Si la PS Vita est une machine bourrée de qualités, elle n’aura pas reçu l’accueil et le succès commercial qu’elle aurait mérité. La faute peut-être à un défaut de communication chez Sony, qui n’a probablement pas assez mis en avant les possibilités de la machine, comme celle de pouvoir streamer sa PlayStation 4 où qu’on soit, pourvu qu’on ait une bonne connexion internet. La mobilité est l’un des arguments de poids et l’une des clés du succès de la Switch, la console de salon à emmener partout, comme le dit la pub. Mais la PS Vita proposait exactement cette fonctionnalité, sans sacrifier la puissance de la PlayStation 4, et cela il y a bientôt 10 ans… Le grand public est passé à côté.
L’autre souci qui a abrégé l’exploitation de la console, c’est son catalogue. La PS Vita possède dans sa ludothèque un très grand nombre de petits joyaux, comme Persona 4 Golden, Muramasa Rebirth, Danganronpa ou Gravity Rush. Mais il lui aura manqué ce titre flagship qui fait vendre des consoles par palettes, comme Monster Hunter avait fait s’écouler bon nombre de PSP. Résultat, la console sera prématurément abandonnée par Sony, qui déclare dès 2014 que la machine n’accueillera plus de jeux AAA. La portable était sortie depuis à peine 3 ans. Un drôle de message envoyé aux joueurs, qui fait plonger encore un peu plus les ventes de la console.
Si elle reste chère au cœur de sa communauté, et soutenue par la scène indé, la sortie de la Switch sera le dernier clou dans le cercueil de la carrière commerciale de la PS Vita. Mais aussi, paradoxalement, le lancement de sa deuxième vie.
Second Life
En effet, la sortie de la Switch fait décoter de manière très importante la console : les revendeurs savent qu’ils auront toutes les peines du monde à écouler leurs stocks de consoles et de jeux quand tous les yeux seront tournés vers l’hybride de Nintendo. Beaucoup de joueurs tentent eux de revendre leurs machines justement pour pouvoir se payer la Switch. L’offre est pléthorique et la demande quasi nulle : les prix chutent.
C’est le moment que choisissent certains petits malins pour attaquer une collection à peu de frais, ou se lancer dans un projet de full set à prix accessible. En effet, à l’exception de la Wii U, se lancer dans l’aventure full set exige un budget colossal, soit parce que le nombre de jeux est démesuré (presque 3 800 jeux sont sortis sur PlayStation 2 !), soit parce que certains titres sont vendus au prix d’un loyer parisien (Panzer Dragoon Saga sur SEGA Saturn s’échange autour de 500€, et nous ne parlons même pas des antiquités NES, comme le fameux Stadium Event coté à plus de 10 000€, même en loose…).
La mode de la collection PS Vita prend, fait tache d’huile, les prix remontent. Certains jeux retrouvent des cotes assez élevées sur le marché de l’occasion. La rareté est un élément déterminant, mais la qualité des jeux entre aussi en compte. Car on est dans l’entre-deux : certes, on collectionne les jeux, mais on y joue aussi ! La console est encore récente, current-gen pour une portable, et bien plus puissante qu’une 3DS qui a encore une belle activité (ça ne durera pas !).
Ainsi, des jeux comme Persona 4 Golden ou New Little King Story deviennent difficiles à trouver, et s’échangent à 50€ ou 60€ alors qu’ils étaient dans les bacs de soldes quelques semaines auparavant. Au printemps 2018, l’annonce de la fin de la production de cartouches pour l’Europe et l’Amérique accélère le phénomène, et sur les sites de revente il est désormais presque impossible de trouver une bonne occasion à 10€ ou 15€ le titre, quel qu’il soit. Les boutiques spécialisées qui font de l’occasion n’ont plus de stock, si ce n’est les éternels FIFA et les jeux LEGO. Les jeux PS Vita sont devenus un produit de collection, alors même que la console n’a pas 10 ans, et que son exploitation n’est pas complètement terminée !
#VitaIsland
On continue malgré tout aujourd’hui à voir des jeux sortir sur PS Vita via le PlayStation Store. Ainsi, Utawarerumono Prelude to the Fallen est sorti fin mai sur la portable de Sony, et du côté des indés, on vient de voir débarquer Demon’s Tier+. East Asia Soft a également récemment annoncé avoir quelques sorties PS Vita sous le coude pour cette année.
Mais là où le marché est le plus dynamique, c’est du côté de l’occasion. Les amateurs se retrouvent sur les réseaux sociaux sous la bannière #VitaIsland dans des groupes très dynamiques. Et les jeux voient leur cote monter un peu plus chaque semaine. On a ainsi cru que l’arrivée de Persona 4 Golden sur Steam ferait retomber un peu les prix de la version PS Vita, qui perdait l’exclusivité sur le titre, mais au contraire, le coup de projecteur sur le jeu à fait grimper la demande, et on a vu des copies du jeu s’échanger à plus de 120€.
Parmi les jeux dont le prix s’est envolé, on retrouve la trilogie Vanillaware: Muramasa Rebirth, Odin Sphere: Leifthrasir et Dragon’s Crown. D’autant que pour ce dernier, la situation est un peu particulière, le jeu ayant été retiré du PlayStation Store, la version boite est la seule aujourd’hui permettant de jouer au jeu sur PS Vita ! De même, Silent Hill: Book of Memories s’échange à prix d’or, alors que le jeu, il faut bien le reconnaître, est médiocre. Les compilations des classiques PlayStation, telles que Jak & Daxter ou Metal Gear Solid, deviennent aussi compliquées à dénicher…
Le cliché veut que la PS Vita « n’a aucun jeu » et serait « morte et enterrée ». Loin de là. Des dizaines d’excellents titres attendent d’être découverts. Découverts, c’est d’ailleurs le mot juste, car jouer à la PS Vita aujourd’hui, c’est aussi se lancer dans une passionnante chasse aux trésors !