Si les RLCS constituent le championnat officiel et principal de l’Esport Rocket League, depuis 2024 une autre compétition met en avant les talents de la scène sous un prisme un peu différent : leur nation. La FIFA, en compagnie de la Fédération saoudienne d’Esport organise depuis l’an dernier la FIFAe World Cup featuring Rocket League, une compétition faisant s’affronter les nations du globe pour le titre de meilleur pays sur Rocket League. Et cette année, la France a triomphé de l’Arabie saoudite en grande finale à Riyadh, et a remporté sa première étoile virtuelle.
Remplaçant par défaut
La FIFAe World Cup n’est pas une nouvelle compétition à proprement parlé. Celle-ci existe depuis 2004 et se déroulait sur les jeux FIFA d’EA. Mais après 2023, la licence entre EA et la FIFA a pris fin, mettant un terme à la fois à la série de jeu au nom de la fédération, mais aussi à la collaboration entre ces deux entités, obligeant EA à renommer sa série en EA Sports FC. La FIFA n’a également pas voulu stopper son tournoi, et a préféré le réorienter vers un autre jeu.
Les alternatives au football existant peu dans le médium tant la domination de la série FIFA était sans partage, il a fallu aller chercher un jeu qui s’éloigne nécessairement du cadre de base du sport. Partant de ce postulat, Rocket League s’imposait comme un choix évident, sa scène professionnelle étant déjà bien assez développée pour offrir immédiatement une compétition de qualité. Et tant pis si les humains manipulant le ballon rond étaient remplacés par des bolides.
Si le choix peut amuser, il est bénéfique pour les deux entités. Rocket League profite de ce nouveau tournoi des nations pour se faire connaître d’un public qui ne suit que la FIFA, mais aussi pour proposer un cadre différent de sa compétition officielle avec les mêmes acteurs. Ainsi, il n’est pas rare de voir s’affronter dans ce tournoi des joueurs évoluant dans le même club, résultant en des affrontements fratricides passionnants. La FIFA quant à elle, profite de l’exposition pour s’ouvrir à une autre communauté, tout en proposant sa compétition phare sur un titre gratuit.
Team Karmine ou presque
La France est bien connue à l’international comme un fleuron d’excellence sur la scène Rocket League. De nombreux talents s’y sont développés et ont marqué les esprits, s’inscrivant comme les meilleurs joueurs de l’histoire du jeu. On pense à des joueurs comme FairyPeak, Kaydop, ou encore Monkey Moon, des joueurs avec un palmarès immense, dont le dernier est encore actif et continue d’alimenter sa galerie de trophées.
Et la nouvelle génération de joueurs entretient la réputation du pays. Vatira peut facilement prétendre au titre d’actuel meilleur joueur du monde, et Zen a connu une ascension fulgurante en faisant preuve d’une justesse mécanique inégalée. Ces deux joueurs étaient des choix évidents pour représenter le pays lors de la compétition. Mais pour la dernière place, le choix était très vaste. Le vétéran Monkey Moon ? Le calculateur Exotiik ? C’est au final Juicy qui vient compléter le roster, aux côtés du coach Ferra.

La version finale de l’équipe ressemble à une tête près à celle alignée par la Karmine Corp pour la saison 2026 de RLCS. Le seul changement par rapport à ce roster concerne Atow, le joueur belge de la Karmine. Un changement qui ne perturbe pas spécialement les joueurs, puisque Vatira et Juicy sont habitués à jouer en compagnie de Zen hors des compétitions officielles. C’est au final une équipe qui se connaît et dont la synergie n’est plus à prouver qui s’est avancée pour conquérir le reste du monde.
On peut cependant s’interroger sur la pertinence de laisser autant de joueurs d’un même club composer une équipe nationale. Au football, composer une équipe de onze joueurs amène nécessairement de la mixité vis-à-vis des provenances de club, mais dans le cas de Rocket League, où seulement quatre personnes (coach inclus) représente un pays, cette mixité peut vite disparaître.
D’autant que les clubs ont une obligation d’aligner au moins deux personnes originaires de la région dans laquelle le club joue, amenant naturellement à des associations par pays. Une limitation de deux joueurs maximum d’un même club au sein de l’équipe nationale restreindrait à coup sûr les plus petits pays, mais amènerait les plus grandes nations à tenter des associations peu communes, pour le bonheur des spectateurs.
Un goût de revanche
La phase de groupe de l’équipe de France a surtout été le théâtre de matchs fratricides. On le mentionnait précédemment, le format amène inévitablement à des confrontations entre coéquipiers de club. Et la forte ressemblance entre l’équipe de France et l’équipe de la Karmine Corp fait que les joueurs liés à ce club sont vus comme des coéquipiers de l’équipe de France.
La France a ainsi dû affronter et défaire la Belgique, pour laquelle Atow joue, mais aussi le Maroc, terre natale de dralii, joueur pour la Karmine lors de la saison 2025 de RLCS. Si le premier a quand même pu accéder aux phases de playoffs, ça n’est pas le cas du second, qui terminera 6ème du Groupe B, défait par une équipe de France au top niveau.

Mais la véritable confrontation ne résidait pas dans ces phases de groupe. La France et l’Arabie saoudite ne pouvaient se rencontrer que lors de la finale, et tant mieux. Notre pays avait deux revanches à prendre face au co-organisateur du tournoi.
Lors de la dernière compétition de la saison 2025 des RLCS, Team Falcons avait sorti la Karmine Corp devant son public, avec le même roster que celui aligné par l’Arabie Saoudite. De plus, la finale de l’édition 2024 de la FIFAe World Cup était la même, et avait vu les saoudiens triompher.
Les joueurs français se sont cette fois imposés 4-2 devant le public saoudien, qui n’obtiendra pas de son roster phare un champ du cygne triomphant. En effet, Team Falcons, structure emblématique du pays, a modifié son escouade historique qui n’avait pas changé depuis deux saisons. Trk511 a laissé sa place à dralii aux côtés des jumeaux saoudiens, et cette équipe qui a fait trembler les plus grands de Rocket League n’aura pas su terminer son parcours par une victoire.

Le CIO et l’Arabie saoudite abandonnent leur collaboration pour les Jeux Olympiques d’Esport
DracoSH

Test Rematch – Un potentiel énorme encore à ses balbutiements ?
Tortuga76ers

Rocket League – La Karmine Corp fait grandir l’esport français
Tortuga76ers