Au vu des images véhiculées et de la réputation du développeur Giant Squid Studios, nouvelle branche des talentueux Thatgamecompany, Abzû en avait lourd sur le dos. En effet, avoir des prédécesseurs du nom de Journey et Flower, titres devenus cultes pour certains, n’apaise pas les attentes, bien au contraire.
Nouvelle histoire, nouveau lieu, Abzû quitte la terre ferme pour se plonger dans les océans infinis, terrain de jeu assez peu fréquent pour joueurs. Tout le jeu se fait donc sous l’eau, au plus profond des océans, là où sommeillent bien des mystères. Après la claque visuelle (et sonore) prise par Journey, on est en droit de s’attendre à un même résultat pour Abzû, alors qu’en est-il réellement ? Giant Squid Studios renouvelle-t-il l’exploit ?
Une plongée mémorable
Les premières images d’Abzû font l’effet d’un véritable raz-de-marée pour vos rétines. C’est tout simplement magnifique, c’est épuré, coloré et on ressent comme une sensation d’apaisement en contemplant les différents décors. Comme pour Journey, Abzû se distingue d’entrée de jeu par une réelle identité graphique à faire frémir les moins émotifs d’entre nous. Nous incarnons un plongeur atypique, strictement aucune indication n’est donnée sur ce petit personnage. Notre héros se réveille au beau milieu de l’océan et va très vite comprendre que toutes les réponses se trouvent au fin fond des mers.
Abzû excelle littéralement dans son level-design, c’est beau, immense et facile d’accès. Tel un poisson, vous bougez à votre gré sous l’eau. Alors oui, les zones sont limitées, on ne peut pas voguer à l’infini mais aucune sensation de linéarité n’est à déclarer. Tout est pensé pour retranscrire l’immensité des océans, que ce soit par leur dimension ou par leur population… peu loquace. Abzû fourmille de poissons en tous genres, de la baleine à bosse aux poissons-clown, on y rencontre bon nombre de créatures sous-marines parfois curieuses, parfois craintives. L’immersion au cœur des océans est donc une mission sacrément réussie.
Cerise sur le gâteau, le titre nous apaise. Pas de martelage de bouton, pas d’ennemi mortel, on se contente d’avancer à notre rythme et d’explorer la région, sereinement ; le tout accompagné par une bande-son tout simplement grandiose. Austin Wintory est aux commandes, cet homme n’a plus rien à nous prouver. Tout ce qu’il compose est un succès, oui, même Assassin’s Creed Syndicate.
Le calme sans la tempête
Attardons-nous un peu plus en profondeur sur le gameplay. Un bouton pour nager, un pour nager un peu plus vite (à coup de brasses), un autre pour chevaucher des poissons et un dernier pour interagir avec des éléments du jeu, c’est tout. Oubliez toute notion d’attaque, Abzû joue essentiellement la carte de la contemplation, aucun ennemi ne voudra vous ôter la vie, aucune timer ne vous donnera des coups de stress. Non, ici, tout est calme et reposant… un peu trop même. L’objectif du jeu est de raviver des temples enfouis pour réveiller les profondeurs de l’océan, apparemment éteintes depuis l’attaque d’étranges identités.
La recette scénaristique de Journey reprend effet dans Abzû, tout est à découvrir par vous-même. Fouillez chaque recoin pour comprendre les événements car le jeu ne vous donnera aucune explication directe. On devine juste que l’océan est menacé par une sorte de technologie avancée. Quelle est l’identité de notre personnage ? À quoi servent les temples ? Il faudra plonger bien profond pour avoir les réponses. Le manque d’action est pallié par des objets plus ou moins cachés à récupérer. Qui sait ce qu’il se passera quand vous aurez tout récupéré… d’autres réponses ? Comptez environ trois heures pour boucler l’aventure, ce qui est peu, très peu même. Rassurons-nous en se disant qu’il faudra recommencer le jeu pour percer tous les mystères du titre.
Abzû est définitivement un titre qui se veut être contemplatif et reposant. Sans action, défi et enjeu, le jeu en rebutera plus d’un. Alors oui, à certains moments, on frise l’ennui, inutile de se leurrer. Mais malgré ce vilain ressenti qui nous guette, on continue d’être admiratif devant ces décors somptueux et la myriade de couleurs. Sa singularité visuelle, sa poésie constante, son gameplay simpliste et son OST grandiose échappent Abzû de la noyade. Finalement, le titre ressemble plus à une expérience à vivre qu’à un jeu vidéo.
On est bien loin d’un Journey mais Abzû n’a rien à envier à son saint prédécesseur, il nous propose une parenthèse enchantée dans notre quotidien de joueur chevronné. Et ça fait un bien fou. Plongez dès que vous pouvez.