Dans l’industrie du jeu vidéo, certaines rédactions tiennent encore le coup face à la grande Faucheuse sévissant dans la presse spécialisée : elles façonnent le discours et imposent un ton. Polygon faisait indéniablement partie de cette caste. Mais ce 1er mai 2025, le couperet est tombé : le site emblématique lancé en 2012 par Vox Media et d’anciens membres de Joystiq, Kotaku et The Escapist a été vendu à Valnet, conglomérat bien connu pour ses holdings à la chaîne comme TheGamer ou ScreenRant… et une bonne partie de la rédaction en a fait les frais.
Sur les réseaux sociaux, les messages se sont succédés comme autant d’épitaphes. Michael McWhertor, plume historique du site, confirme son départ : « J’ai eu beaucoup de plaisir à travailler chez Polygon. » Chris Plante, cofondateur et rédacteur en chef, annonce lui aussi qu’il quitte le navire, sans avoir été consulté sur la vente. Nicole Carpenter, quant à elle, exprime sa tristesse. Elle n’est malheureusement pas la seule.
Une vente qui n’est qu’un symptôme de plus d’une maladie bien installée. Valnet, ce n’est pas un nom qui fait rêver les passionnés. C’est une machine à rentabilité, propriétaire d’une trentaine de médias, tous calibrés pour le clic rapide et le référencement Google, souvent écrits à la chaîne, parfois à l’aide d’IA, toujours dans une logique de volume plutôt que de valeur.
Ce rachat est aussi, une fois de plus, un aveu d’échec d’un modèle. Celui d’une presse ambitieuse mais économiquement fragile, financée par la publicité ou les levées de fonds, sans assise solide pour résister aux chocs successifs : crise publicitaire post-Covid, domination des réseaux sociaux, disparition du lectorat jeune des sites spécialisés au profit des vidéos YouTube, des influenceurs et de TikTok. Le site avait tenté de répondre à cela en multipliant les angles culturels, en élargissant ses sujets vers le cinéma, les séries ou le jeu de société, comme tant d’autres.
Ce n’est pas seulement Polygon qui s’effondre. C’est un morceau entier de la presse jeu vidéo indépendante américaine qui se désagrège encore, après des années de tensions.
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