Il y a des histoires qui, à elles seules, résument tout un pan de notre époque. Au Japon, une collaboration très attendue entre Pokémon et McDonald’s a vite tourné court. Prévue du 9 au 11 août 2025, l’opération consistait à glisser des cartes Pokémon, dont une exclusive à l’effigie de Pikachu, dans les Happy Meals. Officiellement, elle devait célébrer l’univers coloré des monstres de poche. Officieusement, elle aura surtout permis de tester la vitesse à laquelle une opération marketing peut se transformer en chaos.
En moins de vingt-quatre heures, les restaurants ont été pris d’assaut. Des files interminables, des tensions, et des ventes bien au-delà des prévisions… du moins si l’on feint de croire que McDonald’s n’avait pas anticipé la soif de collection des fans. Car après tout, dans ce genre de manœuvre, la rareté n’est pas un hasard : c’est un carburant !
McScalping sauvage apparaît !
Les témoignages et images relayés sur les réseaux sociaux sont édifiants : des menus complets, encore chauds, abandonnés dans la rue, leurs frites molles et leurs nuggets intacts, sacrifiés sur l’autel d’une carte en carton. Car le vrai but de la manœuvre, pour beaucoup, n’était pas de savourer un cheeseburger industriel, mais de décrocher le Graal : la carte Pikachu estampillée McDonald’s, déjà revendue autour de 28 € l’unité. Le coffret complet des six cartes, lui, s’affiche au double, et ce parfois directement depuis les poches d’employés peu scrupuleux.
Le gaspillage alimentaire, lui, n’est qu’un dommage collatéral. Ou plutôt, un détail que l’enseigne préfèrera oublier. Car si l’appât du gain anime les revendeurs, il n’est pas absent du côté du fast-food, qui sait parfaitement que la rareté est une machine à faire tourner la caisse… quitte à semer la pagaille et remplir les poubelles de produits gaspillés.
Revendez-les tous
Cette frénésie n’est pas nouvelle. Les scalpeurs rôdent depuis longtemps autour de chaque objet estampillé Pokémon : du booster de cartes Happy Meal de 2024 aux produits exclusifs du musée Van Gogh en 2023, au point que la carte du Pikachu au chapeau gris s’était arrachée à plus de 600 dollars l’unité sur le marché secondaire. Et voir ici, en 2025, des centaines de repas préparés pour rien et jetés à même la rue, rend le tableau encore plus amer.
Ici, la magie enfantine de « Attrapez-les tous » a cédé la place à sa version cynique, « Revendez-les tous ». Le scénario est toujours le même : un produit limité, une ruée incontrôlée, puis une revente à prix d’or. La morale ? Ni les fans ni les enseignes ne semblent vouloir briser ce cercle.
Les premiers, pris entre nostalgie et avidité, se bousculent pour une carte de quelques grammes. Les seconds, parfaitement conscients de la mécanique, continuent de jouer de la rareté organisée (en témoigne cette minuscule fenêtre de trois jours dans les McDonald’s au Japon pour obtenir la précieuse carte, n’ayant clairement rien d’innocent). Et pendant ce temps, les menus finissent à la poubelle, mais les profits, eux, ne connaissent jamais de gâchis.
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