Les vieilleries font toujours l’actualité
Le rétrogaming a la cote, et ce depuis un moment. Des gens comme James Rolfe ou Frédéric Molas ont même fait carrière sur cette mode, via leurs chaînes YouTube respectives, Angry Video Game Nerd et Le Joueur du Grenier. L’industrie n’est pas en reste, et on a vu sur plusieurs générations de machines ressortir des compilations de jeux Mega Drive ou Atari (Sega Mega Drive Collection est sorti sur PS2 et PSP, puis sur PS3, Xbox 360, PS4, Switch…)
Dernièrement, et après la vogue des minis-consoles (pas encore terminée, on attend l’Egret II Mini de Taito, qui devrait sortir sous peu), c’est le streaming qui essaie de tirer parti des bibliothèques rétro. Ainsi, Nintendo a fait gonfler son catalogue de jeux accessibles via son service par abonnement Nintendo Switch Online en y ajoutant des jeux Mega Drive et surtout N64, et ce pour justifier une augmentation substantielle du tarif.
Des jeux PS1, PS2 et PS3 sur PlayStation 5 ?
Toujours côté streaming, on croit distinguer à l’horizon un Game Pass à la sauce Sony, qui tablerait entre autres sur son catalogue rétro comme a pu le faire Nintendo. En effet, des rumeurs d’abord lancées par Bloomberg décrivaient un service qui viendrait remplacer les actuels PS Plus (le sésame pour jouer en ligne sur PlayStation) et PS Now (service de jeux à la demande dont le catalogue repose essentiellement sur des jeux plutôt anciens).
Ce service, qui a pour nom de code « Spartacus », reposerait sur un modèle de prix et de services progressif, avec une première marche, la moins chère, qui permettrait de jouer en ligne, et une dernière marche qui offrirait un catalogue de jeux à la demande incluant des classiques rétro (et au milieu, une marche intermédiaire permettrait de télécharger l’actuelle « PS Plus Collection » et de récupérer des jeux « offerts » chaque mois). Le « top tier » de Spartacus serait donc le rétrogaming !
Vous seriez intéressés par un abonnement qui vous permettrait de rejouer à Pandemonium, Tenchu (ci-dessus) ou Syphon Filter sur votre PlayStation 5 ? Si c’est le cas, préparez-vous psychologiquement : de nouveaux éléments sont venus tout récemment appuyer les rumeurs de Bloomberg. Les cartes d’abonnements PS Now, après avoir disparu des boutiques américaines et anglaises, ont aussi été retirées des rayons des Micromania en France, annonçant la fin des formules d’abonnements telles qu’on les connaît. Mais ce n’est pas tout, des jeux PS3 comme Dead or Alive 5 ou Prince of Persia: The Sand of Time ont été repérés par des utilisateurs sur le store PS5. Annonçant la distribution de jeux PlayStation rétrocompatibles, ou confirmant le top tier de Spartacus tel que décrit par Bloomberg ? L’avenir nous le dira.
Rétro vers le futur
Une mode qui dure autant n’en est plus tellement une. Le rétro s’est affirmé comme une valeur solide qui vaut la peine de recevoir des investissements. Ainsi, l’éditeur Ziggurat, spécialisé dans les jeux du siècle dernier, vient de s’offrir le catalogue du défunt développeur Rainbow Arts. Un nom qui parlera sûrement aux plus vieux, et des studios à qui l’on doit des classiques de l’ère 16 bits comme Shufflepuck Café, Turrican, le Tetris en 3D Blockout ou encore l’infamous The Great Giana Sisters, très vite retirés des rayons pour sa proximité éhontée avec Super Mario Bros. (mais qui a donné de chouettes suites).
Les jeux Rainbow Arts rejoignent ainsi le catalogue de Ziggurat aux côtés de titres comme American Hero ou les jeux Bloodrayne, qui ont connu une nouvelle jeunesse récemment, mais aussi de vieux classiques comme Joe & Mac ou tous ces jeux dont les magnifiques boîtes étaient autant de promesses systématiquement trahies.
Sur le même segment, on retrouve GOG, pour Good Old Games. La boutique de CD Projekt a tenté de se diversifier ces dernières années pour aller titiller Steam sur son terrain. Mais la plateforme de distribution a connu des aléas qui l’auront fait revoir sa stratégie et revenir à son activité historique : mettre à disposition des machines actuelles des titres patrimoniaux ou oubliés. Ou quand le rétro rapporte plus que les nouveautés…
Plus qu’une mode, le rétrogaming est une tendance de fond. Normal, le jeu vidéo fête ses cinquante ans en 2022 (si l’an 0 correspond à la sortie de Pong), et s’est construit une véritable histoire, avec ses créateurs et ses révolutions, comme le cinéma avant lui. Le média est aujourd’hui plus vieux que le joueur moyen (34 ans en France), et les gamers seront donc de plus en plus nombreux à vouloir aller voir d’où vient le jeu vidéo, à découvrir l’histoire de la discipline. Et comme on a des ciné-clubs et des cycles Hitchcock, il nous faudra très vite des rétrogaming-club et des cycles « le point’n click à l’ère Sierra Online » !