C’est malheureusement devenu un triste leitmotiv, mais le monde du jeu vidéo traverse depuis quelques mois une grosse zone de turbulences économiques et humaines. Et la France n’est pas épargnée par le phénomène. Oui, il est parfois bien loin le pays des droits de l’homme. Cette semaine, c’est l’éditeur Nacon qui s’est retrouvé au centre des polémiques.
Nous n’épiloguerons pas sur le lancement catastrophique de l’accès anticipé de Test Drive Unlimited Solar Crown, dont les serveurs ne sont pas encore réparés à l’heure où nous écrivons ces lignes, mais plutôt sur les soucis internes à deux studios propriétés de l’éditeur français: Spiders et Kylotonn.
La nouvelle vous aura peut-être échappée, mais en début de semaine, une partie des employés des deux studios sont entrés en grève simultanément et en concertation. En cause, le manque de transparence de la maison-mère Nacon sur les projets et le futur, des conditions de travail dégradées marquées par un gros turn-over et des salaires trop bas.
Alors que Spiders se prépare à la sortie prochaine du très attendu Greed Fall II et que Kylotonn est en plein rush de sortie de Test Drive Unlimited Solar Crown (la grève pouvant peut-être expliquer une partie des difficultés de lancement du titre), voilà deux belles épines dans le pied du géant français, déjà peu épargné par les critiques ces dernières années.
Bonne nouvelle cependant, il semblerait que le mouvement Soutenu par le Syndicat des Travailleurs et Travailleurs du Jeu Vidéo (STJV) ait amené les dirigeants à céder sur certains points. Après un audit avec les personnels, les dirigeants de Spiders ont annoncé être parvenus à un accord sur plusieurs points de divergence salariaux avec leurs employés. Le salaire minimum va être augmenté de 11%, et plus généralement, tous les salaires seront augmentés de 3% en moyenne.
Selon certaines sources parmi lesquelles GamesIndustry.biz, les négociations ne seraient pas forcément dues au mouvement de grève de la semaine. Malgré tout, le timing semble bien particulier, et il parait bien difficile d’imaginer une augmentation aussi importante des salaires sans la pression récente.
En ce qui concerne les conditions de travail dégradées, un second audit devrait avoir lieu sous peu, mais la maison-mère ferait traîner les choses, espérant pouvoir attendre 2025 et les concertations obligatoires. Sur ce point, les dirigeants de Spiders continuent de se défendre, arguant que le studio est dans le haut du panier en termes de non-discrimination et d’égalité et que les types de contrats proposés sont bien plus garants de la sécurité des employés que nombres d’autres sur le marché. Une défense qui n’a eu pour effet que de rajouter de l’huile sur le feu du conflit.
Récemment aux États-Unis, de nombreux studios comme Bethesda ont fait le choix de s’unir en syndicats pour faire valoir leurs droits. En France, nous sommes en avance sur ce point, mais il reste encore une grosse marge de progression pour faire du monde du jeu vidéo un lieu de sécurité et d’épanouissement.
Le choix de certains employés du studio Kylotonn, grévistes par solidarité envers le mouvement Spiders, est à marquer d’une pierre blanche. En se serrant les coudes, ils ont sans aucun doute permis une avancée du dossier, et on se prend même à rêver de mouvements de plus grande ampleur dans le futur. Car c’est sans aucun doute par l’union des forces que fera l’évolution du marché des travailleurs du jeu vidéo, encore bien trop précaire.
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