Disponible pour tous pendant quelques jours avant sa sortie définitive le 30 octobre, ARC Raiders, l’Extraction-Adventure, compte bien s’imposer sur la scène des shooters multijoueurs, coincée entre deux mastodontes : Battlefield 6 et Call of Duty: Black Ops 7. Bien qu’il n’appartienne pas tout à fait à la même catégorie que ces derniers, le titre d’Embark Studios semble susciter assez d’inquiétude pour qu’EA et Activision aient purement et simplement censuré le nom de ARC Raiders dans le chat de leurs propres jeux. Mais comment un projet sorti de nulle part peut-il troubler deux géants de l’industrie ? C’est ce que nous allons tenter de comprendre.
Et là, tu vas repartir mal mon copain!
ARC Raiders est un extraction shooter classique dans ses fondations, mais il se distingue par une forte emphase sur la notion de risque et de récompense, dans des cartes peuplées à la fois de joueurs et de robots. Là où la quasi-totalité des jeux du genre proposent des affrontements contre une intelligence artificielle relativement simple, le titre d’Embark Studios se démarque avec les ARC — des machines autonomes aussi variées que redoutables, tant par leur comportement que par leur puissance. On retrouve par exemple les Tiques, de petites araignées mécaniques capables de fuir pour mieux vous sauter dessus à la moindre inattention ; le Bolide, une sphère rapide équipée de lance-flammes ; ou encore le terrifiant Bondisseur, une araignée métallique imposante, aussi résistante qu’agile, capable de réaliser des sauts d’une précision et d’une portée impressionnantes, qui vous terroriserons à coup sûr!
Et ce ne sont là que quelques exemples parmi la quinzaine de machines dévoilées jusqu’à présent, autant dire que la menace est à prendre très au sérieux, machines qui vous garantiront de vrais pics de tachycardie tant elles sont implacables et déterminées! Embark Studios semble ainsi avoir résolu l’un des principaux problèmes du genre : ces cartes remplies de PNJ hostiles servant uniquement à meubler l’attente entre deux affrontements de joueurs ou à une vaine tentative de rendre les cartes un peu plus vivantes. Ici, la véritable menace, ce sont bel et bien les ARC. Vous pourrez choisir de les éviter, mais ils détiennent souvent des composants essentiels à votre survie ou à l’amélioration de votre équipement, vous forçant à constamment peser le risque et la récompense. Les vaincre n’est pas impossible, loin de là mais cela vous demandera une quantité de ressources non négligeable.
Basic Instinct
La peur. Cette émotion brute, puissante, capable d’effacer toute capacité de raisonnement de celui qui y succombe. Dans ARC Raiders, c’est elle qui domine chaque affrontement contre d’autres joueurs. Face à eux, il faudra choisir : tirer, fuir, ou parler. Parce que oui, parfois, une simple excuse ou une petite blague peut sauver votre peau. C’est tout le sel du jeu : rien n’est jamais figé, chaque décision a un prix. Vous pensez contrôler la situation… jusqu’à ce qu’un choix trop rapide, un silence trop long, ou votre avarice change tout.
Un exemple ? On s’est déjà fait mettre au tapis par une escouade ennemie. Agonisant et rampant lamentablement au sol, ses membres nous ont proposé un marché : les aider à abattre un Bondisseur et quelques drones volants pour regagner Speranza, la cité souterraine qui vous sert de base, via un ascenseur à une cinquantaine de mètres, dont la mise en route et l’arrivée nécessite une petite minute et produit un bruit pouvant attirer d’autres machines et joueurs.
Facile, non ? Sauf que dans ARC Raiders, la confiance est une arme à double tranchant. Vous les aidez, vous survivez peut-être. Ou vous finissez avec une balle dans le dos une fois le chemin dégagé. Ou vous vous ferez effectivement, de nouveaux alliés.
C’est aussi ce retour à la communication, à la véritable interaction entre joueurs, qui fait du bien. À une époque où l’on passe des heures en ligne sans jamais vraiment parler à personne, ARC Raiders remet (un peu) l’humain au cœur de la survie. Rien ne vous oblige à ouvrir le micro, bien sûr. Mais rester silencieux, c’est vous priver d’une arme redoutable ou d’un moment de franche rigolade. Parce qu’ici, une parole peut valoir plus qu’une balle. Une alliance, même fragile, peut faire la différence entre une extraction réussie ou ratée.
Et c’est peut-être là que ARC Raiders trouve sa force : dans ce fragile équilibre entre la peur, la confiance, et la toute-puissance des machines. Entre la stratégie et l’instinct. Embark Studio semble avoir compris comment redéfinir un genre qui s’est longtemps perdu, coincé entre l’exigence impitoyable d’un Escape From Tarkov et les tentatives maladroites d’ersatz sans âme comme le mode Hazard Operation de Delta Force.
Soundscapes: Torment
Mais l’aspect le plus fascinant, et sans doute le plus irréprochable, d’ARC Raiders, c’est son sound design, façonné avec un amour presque déraisonné. Rien d’étonnant quand on sait que derrière cette maestria se cache Andreas Almström, ancien lead sound designer de la franchise Battlefield, accompagné de son équipe. Ici, le son n’est pas un simple effet d’ambiance : c’est un protagoniste à part entière. Il respire, gronde, murmure et hurle au rythme du monde qui vous entoure, au fil de vos actions, de celles des autres joueurs, des interactions et des frictions qui naissent sur le terrain.
Chaque matière, chaque environnement raconte quelque chose : le craquement sec d’une tôle sous vos pas, le vent qui siffle dans les tunnels, le frisson des feuilles sous la brise, le vrombissement lointain d’une machine en veille. Dans ARC Raiders, tout vit, tout résonne et vous invite à l’écouter.
Au-delà de la contemplation, le son devient ici un véritable champ de bataille. Un allié précieux, ou un traître impitoyable. Chaque pas, chaque tir, chaque cliquetis mécanique a sa propre signature. Et à force d’écouter, on apprend. On devine quel type d’ARC rôde dans le secteur. On reconnaît le bruit d’un coffre que l’on force, ou celui d’un ascenseur qu’un joueur vient d’activer à quelques mètres à peine.
Dans ARC Raiders, tout s’entend, tout se lit à travers le son. La moindre onde sonore devient un indice, une alerte, une promesse d’action imminente et éventuellement, un appel de la Mort. C’est un vecteur de tension aussi fort que n’importe quel autre aspect du jeu. Embark Studios a peaufiné cet aspect jusqu’à l’obsession. Certains détails sont si discrets, si organiques, qu’on préfère vous laisser le plaisir de les découvrir par vous-même.
De tout inconnu le sage se méfie
Comme tout beau tableau encore en construction, ARC Raiders conserve sa part d’inconnues, qu’il faudra impérativement prendre en compte. Le jeu a déjà prouvé qu’il avait de nombreuses qualités, mais qu’en sera-t-il de sa version finale ? Celle-ci parviendra-t-elle à retenir les joueurs sur la durée, à les impliquer pleinement dans son univers ? Certains éléments se veulent rassurants, à commencer par la scénarisation, qui se dévoile au fil d’une série de quêtes récompensées non seulement par des objets, mais aussi par des cinématiques narratives soignées. D’autres aspects, en revanche, demandent encore à être consolidés, notamment le renouvellement des équipements et des gadgets, qui devra être suffisamment profond pour éviter la lassitude.
Et puis, il y a les ARC eux-mêmes. On sait déjà que toutes les cartes ne sont pas peuplées des mêmes machines, mais une question demeure : une fois bien équipés, les joueurs ressentiront-ils encore cette tension, cette menace initiale ? Enfin, difficile de passer sous silence les quelques défauts techniques et visuels, ainsi que le léger downgrade observé entre le tech test 2 et la phase de server slam.
Si l’optimisation était au rendez-vous et que les visuels se montrent globalement très convaincants, nous avons tout de même relevé plusieurs problèmes notables. Certaines textures affichent une qualité étonnamment faible, donnant parfois un effet “pâte à modeler” aux surfaces rocailleuses, tandis qu’un ghosting prononcé affecte le feuillage, y compris sur les configurations les plus puissantes du marché.
Nous avons également rencontré des soucis de collisions, parfois bénins, mais pouvant devenir particulièrement handicapants, voire incompréhensibles, dans les moments les plus tendus. Du côté de l’interface, quelques éléments gagneraient à être plus clairs ou ergonomiques, à l’image de l’arbre des talents : sans doute utile, mais actuellement trop opaque. Des descriptions telles que « Vous vous déplacez plus vite en étant accroupi » ou « Votre endurance maximale augmente » manquent cruellement de précisions chiffrées, empêchant le joueur d’évaluer la réelle portée de ses choix. Résultat : la progression et la personnalisation perdent une partie de leur intérêt, diluées dans une impression de flou dommageable.
Pour finir, il restera la question du modèle économique: Ce dernier contact avec le jeu a laissé entrevoir la possibilité de débloquer des éléments cosmétiques ou de gameplay via une monnaie que l’on remporte grâce à des défis à réaliser, qui ne sera pas sans rappeler un certain Helldivers 2. Le jeu affichant un tarif de 40€ dans son édition standard, on espère que Embark Studios évitera les erreurs du studio Arrowhead et se contentera de faire payer uniquement des éléments cosmétiques à ses joueurs.
ARC Raiders a déjà de sérieux arguments à faire valoir dans la bataille sans merci des jeux de tir multijoueurs annuels. Cependant, certaines zones d’ombre et quelques faiblesses techniques pourraient poser problème si elles ne sont pas rapidement maîtrisées. Quoi qu’il en soit, le verdict tombera dans moins de dix jours, et nous gardons bon espoir que l’expertise du studio suédois — composé de grands noms de l’industrie — saura corriger ces quelques accrocs avant la sortie. Alors, Raiders, soyez prêts à quitter Speranza et équipez-vous, le 30 octobre approche.
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