Depuis leurs débuts sur arcade, les jeux de combats ont cristallisé l’envie des joueurs du monde entier de savoir qui est le plus fort à la bagarre. Et comme l’opportunité était alléchante, les terrains de jeux se sont multipliés. Ces temples de la castagne virtuelle continuent de servir aux fans leur dose d’adrénaline et de sueurs. L’un de ces élus est la série Tekken, représentante des combats 3D et invitée de marque à l’EVO. C’est d’ailleurs à cet évènement que Katsuhiro Harada a pu confirmer ce dont il avait fait mention l’an dernier : le prochain Tekken sera certainement le dernier sur lequel il travaillera.
Perdre un visage
Avoir une figure de proue humaine pour un produit culturel, c’est donner un visage à la complexe recette de création de ce produit. On se sent beaucoup plus proches d’une entreprise lorsqu’on a l’impression d’interagir avec une personne plutôt qu’avec un logo. Pour cela, le milieu du jeu vidéo a correctement emboîté le pas de ses prédécesseurs tels que le cinéma, la musique ou l’art, et a donné des visages communicatifs à ses produits. Feu Satoru Iwata pour Nintendo, Gabe Newell pour Steam, ou à de plus petites échelles, les multiples développeurs indépendants comme Scott Cawthon ou Toby Fox sont autant d’exemples de personnages publics qui incarnent leur création.
Harada est devenu lui aussi au fil des années le visage hors jeu de Tekken, en étant proche de la communauté et en apparaissant régulièrement pour informer les joueurs de l’avenir de la série. Et cette proximité permet aux compétiteurs de se sentir réellement entendus. Alors même si Harada pense que son départ (ainsi que celui de Michael Murray) ne devrait pas particulièrement impacter la série, il sous-estime peut-être l’importance qu’il a acquis au fil des années, et l’ampleur de la tâche que sera celle de le remplacer.
« D’autres jeux rencontrent le succès sans ça, ça n’est pas comme si c’était nécessaire, ou bien le jeu n’aurait aucun succès. Nous pensions juste que c’était ce dont nous avions besoin à ce moment là. » Katsuhiro Harada, interview pour Eurogamer, août 2025 (traduit par la rédaction)
Perdre le capitaine Tekken
Au delà de la proximité avec la communauté, c’est évidemment niveau développement que le départ d’Harada peut inquiéter. Car s’il a acquis au fil du temps un rôle de producteur, le monsieur restait toujours extrêmement impliqué dans la partie développement. Et pour l’intéressé, la question a plusieurs facettes.
Le cœur de Tekken réside dans ses affrontements, dans leur nervosité, leur précision et leur complexité, à la fois mécaniques et stratégiques. C’est un ensemble de rouages dont chacun a reçu au fil des itérations un peaufinage afin qu’un simple huilage régulier maintienne désormais un équilibre compétitif pour le mécanisme. Et pour cela, les équipes de Bandai Namco peuvent compter sur un savoir-faire d’horloger acquis par une multitude de personnes, et pas seulement Harada ou Murray.
« J’ai l’impression qu’au fil des 30 dernières années, le gameplay a été poli et que tout est en place, donc il est plus facile de continuer avec quelqu’un d’autre. » Katsuhiro Harada, interview pour Eurogamer, août 2025 (traduit par la rédaction)
Mais si ce cœur doit continuer à être oxygéné convenablement, une balance des pouvoirs au sein des différents organes de Bandai, acquise grâce aux travaux d’Harada, doit subsister. Et c’est là que le bât pourrait blesser, car le poids du bonhomme sur les décisions de Bandai ne saurait être immédiatement répliqué par une autre personne. Cette précieuse balance serait alors déréglée, et laisserai un pouvoir décisionnaire plus grand aux organes financiers, tandis que la créativité serait délaissée au profit des revenus.
« Il faut qu’il y ait une voix assez forte [dans l’équipe de développement] pour être au même niveau que ces gens. Donc ma crainte est que si il y a un pôle créatif qui n’a pas la même position que ceux qui dirigent l’entreprise… J’ai peur de ce qui pourrait se passer. » Katsuhiro Harada, Interview pour VG247, septembre 2024 (traduit par la rédaction)
Pour l’instant, gardons les yeux rivés sur Tekken 8, car il continue de faire des étincelles, même si son contremaître ne se sent plus vraiment d’attaque.
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