quant à eux sommaires, brisent un peu le rythme, et finalement peu utiles, si bien qu’on les zappe assez souvent, hormis pour s’informer des forces en présence avant une mission. On préfère bien plus les échanges de nos coéquipiers dans les airs, plus pertinents.
Take My Breath Away
Il est toujours plaisant de constater que les développeurs s’appliquent à nous raconter une histoire captivante et cohérente même pour un simple jeu de combat aérien. Pour ce qui est du reste de la campagne, elle est plutôt longue et propose 19 missions.
Ces dernières sont suffisamment variées pour pas que l’on ne s’y ennuie, car même si le concept reste le même, soit abattre des cibles dans les airs ou au sol, quelques petites surprises rythment notre aventure aérienne. Il va falloir parfois voler à basse altitude pour ne pas se faire repérer par les radars ennemis, éviter certaines zones en pleine escarmouche au risque de se faire désintégrer sur place, et surtout faire avec de multiples imprévus et rebondissements au sein même des missions. Et là, on touche le gros point fort de ce Ace Combat 7: Skies Unknown, savoir se montrer surprenant et inventif sur le déroulé des escarmouches.
Arcade Era
Des escarmouches qui dépotent sévères d’ailleurs. On retrouve enfin les sensations que l’on avait en prenant un Ace Combat sur les deux premières PlayStation. C’est suffisamment intuitif et facile de prise en main pour ne pas perdre les fans de l’arcade, alors que les amateurs de simulation devraient aussi éprouver quelques sensations, surtout avec un joystick prévu pour.
Néanmoins, on est très loin de la simulation, ne vous y trompez pas, et ce malgré deux types de pilotage distincts. L’un s’adressant aux novices et ne demandant forcément pas trop de doigté pour être dompté et l’autre aux experts des roulis, des loopings et autres Post-Stall Manoeuvers, même si tous les avions ne peuvent accomplir cette dernière manœuvre. On jugera cette nouvelle entrée dans la franchise comme pas surprenante pour un sou finalement, car elle n’apporte que peu de nouveautés réelles lors des batailles, mais peaufine son pilotage, sa réalisation et place le plaisir de jeu et le fun au top de ses priorités.
En témoignent des affrontements explosifs, avec une IA devenant très vite entreprenante et qui réalise des choses inattendues et retorses pour nous piéger. Les courses poursuites aériennes sont démentes, nerveuses, notre interface clignote sans arrêt, il nous faut alors à la fois veiller à ne pas nous faire pulvériser en plein ciel, tout en restant collé au cul de notre proie. Il faut aussi toujours avoir un œil sur sa vitesse et son altitude pour ne pas décrocher, et faire attention lors de manœuvres à risque, car on peut très vite courir au crash.
Cela s’accompagne d’une bande-son remarquable, aussi bien côté bruitages que de par les musiques endiablées de Keiki Kobayashi qui nous livre là l’un de ses meilleurs travaux sur la licence.
Un pur bonheur qui se voit apporter aussi une petite nouveauté, pas révolutionnaire pour un sou, mais qui fait la différence. Il s’agit ni plus ni moins de la gestion des nuages. Parce que les traverser s’avère être autant dangereux qu’utile. Une fois à l’intérieur, on perd énormément en visibilité, le cockpit s’embue et de la glace peut se former sur notre avion, ce qui peut le paralyser quelques secondes. Cependant, ils permettent aussi de semer nos poursuivants, de nous rendre moins faciles à verrouiller et de prendre les ennemis à revers. Attention aussi lors des orages, être frappé par la foudre nous fait perdre pendant un court laps de temps toute l’électronique, donc plus de systèmes de visée, rien, que nos yeux pour pleurer.
Pimp my Plane
Tout ceci s’accompagne d’une montée en difficulté graduelle et couplée avec la possibilité d’acheter de nouveaux engins plus puissants, ainsi que tout un tas de pièces d’améliorations diverses en sacrifiant de l’argent gagné en solo ou en multijoueur. Il faut dire qu’à aucun moment on n’est frustré, car si la campagne est difficile, surtout en mode hard, le jeu nous permet très vite de pouvoir monter en gamme pour avoir une chance face aux ennemis les plus coriaces.
Autant dire que se défaire des drones accomplissant des prouesses aériennes qu’un Homme ne supporterait pas est plus facile avec un Gripen E qu’un MIG 21. S’il est difficile au départ de différencier les avions de chasse, de par leurs statistiques très proches, on doit reconnaître que la différence est grande entre un starter et un top tiers, surtout en pilotage expert. Le roster de près de 30 chasseurs est d’ailleurs assez impressionnant et si certains vont tiquer sur l’absence de quelques avions emblématiques, c’est plus que satisfaisant dans l’ensemble, avec cette petite touche technologie futuriste ici et là.
On distingue alors trois types d’avions, ceux spécialisés dans les assauts aériens, les autres dans les bombardements au sol et enfin ceux qui sont bons dans les deux domaines. C’est à nous qu’il revient de savoir quel zinc choisir en fonction de la mission qu’il nous faut accomplir et en priorisant nos cibles.
D’autre part, on peut donc améliorer nos coucous avec tout un tas de pièces disponibles à l’achat et elles aussi sont catégorisées en trois parties, celles qui augmentent nos atouts offensifs, défensifs, ainsi que les qualités intrinsèques de l’avion comme sa vitesse ou son accélération. Ce système est bien pensé et permet de spécialiser son avion dans un domaine précis pour l’adapter à nos besoins, car oui le nombre d’améliorations que l’on peut utiliser par appareil est limité.
Watch me flying
Revenir aux sources n’est pas tout, il faut aussi enfin permettre à la licence d’entrer dans la nouvelle génération qui ne l’est vraiment plus tant que ça. Ace Combat 7: Skies Unknown réussit plus ou moins sa mission.
Les avions sont remarquablement modélisés, et le ciel est d’une beauté saisissante avec des effets de lumière et climatiques qui explosent la rétine. C’est souvent très beau et artistiquement superbe, on est immergé dans cet océan azur et ces maps gigantesques aux décors aussi variés que réussis. Une véritable sensation de liberté se dégage de tout cela, d’ailleurs un mode vol libre permet de visiter les différentes cartes sans être interrompu par un chrono ou des assaillants.
L’action, elle, est toujours fluide et l’impression de vitesse bien rendue à l’écran, surtout en vue cockpit et lorsque l’on fait du rase-motte, on ressent bien les G nous arriver en pleine face. C’est de grande envergure, ça explose de partout, c’est vivant et on peine à trouver un instant pendant lequel reprendre son souffle, tellement on est stimulé visuellement.
Néanmoins, si en haut tout va bien, au sol c’est bien plus mitigé. Il y a tout d’abord pas mal de clipping ici et là et pour ce qui est des textures des bâtiments et autres objets cloués en bas, on a vu bien mieux. Toujours aussi cet effet de plat assez agaçant assez présent et oui, cela va souvent trop vite pour que l’on y prête plus attention que cela, mais tout de même, on aurait aimé un peu plus de travail sur ce point précis. On regrette par ailleurs que les changements climatiques soient scriptés, tout comme le cycle jour / nuit absent, sauf lorsque cela est imposé par le scénario et encore, on ne commencera jamais une mission de jour pour finir de nuit.
Aussi, on ne peut pas dire que cela soit toujours lisible, car l’interface est certes remplie d’informations utiles, mais peut-être un peu trop. On peine parfois à distinguer sa cible dans le torrent d’indication à l’écran, ou encore à lire les sous-titres nous informant parfois d’un changement d’objectif, ceci menant à un game over, car nous n’avions pas fait ou pu faire attention. Si vous êtes bilingues, jouez en anglais, le doublage est bon, et même si notre préférence va pour le japonais, cela est trop compliqué sur certaines missions de suivre les dialogues et faire attention à ne pas exploser en vol.
Multiplayer War
Ace Combat 7: Skies Unknown est aussi accompagné d’un mode multijoueur. Ce dernier nous propose deux modes de jeu somme toute classiques et efficaces. Le célèbre Battle Royale qui est dans la série un simple match à mort dans lequel tout le monde cherche à descendre tout le monde, et un match à mort par équipes qui est tout ce que son nom indique.
C’est ludique, confortable, et le matchmaking permet à des joueurs possédant des avions de même niveau de s’affronter pour éviter le déséquilibre. Il y a tout un tas de choses à débloquer, skins et emblèmes en tête. À noter que les améliorations que l’on achète pour son zinc sont pour la plupart du temps aussi bien utilisable en solo qu’en multijoueur.
On compte un total de 8 maps et tous les avions du mode solo, pour des batailles frénétiques et d’un niveau supérieur à l’IA de la campagne, qu’on rappelle très bonne en plus. Avoir des coéquipiers réels change aussi la physionomie de nos parties, car en solo nos alliés font plus de la figuration artistique qu’autre chose. C’est réussi et cela contentera largement les fans de la franchise.
Pour des raisons techniques et surtout parce que nous n’avions pas de casque VR sous la main, il nous a été impossible de tester Ace Combat 7 avec le casque de Sony. Nous ne pouvons donc pas vous dire si oui ou non c’est une plus-value intéressante.
Ace Combat 7: Skies Unknown réussit à remettre la licence sur de très bons rails après un épisode Infinity détestable. On retrouve tout ce qui fait la force de la saga, à savoir un scénario intéressant, une campagne longue et immersive, des combats aériens endiablés, ainsi qu’une pléthore d’avions à piloter et personnaliser.
Les nouveautés ne sont pas légion, si on met de côté la nouvelle gestion des nuages, et c’est probablement son plus gros point faible. Hormis cela et quelques légers accrocs, Ace Combat 7 fait le boulot aussi bien en solo qu’en multijoueur et c’est tout ce qu’on lui demandait.