On vous prévient par avance, nous n’avons pas de réponse toute faite à cette question. Le sujet est bien trop complexe. Surtout que l’on dépasse la thématique de la technologie pour se rapprocher de celle du social, voire de la philosophie. Ce que nous souhaitons faire par l’intermédiaire de cet article, c’est poser une réflexion ; une réflexion apparue à la rédaction depuis le visionnage d’une vidéo assez troublante. MBClife, chaîne de télévision sud-coréenne, a publié une séquence vidéo dans laquelle une mère retrouve sa fille décédée via la réalité virtuelle. Casque sur la tête et capteurs branchés, celle-ci peut voir et parler avec sa fille disparue, ou plutôt à un programme d’un étonnant réalisme. On croirait à un épisode de Black Mirror. Devenue virale, la vidéo a aujourd’hui dépassé les 14 millions de vues et a été reprise sur bon nombre de sites. Pour ceux qui l’ont manquée, séance de rattrapage :
La technologie VR (ou réalité virtuelle) peut maintenant transcender la frontière entre la vie et la mort
On ne va pas s’arrêter sur le problème lié à l’éthique. Filmer un moment si personnel pour générer de l’audience soulève beaucoup d’autres questions. Ici, nous souhaitons juste pointer du doigt la portée de plus en plus dangereuse de la réalité virtuelle. Objet de fantasmes en tous genres, celle-ci gagne du terrain dans nos habitudes et dans nos mœurs. Loisir, voyage, documentaire, art et même pornographie, la technologie VR est au centre des préoccupations et semble repousser les frontières du réel dans bien des domaines. On l’utilise même pour détendre les vaches et obtenir un meilleur lait ! L’équilibre entre le virtuel et le réel semble compromis et aucun contrôle n’est pensé pour endiguer les potentielles dérives. Car les dérives, il va forcément y en avoir dans les années à venir. On ne parle pas ici de fermes d’humains à la Matrix, mais bien de profils psychologiques totalement déconnectés de la réalité et incapables de s’insérer dans la société.
Mais revenons à notre vidéo initiale. Celle-ci n’est en réalité que la continuité d’un phénomène déjà existant. La mort et la réalité virtuelle font bon ménage depuis des années. Dans la tradition chinoise, il faut se recueillir deux fois par an devant la tombe de ses ancêtres. Mais qu’en est-il si on manque de place comme à Hong Kong ? Soit l’on creuse les montagnes aux abords, soit l’on se tourne vers la réalité virtuelle. Il est possible de se recueillir, casque sur la tête, devant une tombe virtuelle. Premier coup de pioche notable dans le monde des défunts.
Il a fallu huit mois à l’équipe technique pour développer le programme censé copier Nageyon, la jeune fille décédée à la suite d’une maladie orpheline. De la tristesse, de la joie, la mère jongle entre ces émotions et partage un moment unique avec un logiciel. On emploie volontairement un discours terre à terre pour souligner pleinement la dangerosité de la situation. La prouesse technique et l’aspect inédit (et insolite) de la chose ne doit pas masquer les risques de telles pratiques. Est-il sain de faire apparaitre un défunt de la sorte ? Cela ne vient-il pas rouvrir une blessure et perturber le processus de deuil ? L’avantage de la vie, c’est qu’elle continue quoi qu’il advienne. La mort, elle, est une rupture, un arrêt brutal. Et il n’y a à priori rien de bon à regarder en arrière. Laissons ça à nos souvenirs.
Quelles sont les limites de la réalité virtuelle ? Ne devrions-nous pas instaurer un contrôle plus strict à ses potentialités ? Ses dangers sur l’esprit humain sont bien réels et semblent aujourd’hui passer inaperçus aux yeux du grand public comme de nos institutions mondiales. On ne peut aller contre le progrès et la technologie, mais l’on peut se protéger de ses dérives en se posant dès maintenant les bonnes questions. L’Homme saura-t-il toujours dissocier le virtuel du réel ?
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