Les passionnés, ces gens dont les centres d’intérêt finissent par régir leur vie, toujours un pied dans la vie active et l’autre dans le monde auquel ils se dédient. Matt Bitner est l’un des ces passionnés, toujours fasciné par le monde du jeu vidéo jusqu’au jour où il finit par choisir de se consacrer entièrement à cette passion, développant à lui seul un jeu connu sous le nom de A Robot Named Fight!. Sorti le 7 septembre 2017 sur PC, le jeu a fait son petit bout de chemin jusqu’à pouvoir arriver sur la Nintendo Switch. Prévu pour le 26 avril 2018, A Robot Named Fight! méritera-t-il de faire saigner votre compte en banque ?
A Robot Named Fight!, ou comment rendre hommage à la meilleure chasseuse de prime
Robot rock !
Des millénaires de paix se sont écoulés depuis que les Dieux Mécaniques se sont élevés et ont laissé aux robots inférieurs le soin de s’occuper du monde. Mais quelque chose de terrible et oublié remue à présent parmi les étoiles. La Méga-Bête, une boule de chair pulsante de la taille de la lune, couverte d’innombrables yeux, bouches et organes reproducteurs, pénètre l’atmosphère et crache sa progéniture sur le monde. C’est donc à vous, un robot solitaire, de combattre cet inarrêtable fléau de chair.
C’est par ces quelques phrases que vous sera introduit le scénario du jeu A Robot Named Fight! (en anglais dans le jeu). Bien que le thème de base soit assez commun, une population devant faire face à un oppresseur oublié, et se libérant par l’ascension d’un héros solitaire, il n’en reste pas moins clair et efficace. Comme l’écrivait Jean-Paul Sartre : « L’enfer, c’est les autres », et l’enfer, vu par la population décroissante des robots, sera une abomination de chair affamée, à la croisée entre les films d’horreur et de science-fiction.
Harder, better, faster, stronger !
Vous aimez les Rogue-likes ? Et les jeux du type metroidvania ? Parfait, car A Robot Named Fight! est pile à la croisée des chemins. Comme dans un Rogue-like, votre mort se conclura par un retour au point de départ et une perte de tous les bonus que vous aviez amassés lors de votre parcours, vous forçant à prendre connaissance de tous les types d’ennemis et de pièges qui pourront joncher votre route. L’apprentissage des stratégies à adopter face aux créatures de chair sera sans doute le point à ne surtout pas négliger au vu de la variété des engeances de la Méga-Bête. Des chocs électriques aux jets de reflux gastriques, en passant par les crocs et les griffes, notre cher robot aura de quoi calmer ses pulsions combatives.
Du côté metroidvania, la filiation du titre ne laisse aucun doute possible. Du design du héros (humanoïde avec un bras-canon), aux animations ou transitions de sections, les fans de Super Metroid devraient avoir quelques relents de nostalgie. Pour les néophytes, cette appellation provient de deux séries : Metroid et Castlevania, qui proposaient de parcourir des environnements en 2D et de récupérer des améliorations qui vous permettaient de progresser toujours plus en avant à l’aide des compétences qu’elles vous débloquaient, ouvrant ainsi de nouveaux chemins auparavant inaccessibles. A Robot Named Fight! sera donc du même acabit, mais y mêlera le Rogue-like pour apporter une difficulté nouvelle.
C’est d’ailleurs ce mélange qui amène le gros point fort du jeu, outre sa rejouabilité : vos différentes sessions seront générées de manière procédurale, en incluant la variante des améliorations à récupérer, changeant à chaque nouvelle partie. Ainsi, au réveil de votre robot, vous ne pourrez avoir accès qu’à un nombre très limité d’améliorations et votre parcours sera adapté en conséquence. Pour illustrer nos propos, si des portes requièrent des dégâts explosifs pour être ouvertes, vous devriez tomber très rapidement sur le lance-missile. Mais votre prochain départ pourrait très bien favoriser un nouveau type d’arme ou d’amélioration (tirs électriques, glissade, transformation en araignée mécanique, etc.), les possibilités sont énormes et garantiront un renouvellement constant de vos parties (sauf si vous ne jouez qu’une partie seedée, un code vous permettant de jouer toujours à partir du même tracé).
De plus, à mesure de votre avancée, vous pourrez rencontrer des robots forgerons, qui vous proposeront de créer pour vous des pièces d’amélioration et d’armement en échange de quelques fragments de métal et d’un peu de pièces de technologie archaïques. Et si cela ne vous suffit pas, vous pourrez en débloquer de nouvelles à chaque complétion d’un des différents achèvements du jeu. De douces heures de morts et de résurrections en perspective, n’est-ce pas ?
La danse du (peuple) robot
Pour ce qui est de la direction artistique, A Robot Named Fight! emprunte beaucoup de son aspect visuel aux jeux de l’ère 16-bit, toujours en rapport avec cet amour inaltérable de Matt Bitner pour Super Metroid. Ainsi, alors que votre aventure débutera dans les décors de la ville des robots, attaquée par la Méga-Bête laissant apparaître ses gigantesques appendices en arrière-plan, la suite de vos péripéties vous mènera dans de sombres grottes souterraines jonchées de tuyaux métalliques, une ancienne usine de montage ou encore dans les décombres d’une ville précédant l’avènement de la civilisation robotique. Ce dernier environnement recèle d’ailleurs des indices quant à l’histoire du peuple robotique, tâchez donc de gardez l’œil ouvert lorsque vous y mettrez les pieds.
Chaque environnement aura droit à son thème musical, permettant de donner une identité propre à chacun d’eux, et même s’il sera possible de reprocher un manque de variété dû au nombre des environnements, il n’en sera pas moins appréciable de constater qu’un effort pour attribuer une ambiance à chacun de ces lieux aura été accompli. Les bruitages sont tout aussi réussis, avec ces petits éclatements de chair lorsque vous détruisez l’une des engeances de la Méga-Bête, laissant au passage quelques morceaux de chair ensanglantés rouler au sol et teinter de leur douceur rougeoyante les murs et sols qu’elles effleureront. Poésie, quand tu nous tiens.
Conclusion de A Robot Named Fight!
A Robot Named Fight! sera sans conteste le compagnon de jeu idéal pour les fans de metroidvania en manque de décors 16-bit en 2D. Avec un game-design brillant par l’intelligence de sa conception, un mode coopératif à deux joueurs en local et des possibilités quasiment infinies pour générer vos parties, nous en oublierions presque qu’il ne s’agit du travail que d’un seul homme. Et cet homme aura mis du cœur à l’ouvrage, à n’en point douter. Matt Bitner a signé un jeu qui fait honneur à la scène indépendante, chapeau bas l’artiste.
Pour notre part, il ne nous reste plus qu’à chaudement vous conseiller de vous diriger vers l’eShop dès la sortie du jeu si tant est que le mélange de metroidvania et de Rogue-like soit ce que vous aimez.