Il y a encore quelques semaines, mettre la main sur une console PlayStation 5 était quasiment mission impossible. En acquérir une à un prix normal l’était encore plus. Si Sony a largement évoqué la pénurie de certains composants pour expliquer la situation, force est de constater que des personnes mal intentionnées se sont également engouffrées dans la faille pour faire dérailler le marché. Ces personnes, nous les appelons communément des scalpers. Malveillantes, elles tentent de capitaliser sur l’amour des fans pour un produit ou un artiste dans l’unique but de se remplir les poches. Mais comment fonctionne leur modèle économique ? Est-il possible d’être plus malin qu’eux ? Quelques éléments de réponse.
À l’origine, le mot « scalper » vient du monde de la bourse. Le scalping, c’est une technique boursière qui consiste à acheter puis à revendre rapidement des actions en profitant des fluctuations du marché, pour faire des bénéfices rapides. Finalement, nos scalpers à nous ne sont pas si loin de cette définition. Particulièrement présents dans le monde du jeu vidéo et des concerts, ce sont des personnes qui vont rapidement acheter des produits en plus ou moins grande quantité, vidant ainsi les stocks, avant de profiter de la forte demande afin de les revendre au prix fort.
Les scalpers font d’abord une spéculation. Ils misent sur le fait qu’un jeu vidéo ou un concert sera rapidement sold-out, pour qu’une demande plus forte que l’offre se crée. Cette demande ne pouvant plus être comblée par les circuits normaux, les scalpers sortent de leur réserve pour revendre le produit à un prix bien plus élevé que le prix normal (et que le prix qu’ils ont donc eux-mêmes payé). L’objectif est clair : la plus-value.
Imaginez une personne ayant réussi à acheter trois PS5 au prix constructeur de 500 euros au moment de la pénurie. Imaginez maintenant que cette personne ait réussi à revendre ses trois consoles à quasiment 1 000 euros l’unité, profitant de la pénurie et de l’impossibilité de se procurer la console via Sony. Le bilan est simple, un gain net de 1 500 euros. Malheureusement, pas besoin d’une grande imagination, car ces situations sont bien réelles, et de moins en moins rares. Faites un tour sur les sites de revente en ligne pour en avoir le cœur net.
Le scalping, qui s’est particulièrement développé avec internet, s’est rapidement mué d’actes humains isolés en vraie escroquerie organisée. Aujourd’hui, les scalpers font des études de marché, connaissent les produits qui seront de bonnes cibles et utilisent des robots pour acheter en grande quantité et rapidement. Ils sont le plus souvent inscrits dans les fans clubs des artistes et des éditeurs pour profiter des préventes et être sûrs de mettre la main sur les précieux sésames. Soyez certains d’une chose : lorsque vous entrez en contact avec ce genre de personnes, sachez que ce n’est pas à un fan que vous avez affaire, mais bien à un escroc, qui capitalise sur votre passion.
Légalement, rien n’interdit la pratique en France à l’heure actuelle sur les objets physiques, car elle est considérée comme faisant partie du marché de l’occasion. Pour tenter de contrer ce désastreux phénomène, les acteurs du marché commencent tout de même à mettre en place des mesures, en attendant que la législation entre enfin dans la danse. De plus en plus de sites limitent par exemple les achats de certains produits à l’unité. Ainsi, en période de pénurie, il était impossible de placer plus d’une PS5 dans son panier, évitant les achats de produits en gros. Les contrôles d’identité des acheteurs sont également de plus en plus précis, avec les questions secrètes et les captcha, censés pouvoir tromper les bots.
Du côté du consommateur, nous ne pouvons que vous conseiller d’éviter certains sites de revente, où, en plus des scalpers, certains produits revendus s’avèrent même être des faux. Fuyez les annonces lorsque les prix sont prohibitifs. Il n’y a que ça pour mettre les scalpers en difficulté : refuser leur marché. En tant que fan, bien sûr qu’il est difficile de passer à côté d’un objet qu’on désire depuis longtemps, mais refuser d’entrer dans le jeu des scalpers, c’est commencer à les mettre en difficulté financière. Tant que des personnes achèteront des produits vendus trois ou quatre fois le prix réel, alors les scalpers auront encore de beaux jours devant eux. Le raisonnement est difficile à lire, autant qu’il est difficile à écrire, car il ne solutionne en rien le problème du fan qui se retrouve lésé. Malheureusement, tant qu’un meilleur encadrement du marché de l’occasion ne sera pas mis en place, ce sont les particuliers qui continueront de se retrouver coincés entre deux chaises : la passion ou la raison.
Collection et jeu vidéo – Un cercle vertueux ?
Team NG+
Collectors – Quand les éditeurs deviennent leurs propres scalpeurs
Poulet
L’art du demake, vous connaissez ?
Team NG+