Dans une optique de protection du consommateur et de préservation des médias, le Royaume-Uni a été la scène d’un débat concernant les développeurs et éditeurs de jeu vidéo afin qu’ils clarifient leurs intentions et prévisions en matière de suivie de leurs jeux. Les dernières années ont en effet été marquées par plusieurs cas de suppression de serveurs ou d’abandons de jeux, rendant obsolète le temps et les sommes investis par les joueurs dans les produits concernés.
Pour ce faire, la Chambres des communes (équivalent de notre Assemblée Nationale) a mentionné le cas tristement célèbre de Concord. Un jeu incarnant l’obstination des éditeurs pour les jeux-services, qui privilégient l’idée de revenus constants à la finition du produit lui-même. Sa mise hors tension après deux semaines d’activité aura rappelé à tout le monde que les constructeurs détiennent le droit de rendre indisponible leurs créations à tout moment. Et si les joueurs ayant acheté Concord ont été remboursés pour leurs achats, le message est tout de même passé.
Il s’agit malheureusement d’une situation récurrente qui appelle des régulations nécessaires pour le bien des utilisateurs, surtout pour les jeunes qui peuvent facilement tomber dans les travers des jeux services. Leur protection avait déjà été augmentée pour tous les contenus en ligne en juillet dernier, avec une obligation de vérification de l’âge et des algorithmes évitant aux jeunes la vue de contenus jugés nocifs. Et même dans le secteur du jeu vidéo, le Royaume-Uni avait émis via l’ICO des recommandations de protection des mineurs pour les services de jeux en ligne.
Posséder sans limite
Durant les débats de la Chambre des communes, l’un des membres du Parlement a mis en avant l’attachement des consommateurs à leur possession, et l’investissement monétaire et temporel qu’un jeu à la longévité virtuellement infinie peut représenter.
« Les joueurs possèdent encore le sens de la propriété personnelle, car ils investissent plus que de l’argent. Ils investissent du temps, des efforts, de l’imagination et de l’amitié. Lorsque un jeu ferme sans prévenir, tout cet investissement est perdu. » Ben Goldsborough, durant un débat dans la Chambre des communes.
S’il y a des cas qui sont difficiles à corriger, comme les MMO dont les prémices même se basent sur des interactions en multijoueur, et donc une disponibilité sur des serveurs, beaucoup de jeux récemment mis hors tension pourraient fonctionner hors ligne. On pense bien sûr au cas d’Anthem, qui a incarné lui aussi la priorisation des gains par rapport à la finition, ou encore The Crew, dont la mise hors tension avait provoqué une révolte de la part de joueurs qui continuaient de profiter de son mode solo.
Ce problème de possession ne touche d’ailleurs pas que les studios à l’origine des jeux. Les plateformes de jeux sur PC, mis à part GOG, ne mettent à disposition qu’une licence permettant l’utilisation de ceux-ci, qui deviendrait caduque si la plateforme venait à fermer. L’ensemble pose des soucis de propriété et de préservation, qui sont partagés par deux acteurs différents mais complémentaires pour une partie du marché. Un casse-tête sur lequel il convient de se pencher au plus vite pour corriger les défauts du milieu.
Les arguments présentés devant la Chambre des communes n’ont cependant pas suffi, puisque le Royaume-Uni ne prévoit pas de modifier les lois de protection du consommateur. On pourrait déjà se réjouir que des cas aussi extrêmes que celui de Concord servent au moins à faire réagir les dirigeants. Mais d’un autre côté, combien d’affaires comme celle-ci seront nécessaires pour que les acteurs du milieu soient forcés de proposer des produits dont les joueurs seront les pleins possesseurs ?

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