Si vous êtes amateurs de manga, et plus particulièrement de shonen, difficile de passer à côté du phénomène Spy x Family. Écrite et dessinée par Tatsuya Endo depuis 2019, la saga met en scène l’agent secret Twilight face à la plus délicate mission de sa carrière: éviter la guerre en démantelant un complot secret.
Mais pour approcher sa cible principale, Twilight va devoir fonder une famille totalement factice, composée de femme, enfant et même chien. Le carton est total, avec plus de trente millions d’exemplaires vendus à travers le monde et un animé déjà devenu un classique des cours de récréation jusqu’aux facs. De manière surprenante, malgré des dizaines de produits dérivés en tous genres, aucun jeu vidéo estampillé Spy x Family n’avait encore vu le jour. C’est maintenant chose faite, avec la sortie de Spy x Anya: Operation Memories.
Disponible depuis le 28 juin en Europe, le titre centre son gameplay sur le personnage d’Anya, devenu symbole de la mignonnerie et de l’humour de l’oeuvre. Résolument orienté party game, le titre parvient-il à éviter le piège du jeu fan service quasi récurrent des oeuvres adaptées ?
(Test de Spy x Anya: Operation Memories réalisé sur PS5 à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
Dans l’épisode précédent
Avant de rentrer dans le vif du sujet Spy x Anya: Operation Memories, un petit résumé s’impose. Car autant le dire d’emblée, le jeu présente une histoire sans grand intérêt, mais surtout sans présentation de l’univers. Le joueur est débarqué sans aucune introduction préalable des protagonistes et des enjeux. Volontaire ou impardonnable oubli ?
Pour les amateurs de la saga, aucun soucis, mais pour les novices, c’est un grand pan de la narration qui restera bien flou. Alors pour ceux qui seront tentés par l’expérience, rattrapons l’erreur en proposant notre propre bref résumé (sans spoilers), selon nous nécessaire pour pleinement profiter du titre.
Bienvenue chez les Forger. Plus précisément, bienvenue dans le quotidien d’Anya, petite fille aux cheveux roses adoptée par le couple composé de Loïd et Yor Forger, le point de départ de Spy x Family. Jusque là, rien d’exceptionnel. Mais lorsqu’il s’avère que Loïd est en fait un espion d’état connu sous le pseudonyme de Twilight, que sa femme Yor est une terrible tueuse à gages, et qu’Anya dispose de dons de télépathie, cela change la donne. Et c’est encore plus drôle quand aucun des protagonistes, hormis Anya (télépathe, rappelons-le) n’est au courant de la vie secrète des autres membres de cette famille totalement factice créée par l’espion pour mener à bien l’opération Strix. Objectif : éviter la guerre.
Alors que l’intrigue du manga regorge de rebondissements, de personnages secondaires croustillants et d’humour, Spy x Anya: Operations Memories ne dépassera quant à lui jamais le stade du scénario enfantin, jouant la carte de la mignonnerie au détriment de celle de la surprise et de la prise de risque. Décevant au premier abord, mais peut-on vraiment reprocher cela à un simple party-game ?
Forger Snap
Car finalement, le premier jeu issu de la franchise Spy x Family reprend les mêmes principes que la majorité des jeux du genre : un scénario très léger voire inexistant, prétexte à des mini-jeux en tous genres. Ici, dans le cadre de ses études dans la prestigieuse Académie Eden, Anya doit réaliser un journal intime racontant son quotidien. Pour cela, elle doit immortaliser ses souvenirs de vie grâce à un appareil photo.
En interagissant avec des objets baptisés super cool, à la maison, à l’école, ou lors de sorties au parc, à l’aquarium ou au centre-ville, le joueur déclenche le mode appareil photo et se lance à la recherche du parfait cliché. Gérez bien la mise au point, le positionnement et le timing, et c’est dans la boîte ou plus précisément dans l’album photo. Ajoutez-y un zeste d’interaction sociale via des dialogues possibles avec des personnages importants de la saga, et vous aurez à peu prés déjà fait le tour de la partie narrative de Spy x Anya: Operation Memories.
Pour chaque photo réussie, vous remporterez des points vous permettant d’accéder à des mini-jeux le soir de retour à l’appartement des Forger, vous offrant eux-même la possibilité de remporter des tickets de loteries à utiliser ensuite. Avec moins d’une vingtaine de mini-jeux, le titre ne révolutionne pas le genre, mais fait au moins l’effort de lier chaque mini-jeu au lore du manga.
Faire la cuisine avec maman, se retrouver dans la peau de papa en pleine mission d’infiltration ou encore incarner Anya contre des agents secrets dans une imitation de Pac-Man, un vrai travail a été réalisé sur les animations et la variété des jeux et c’est avec un vrai plaisir que nous avons passé quelques minutes dessus chaque soir après la journée d’école d’Anya.
Un jour sans fin
Les passages dans le quotidien de la famille Forger sont une réussite, notamment grâce à de jolies animations et aux voix japonaises renforçant l’immersion et donnant vraiment l’impression de nous balader à l’intérieur du manga. Malheureusement, l’aventure d’Anya, rafraichissante et enjouée au départ, prend vite des airs de celle de Bill Murray dans Un Jour sans Fin.
Passée la découverte du système de jeu et les premières photos, le jeu devient rapidement ultra répétitif, enchainant sans aucune surprise les phases de réveil, d’école, de retour à la maison et le diner. Seule une sortie tous les trois jours et la possibilité de customiser les tenues des quatre habitants de la maison grâce à vos victoires dans les mini-jeux permettent de sortir de la boucle rapidement devenue infernale. On retourne régulièrement dans les mêmes lieux restreints, on retrouve même parfois les mêmes dialogues, donnant l’impression d’un jeu bâclé au niveau de l’écriture.
Bien sûr, Spy x Anya: Operation Memories se place au niveau de son public cible en proposant un jeu à l’ambiance enfantine et à la structure rassurante pour les joueurs les plus jeunes. Mais n’aurait-il pas fallu faire le choix d’une aventure moins longue et de plus de possibilités multijoueurs ?
Pour découvrir tous les mini-jeux, débloquer toutes les tenues et surtout remplir le journal de souvenirs d’Anya, il faudra compter quasiment vingt heures de jeu auxquelles on peut ajouter les possibilités de prendre part aux minis-jeux en dehors de l’aventure. C’est énorme pour un jeu de ce genre, et explique également en partie le prix de quarante-cinq euros un peu trop élevé à notre goût.
Spy X Anya: Operation Memories ne marquera sans doute pas le monde des party-games mais devrait néanmoins plaire aux plus jeunes fans du manga. La partie mini-jeux est une réussite, avec des propositions différentes de la concurrence et bien intégrées à l’univers.
Malheureusement, la course aux photos devient rapidement ennuyeuse et inadaptée à un public autre que très jeune ou initié à la franchise. Le titre ne prend aucun risque et ne propose pas d’éléments scénaristiques assez fort pour tenir le joueur en haleine. C’est dommage car la variété et l’inventivité du matériau de base méritait mieux.