Décidément, le coop shooter revient à la mode. Après un Just Die Already qui relève plus de l’essai que d’une production sérieuse, DoubleMoose Game se lance dans Abyssus, une prise de position sur le fast arena shooter à laquelle le studio décide d’ajouter une pincée de Rogue. Avec plusieurs phases de démonstration au Steam Next Fest et une approche définitivement Rogue-like, Abyssus a la lourde tâche de passer après l’incroyable Mycopunk dont nous chantions les louanges il y a peu. Courage petit, c’est l’heure du grand bain !
(Test d’Abyssus réalisé sur PC à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
Abyssus, croisement et influence
Évidemment, le premier pas dans le jeu ne peut occulter ses différentes références, un style visuel assez classique couplé d’un univers à la BioShock. Abyssus se situe dans un univers dit Brinepunk, comprendre par là que la source d’énergie principale s’appelle le Brine et se trouve dans les tréfonds de l’océan, alors on enfile un scaphandre et on part à la conquête des abysses avec un air assumé de Big Daddy des profondeurs.
Passé les quelques pierres brillantes et les différentes espèces qui rappellent l’imaginaire littéraire de ce bon vieux Lovecraft, nous sommes bien forcé d’avouer que l’enrobage ne nous a pas convaincu. On peut mentionner la customisation des armes qui apportent une certaine variété, mais là encore c’est négligeable. On se situe, côté inspiration gameplay, entre Gunfire Reborn et Robo Quest, ce qui n’est pas forcément un mauvais chemin à prendre. Malheureusement cette mentalité d’enchainement de salle devient vite monotone et répétitive.
À la chasse au cachalot il nous faut un bon harpon
Dans Abyssus, on nous donne une arme automatique, une grenade et on nous présente les différentes façons d’infliger des dégâts, un clic gauche classique, un clic droit dit « spécial » et une capacité (en l’occurrence, la grenade). Et en avant Guingamp. Comme mentionné, le jeu s’inspire de jeux inspirés par l’arena fast fps, comprendre ici qu’on nettoie une salle avant de passer à la suivante et ainsi de suite jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Rattrapons tout de même la surcouche Rogue-like qui est si légère qu’elle était en train de s’envoler. On peut choisir, en arrivant devant un autel à la fin d’une salle, un des deux pouvoirs tirés des 10 qu’on pourrait apercevoir au cours de l’aventure. Chacun de ces pouvoirs est un effet passif et le jeu nous tire encore une fois deux choix parmi les différentes façons d’infliger des dégâts.
Si les effets sont assez plaisants d’un point de vue du lore et du visuel, il en reste que ce ne sont là que des effets passifs qui ne modifient pas fondamentalement la façon de jouer. Pas de nouvelles mécaniques, pas (ou peu) de timing à respecter, pas de nouvelles cibles, pas d’alignement… Abyssus aurait beaucoup à apprendre d’un certain Witchfire dont nous démontrerons les qualités quand il sera définitivement sorti.
Amiral, faites feu !
Abyssus est une réussite sur un point, le plus important fort heureusement, qui est le gamefeel. Le rythme est parfait et les sensations de tir sont franchement satisfaisantes. On se plaît à tirer sur tout ce qui bouge à 100 à l’heure et évidemment l’action est bien plus grisante à plusieurs, générant un brouhaha frénétique duquel on ressort boosté ! DoubleMoose Games nous vend un « océan de personnalisation » avec 8 armes et 45 mods, ne prenez pas trop peur, on a largement pied dans cette mare.
On en parlait en introduction, difficile de passer après Mycopunk, 8 armes ayant chacune trois emplacements de mods précis (un canon pour votre fusil donne un bonus, mais impossible de mettre deux canons, logique quelque part) et une dizaine de capacités allant de la grenade basique à la tourelle ou au fracas d’une ancre en tant qu’attaque de mêlée. On a rapidement customisé son arsenal.
Tout ça est d’autant plus vrai quand on se décide à débloquer toute cette personnalisation, on trouve de temps en temps une monnaie qu’il nous faut acquérir en quantité pour faire avancer un arbre de talent (qui n’en est pas vraiment un puisque le but final est de tout débloquer) tandis que les modificateurs d’arme se cachent derrière des succès plus ou moins longs et difficiles à compléter.
Mais le véritable problème de ces améliorations vient du fait qu’on est pas face à un vrai travail d’imagination. Non, désolé, jouer 3 heures pour gagner 12% de dégâts ça ne nous fait pas rire. Ajoutons à cela que la seule seringue de soin garantie (comprendre par là qu’on peut occasionnellement en trouver en jeu) verrouille artificiellement la progression dans les abysses puisque les points de vie tombent inlassablement.
Évidemment la courbe de difficulté est également brutale puisque chaque biome qui suit un boss est infiniment plus difficile que le précédent, un peu comme si il nous fallait ces fameux 12% de dégâts bonus…
Abyssus est, très malheureusement, un jeu qui ne réinvente rien. On aurait aimé adorer cette petite pépite de gamefeel, mais tout l’aspect meta qui enrobe ce gameplay furieusement sympathique n’est tantôt qu’une réutilisation de déjà vu tantôt qu’un passe droit pour briser le mur qui suit. Attention à ne pas s’y méprendre, jouer entre copain et dézinguer de la créature reste une expérience sympathique si on ne cherche pas à creuser plus que ça.
On remercie tout de même les développeurs qui, non content d’avoir eu la malchance de passer après Mycopunk, promettent des futurs DLC entièrements gratuits nous permettant de rêver à un futur plus radieux.