D’un côté, Google et autres moteurs de recherche réduisent de plus en plus le champ des possibles pour le référencement des articles, de l’autre, les éditeurs cherchent avant tout de la visibilité. C’est un fait, il devient de plus en plus difficile d’exister en tant que média/site indépendant, autonome et intègre (on insiste sur ce dernier terme). Voilà plus de dix ans que nous nous efforçons d’apporter notre pierre à un édifice que nous comprenons de moins en moins. Le vent semble souffler en notre défaveur, quelque chose nous échappe. Selon nous, la presse spécialisée jeux vidéo est en train d’agoniser, au profit de gros mastodontes brassant un maximum de thématiques et d’influenceurs à l’approche toujours plus sensationnelle.
Une boulimie sans limite
Nous sommes conscients que la manière de consommer de l’information a sensiblement muté ces dernières années. Aujourd’hui, on s’informe sur Twitter, sur YouTube, sur Tiktok ou encore via des podcasts. Nous déplorons ici surtout la qualité du contenu servi. Le leitmotiv est devenu : il faut traiter tous les sujets le plus rapidement possible. Cette course contre la montre permanente ne permet pas de creuser convenablement l’information, et privilégie la quantité à la qualité. À force d’être partout, on n’est nulle part, n’est-ce pas ?
Cet état de fait est la résultante d’algorithmes toujours plus exigeants en termes de publication. « Tu veux apparaître sur Google ? Être vu par un maximum d’utilisateurs sur Twitter ? T’as intérêt à publier du contenu à un rythme effréné. Ne t’inquiète pas, on n’est plus trop regardants sur la qualité. Tu peux même inventer ou spéculer dans le vide, on s’en fout. »
Autre raison de cette triste situation : l’évolution de la publicité en ligne. Il est devenu tout bonnement impossible de générer un revenu digne via les traditionnelles bannières. L’évolution du trafic, des technologies (adblock) ne permettent plus de dégager assez d’argent pour pérenniser l’activité. Et on sait très bien de quoi on parle. Deux options sont alors possibles : multiplier les encarts publicitaires avec le risque d’amocher sérieusement l’expérience de navigation, ou générer un maximum de trafic quitte à publier tout et n’importe quoi… Ou les deux. De notre côté, nous avons le luxe de ne pas dépendre financièrement du site pour vivre, par conséquent nous n’avons pas à choisir l’une de ces maudites options.
Les éditeurs se tournent vers l’influence, moins vers la presse
Au-delà des problématiques liées au contenu et à leur visibilité en ligne, un autre obstacle s’ajoute : celui des éditeurs. Les RP (Relation Presse) ont drastiquement évolué. Bien sûr, on ne se lancera pas dans une chasse aux sorcières, mais force est de constater qu’il est de plus en plus difficile d’assister à des événements, ou de recevoir un jeu en avance pour rédiger sa critique dans de bonnes conditions. Oui, ça fait un peu enfant pourri gâté, mais dans cette configuration, impossible de tenir la distance. Comment voulez-vous attirer si tous les sites reconnus ont déjà publié leur papier il y a deux semaines ?
Les RP veulent maintenant faire bonne presse, de la visibilité instantanée pour se démarquer du flot toujours plus imposant de sorties. Surtout que les enjeux financiers sont devenus colossaux, le souci de rentabilité n’a jamais été aussi fort. On veut des résultats le plus rapidement possible, quitte à devenir moins sélectif qualitativement parlant sur les partenaires. On ne blâme personne, on observe. À chaque invitation, on se rend compte que le public change, que l’organisation est différente. Comme une vitrine de magasin, on essaye de charmer, et tout ça, sans mentionner le jeu vidéo.
L’avenir de la presse jeux vidéo
La forme prend le pas sur le fond. Il faut dégainer du contenu quitte à perdre du sens. Ce n’est plus à qui fera la meilleure analyse, mais celui qui fera le plus de vues, le plus de réactions. La mort de Gamekult (tel qu’on l’a toujours connu) et l’hégémonie JV.com en sont les parfaits exemples. Oui, il reste un milieu dans lequel les sites de taille intermédiaire comme New Game Plus peuvent exister, mais un plafond de verre nous bloque dorénavant. Et on se refuse formellement de se laisser charmer par les chants des sirènes 2.0 au contenu facile. On s’éloignerait trop de notre ligne éditoriale portée par des valeurs de bienveillance, et par l’envie de bien faire, d’apporter de la pertinence dans cette passionnante industrie qu’est le jeu vidéo.
Cet article a pour but d’avertir, d’éveiller les consciences. Tout le monde connaît l’expression « vous êtes ce que vous mangez », on y ajoute « vous, joueurs, êtes ce que vous lisez ». Prenons de la hauteur sur nos sources d’information (et pas que JV) et tournons-nous vers les médias qui essayent d’y voir plus clair, de comprendre les tenants et les aboutissants, pas ceux qui crient le plus fort avec des sujets plus ou moins douteux où le gain n’est jamais loin. Soyons exigeants sur nos sources d’actualité et tout le monde s’en portera mieux.
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