Impossible de nier l’importance qu’a eue, et que continue à avoir pour les aficionados, la série Saint Seiya – initiée en manga en 1986 par Masami Kurumada – sur les amateurs d’aventures épiques, de combats, de mythologies et de belles auras humaines. L’amitié, le sacrifice, l’honneur, toutes ces valeurs sont au centre de cette œuvre intemporelle qui aura connu moult déclinaisons : série TV, OAV, figurines superbes à collectionner, série et film d’animation plus récents globalement décriés par les fans… Comme tout rouleau compresseur médiatique issu d’un manga, Saint Seiya aura su faire feu de tout bois, et on ne remerciera jamais assez l’émission de Dorothée pour avoir initié les petits Français que nous étions à tout cet univers culturel japonais auparavant très peu représenté sur nos petits écrans.
Et bien évidemment, qui dit succès commercial et amour du public dit généralement adaptation en jeu vidéo. Saint Seiya ne déroge pas à la règle, même si son catalogue vidéoludique s’avère nettement plus moindre que celui d’un Naruto ou d’un Dragon Ball, par exemple. Deux séries qui auront connu, au fil de leur carrière JV, des très hauts comme des très bas. Qu’en est-il de Saint Seiya ? Les développeurs ont-ils toujours su rendre hommage à l’excellence de cette série, ou le cosmos de chaque jeu n’a-t-il pas toujours brûlé avec la même vigueur incandescente ? Endossez vos armures, vaillants protecteurs du Bien, et partons explorer ce territoire ensemble ; et surtout chantez la chanson, la chanson, la chanson des Chevaliers (comme dirait le philosophe Bernard Minet).
Saint Seiya / Les Chevaliers du Zodiaque – JV, ou JV pas ?
Comme dans Dragon Ball et ses divers chapitres impliquant de nouveaux univers, de nouveaux méchants et de nouvelles transformations, Saint Seiya est composé de plusieurs arcs, comme on dit. C’est-à-dire, pour parler en termes de séries, plusieurs saisons, avec à chaque fois un thème et des ennemis différents qui constituent une trame globale progressant au fur et à mesure de l’avancée des dessinateurs dans leur travail.
Dans Saint Seiya, on citera notamment l’arc des 12 maisons du Sanctuaire avec les (vrais) chevaliers du zodiaque équipés de leur armure d’or, mais aussi Poséidon et ses Marinas, ou encore Hadès et son impitoyable voyage entre enfers et domaine divin. Plus le génialissime Asgard, complément n’existant qu’en série animée et non en manga, qui servait à faire patienter les fans en attendant que l’adaptation du manga progresse en dessin animé, et autres spin-offs officiels se détachant de la saga originelle, comme Omega, Soul of Gold ou encore le curieux mais sympathique Saintia Sho.
Il est temps à présent de voir comment tout ceci a été rendu en jeu vidéo, donc examinons la chose de manière chronologique en évoquant l’année de sortie de chaque titre et le menu proposé en termes de gameplay et de couverture de l’histoire en elle-même.
NB : Les titres évoqués ci-dessous ayant été joués par le rédacteur de cet article seront annotés JPVHN (pour « joué par votre Humble Narrateur »). Les autres seront simplement évoqués comme des références et connaissances liées à la série JV, sans hélas avoir été pratiqués par l’auteur…
- Saint Seiya: Ougon Densetsu (Les Chevaliers du Zodiaque : La Légende d’or) – NES, 1987. JPVHN.
Il s’agit là d’une sorte d’action-RPG retraçant les débuts de la saga (forcément, vu sa date de sortie), à savoir le Colisée, le tournoi galactique, les chevaliers noirs et d’argent, puis une partie des douze Maisons d’or. Le jeu a le mérite d’avoir été diffusé en France, signe que la série fonctionnait bien en Europe.
C’était un jeu à posséder pour tout amoureux des Chevaliers, mais avec du recul, on ne se souviendra que de son gameplay malhabile, mélangeant plateforme sans intérêt et combats dans lesquels il s’agissait de gérer ses jauges d’attaque et de défense sans que cela ne semble avoir un quelconque impact sur le déroulement des bastons. Le jeu est également réputé pour sa traduction française complètement moisie. Oh, et porter son armure fait perdre de l’énergie (à quel moment cela est-il le cas dans la série ?).
- Saint Seiya: Ougon Densetsu Kanketsu Hen – Famicom, 1988. JPVHN.
Le deuxième jeu Saint Seiya à voir le jour sur NES. Du moins, sur Famicom, car le jeu, contrairement à son prédécesseur, n’est jamais sorti du Japon (sauf si vous êtes adepte d’émulation, auquel cas vous le trouverez en ROM en version traduite). Il s’intéresse cette fois-ci uniquement à l’arc du Sanctuaire, donc la bataille des chevaliers de bronze contre les douze chevaliers d’or, avec un final, évidemment, contre le Grand Pope. Le jeu reprend globalement le schéma de gameplay de son ancêtre, avec des phases de plateforme contre divers vilains de base, et des affrontements en 1v1 contre les boss. La gestion du cosmos et de l’énergie via le septième sens est au cœur du maniement. Ce n’est donc pas une petite merveille vidéoludique, mais quand on aime…
- Saint Paradise – GameBoy, 1992. JPVHN.
Si vous avez joué au RPG Saint Paradise, vous êtes soit Japonais ou à l’aise avec cette langue, soit adepte d’émulation et l’avez pratiqué en version traduite en ROM ; de fait, Saint Paradise n’a lui non plus jamais eu la chance d’être exporté officiellement en-dehors de l’archipel. Et c’est bien dommage, car tout jeu GameBoy qu’il est, il constitue une déclinaison fort sympathique de la série, puisqu’il reprend globalement le concept des RPG de Squaresoft, Final Fantasy Legend, datant plus ou moins de la même époque. Donc au menu, Colisée et Sanctuaire à nouveau, avec coups spéciaux à débloquer pour chaque chevalier au fil de leur montée de niveau acquise au combat. Un bon petit jeu pour les adeptes de la série.
- Saint Seiya: Typing Ryu Sei Ken – PC, 2002.
Pas grand-chose à raconter sur ce jeu, un titre éducatif qui ne consiste qu’à taper des mots sur son clavier, qui n’est jamais sorti du Japon lui non plus, et qui constitue le seul jeu dédié aux Chevaliers depuis dix ans. Pas forcément ce qu’on aurait aimé, mais au moins, il a le mérite d’exister.
- Saint Seiya: Ougon Densetsu Hen Perfect Edition – WonderSwan Color, 2003.
Il s’agit là d’une version retravaillée, et bien plus jolie et agréable à jouer, du premier jeu paru sur NES. Il n’est bien évidemment pas sorti du Japon, étant donné qu’il tournait sur une console portable elle-même cantonnée à son pays d’origine, la WonderSwan Color de Bandai. Une petite console qui a eu un certain succès au Japon à sa sortie en 2000, mais qui n’a reçu que peu de jeux et aucune présence à l’étranger (sauf via l’import) ; vaillante, elle n’a tout de même pas réussi à faire tomber de son trône l’invincible GameBoy et ses diverses déclinaisons.
- Saint Seiya : Le Sanctuaire – PlayStation 2, 2005. JPVHN.
Premier effort 3D concernant les Chevaliers du Zodiaque. Ce jeu, comme son nom l’indique, ne s’intéresse lui aussi qu’à la première partie de la série. En arènes fermées, vous pouvez déplacer votre chevalier comme bon vous semble en restant notamment focalisé sur votre adversaire. Si l’intention de donner enfin aux Chevaliers une itération 3D est louable, le jeu souffre malheureusement d’une lenteur assez handicapante pour un titre qui devrait au contraire respirer le dynamisme et la fureur des combats contre ces bêtes de guerre que sont les Gold Saints résidents des 12 maisons du zodiaque.
- Saint Seiya : Hadès – PlayStation 2, 2006/2007. JPVHN.
Ce jeu reprend le principe de son prédécesseur, à savoir celui de combats en arènes en 1v1. Curieusement, en dépit du fait qu’il soit édité et développé par des studios japonais (Bandai et Dimps), il est sorti en premier lieu en Europe, puis ensuite au Japon. Il s’attache, contrairement à son ancêtre, plus particulièrement à l’arc Hadès concernant son mode histoire, soit l’un des plus fournis de la saga. Encore un jeu que les fans de Saint Seiya n’auraient loupé pour rien au monde, mais qui conservait lui aussi une certaine lenteur dans le gameplay qui avait été déjà reprochée à l’épisode Sanctuaire.
- Saint Seiya : La Bataille du Sanctuaire – PlayStation 3, 2011/2012. JPVHN.
Première incursion de la licence Saint Seiya sur PS3, ce jeu a été largement décrié, mais votre Humble Narrateur l’a beaucoup aimé et parcouru. La raison ? Il s’agit là d’un jeu de combat comme ses prédécesseurs, focalisé encore une fois sur le Sanctuaire certes, avec des combats de boss épiques contre les 12 chevaliers d’or. Mais entre-temps, on a aussi droit à une sorte de Dynasty Warriors-like où il sera question de déglinguer une multitude d’adversaires de tout poil (grouillots chair à canon, chevaliers noirs, chevaliers d’argent…) au fil de notre parcours pour atteindre les 12 maisons. On aime ou on n’aime pas (votre Humble Narrateur est très friand de musou ET de Saint Seiya, donc c’est un gros OUI). Notons que les boss-fights s’avèrent nettement plus dynamiques que sur les épisodes PS2, mais que le jeu n’est pas toujours très raccord avec le déroulement de la série.
- Saint Seiya Omega: Ultimate Cosmo – PSP, 2012.
Comme son nom l’indique, ce titre est le seul à se focaliser sur Omega, spin-off de la saga Saint Seiya originelle qui venait célébrer les 25 ans de celle-ci. Du fait qu’Omega se déroule 25 ans, justement, après les événements narrés dans les épisodes canons, on a droit ici à de nouveaux chevaliers à contrôler, ce qui change un peu des sempiternels Seiya, Shun et autres, même si finalement, le gameplay reste classique : c’est un jeu de combat versus. Mais ses jolis graphismes façon cel-shading, son dynamisme et son scénario de fait original par rapport aux diverses itérations concernant le Sanctuaire, par exemple, ne nous laissent qu’un seul regret : ce jeu PSP n’est jamais sorti du Japon…
- Saint Seiya Online – PC, 2013.
Celui-là est un peu particulier dans l’écosystème des Chevaliers. Il s’agit tout d’abord du premier MMO (et le seul, du coup, à l’heure actuelle) lié à la saga. Gratuit, il a mis des années à être développé, est sorti d’abord en Chine avant d’atteindre le Japon, n’est jamais parvenu en Europe de manière officielle, n’implique pas Bandai dans sa conception (mais SEGA, par contre, oui), et comprenait à l’époque le plus grand nombre de Chevaliers disponibles dans un jeu Saint Seiya.
Il était nettement plus axé sur le manga que sur l’anime, et permettait de revivre les aventures de Seiya et ses comparses telles qu’on les connaît, mais aussi, bien sûr, de se créer un Chevalier perso de toute pièce, afin d’aller vivre des aventures à droite à gauche (sans totalement s’écarter du concept de la série) et d’affronter d’autres joueurs. Saint Seiya Online fermait ses portes en 2018, au grand dam des amoureux de la licence qui avaient trouvé là une belle occasion de s’immerger totalement dans leur saga culte.
- Saint Seiya: Brave Soldiers – PlayStation 3, 2013. JPVHN.
On oublie l’aspect musou du précédent opus PS3, pour ne se focaliser que sur les combats à 1 contre 1 et sur le suivi de l’histoire de Kurumada. Donc, au programme, des combats en arènes retraçant les arcs Sanctuaire, Poséidon et Hadès. Un jeu très agréable à prendre en main, bien plus nerveux et plaisant que ce qui se faisait sur PS2. Il lui manquera toutefois ce qui l’aurait rendu encore plus propre, et que l’épisode suivant sur console aura enfin su implémenter…
- Saint Seiya: Cosmo Slottle – iOS et Android, 2014.
Ce jeu mélange l’esprit des machines à sous (avec notamment diverses figures à combiner au hasard), celui des pachinkos (eux-mêmes un croisement entre flipper et machine à sous, très populaires au Japon), et la saga des Chevaliers en elle-même. Ainsi, si on avait d’abord droit au seul Sanctuaire, d’autres chapitres se sont ajoutés au fil du temps, comme Poséidon ou Asgard (le film). Ne vous ruez pas sur vos smartphones, amateurs de guerriers en armure : encore une fois, et c’est assez logique vu son style très territorial, dirons-nous, en termes de culture, Cosmo Slottle est réservé au Japon.
- Saint Seiya: BigBang Cosmo – Mobiles, 2014.
Pas grand-chose à dire sur ce titre non plus, si ce n’est qu’il s’agissait d’un jeu de cartes à échanger et qu’il a été éliminé en 2017. Il émanait de DeNA, un nom très connu sur mobiles comme chacun le sait, et se trouvait sur sa plateforme Mobage. Bien entendu, il n’a jamais vu nos frontières.
- Saint Seiya: Soldiers’ Soul – PlayStation 3, PlayStation 4, PC, 2015. JPVHN.
Soldiers’ Soul ressemble beaucoup à son prédécesseur, dans le sens où on a affaire à un jeu de versus-fighting qui nous permettra de revivre les principales batailles menées par nos Chevaliers de bronze préférés. Mais cette fois-ci, enfin, ENFIN !… l’arc Asgard est présent. Possibilité donc d’incarner et/ou affronter Mime, Hagen, Syd et son jumeau Bud, Fenrir, bref, les guerriers divins d’Hilda de Polaris et d’Odin. Un pur bonheur pour qui apprécie cette partie de la saga.
- Saint Seiya: Cosmo Fantasy – iOS et Android, 2016. JPVHN.
Un système de cartes, un jeu gratuit de base, des persos à faire évoluer… Vous avec cerné le schéma, qui est loin d’être rare sur mobiles. Ensuite, à chacun de déterminer s’il souhaitera ouvrir le porte-feuilles ou préférera la patience pour progresser comme il le sent dans ce RPG qui demeure, soulignons-le, très fidèle à l’univers qui l’a engendré. Un jeu que les lovers de la saga apprécieront, car ils y retrouveront tout ce qui a rendu cette série culte. Par contre, dépendant de votre matériel et de votre connexion, il est très chiant (voire parfois impossible) à télécharger et à lancer.
- Saint Seiya: Awakening – iOS et Android, 2017/2019. JPVHN.
Awakening est considéré par certains comme la meilleure adaptation JV de Saint Seiya et de son univers. Ce qui est plutôt rare pour un titre sur mobiles. Beau, respectueux de la saga, bourré de modes de jeu, permettant le PvE et le PvP, doté des voix japonaises originales ainsi que des musiques cultes de l’anime, et proposant un modèle free-to-play très peu goinfre pour qui souhaiterait ne pas ouvrir le porte-monnaie, Awakening est un excellent hommage au matériau d’origine. Attention par contre : il aspire les heures sans qu’on s’en rende compte.
- Saint Seiya: Shining Soldiers – iOS et Android, 2020. JPVHN.
Et voici le petit dernier de la bande, qui viendra clore notre survol de cette œuvre intemporelle. Shining Soldiers, comme nous vous l’avions annoncé, devait sortir par chez nous fin avril, mais il est désormais disponible par surprise depuis quelques jours, gratuitement, sur iOS et Android à l’heure où sont écrits ces mots (5 mars). Bandai est à nouveau aux commandes, alors que Awakening émanait de Tencent, un gros nom venu de Chine et très présent sur mobiles. Shining Soldiers est un RPG au tour par tour en 1v1 comprenant bien évidemment tous nos guerriers chéris, qu’il va s’agir d’aller à nouveau envoyer au baston. Bien entendu, free-to-play oblige, le grinding va être de mise.
Voilà pour ce survol « rapide » des adaptations vidéoludiques de cette série, qui reste l’une des plus aimées de celles que nous a fait découvrir le Club Do. Il ne vous reste plus qu’à venir nous dire en commentaire si vous aimez ou détestez Saint Seiya, si nous avons oublié par mégarde un jeu obscur lié à la licence, ou si vous voulez venir cracher ou chanter des louanges sur le film récent ou sur la série Netflix. En tous cas, merci de nous avoir lus, et que brûle votre cosmos en ces temps difficiles !