Sorti il y a à peine deux mois, Pokémon Légendes Z-A n’aura pas fait attendre les joueurs aussi longtemps que son prédécesseur Écarlate et Violet pour s’enrichir. L’extension Méga-Dimension, annoncée avant même la sortie du jeu, est disponible depuis le 10 décembre. Au programme : nouvelles missions, Méga-Évolutions inédites et une intrigue nous transportant à Extra-Illumis. Sur le papier, la promesse est belle. Manette en main, on constate que ce DLC n’est pas à la hauteur des superlatifs mis dans tous les intitulés
(Test du DLC Pokémon Légendes Z-A : Méga Dimension réalisé sur Switch 2 à partir d’une version fournie par l’éditeur)
Méga Dimension, Méga répétitif
L’intrigue prend place après la fin de l’histoire principale. Sur le toit de votre hôtel, vous faites la rencontre d’Anya et de son Pokémon fabuleux, Hoopa. Grâce à des donuts faits à base de baies et de beurre, Anya parvient à décupler les pouvoirs du petit génie, ouvrant des failles vers une dimension parallèle : Extra-Illumis. Votre mission ? Comprendre l’origine de ces failles et sauver le monde avant qu’Illumis ne soit absorbée par son extra alter-ego.
Concrètement, ces prémices scénaristiques ne servent qu’à justifier une boucle de gameplay d’une répétitivité effarante. Le joueur se retrouve enfermé dans un cycle immuable : cuisiner des donuts avec des baies, entrer dans des failles pour accumuler des points et d’autres baies, obtenir assez de ressources pour débloquer l’accès à un boss Méga-Férox, le calmer, le capturer, et… recommencer cela 6 fois.
Cette structure basée sur le farm intensif rappelle douloureusement la mécanique des Points Myrtille du second DLC de Pokémon Écarlate et Violet. Une mécanique de grind qui avait déjà fortement déplu à la communauté, mais qui devient ici centrale. Là où les PM étaient une activité annexe, ce farming de points constitue désormais l’unique moteur de la progression, transformant l’aventure en une liste de courses laborieuse.
Extra Farming
Pour obtenir ces fameux points, il faut enchaîner les défis dans trois types de failles distinctes. Les Failles Normales demandent de la capture classique et de la récupération d’objets, les Failles de Combat imposent des duels contre des dresseurs, et les Failles Annexes demandent de résoudre de petites quêtes, et parfois de combattre des pokémons méga-évolués, mis là-dedans sans raison.
Malheureusement, la variété n’est pas au rendez-vous. Là où le mode Royale Z-A du jeu de base imposait des contraintes intéressantes (types imposés, restrictions d’attaques), les défis de ce DLC se limitent au strict minimum syndical : gagner un combat, lancer une attaque super efficace, capturer x Pokémon, ou casser des pokéballs flottantes (qui vous donneront des baies). C’est plat, répétitif et bien moins inspiré que le jeu d’origine.
Afin de pimenter (artificiellement) le tout, un chronomètre est imposé. Le temps passé dans une faille dépend des calories du donut cuisiné en amont avec vos baies. Si vous résolvez les trois challenges de la faille avant la fin du temps imparti, une « Bonus Ball » dorée apparaît. La détruire vous octroie des « Extra-Baies », indispensables pour… cuisiner de nouveaux donuts et relancer la boucle. C’est le Seviper qui se mord la queue.
Méga Niveau, Extra-Esbrouffe
L’autre particularité réside dans le scaling de niveau assez inhabituel pour la licence. Extra-Illumis est peuplée de Pokémon sauvages oscillant entre le niveau 100 et le niveau 180 (les Ferox finaux étant niveau 200). L’idée de proposer un challenge Haut Niveau pour le post-game aurait pu être séduisante, mais l’exécution rate le coche.
D’une part, le jeu vous inonde de bonbons XP, rendant la montée au niveau 100 de vos pokémons triviale, et donc vous empêchant de partir avec du retard. D’autre part, les fameuses Extra-Baies récoltées permettent d’ajuster automatiquement le niveau de vos Pokémon pile au requis de la zone visitée, sans possibilité d’avoir un niveau bien supérieur ou bien inférieur. Ce qui aurait dû être un défi stratégique obligeant à optimiser son équipe se transforme en une simple formalité administrative où la mécanique de montée de niveau est juste artificielle.
50 nuances de gris
Si Légendes Z-A proposait une Illumis colorée et malgré tout assez grande, Méga-Dimension opère un triste retour en arrière. Comme son nom ne l’indique pas, Extra-Illumis n’est pas une ville cohérente, mais une succession de petites zones instanciées. Pire encore, la direction artistique est en berne. Tout est gris, terne, sans âme, reprenant les assets des bâtiments d’Illumis avec un filtre morose. Là où les extensions précédentes de la licence nous faisaient voyager dans de nouveaux biomes travaillés et dépaysants (on pense au disque indigo ou Couronneige), on se retrouve ici face à un recyclage paresseux et visuellement déprimant qui n’incite pas à l’exploration.
Du contenu annexe en méga quantité
La qualité fait défaut, mais la quantité est indéniable. Avec près de 80 nouvelles quêtes annexes (s’ajoutant aux 120 du jeu de base), la durée de vie est conséquente pour les complétistes. Évidemment, avec un tel volume, le remplissage est inévitable : renommer une rue ou emmener un Pokémon boire un café n’a rien de palpitant. Heureusement, quelques pépites scénarisées sortent du lot, comme cette quête touchante où l’on doit retrouver la bague d’un mari défunt, rappelant que l’écriture peut parfois être soignée.
L’attrait principal et mis en avant dans tous les trailers reste l’ajout d’une vingtaine de nouvelles Méga-Évolutions, dont les deux formes de Méga-Raichu, Méga-Lucario Z ou Méga-Zéraora, centraux dans la communication. Pourtant, ces Pokémon n’ont aucune incidence sur l’histoire. Ils se débloquent via des quêtes annexes, et certaines autres mégas se débloquent juste en fouillant des failles mises là, sans explication.
En plus de tout ça, on retrouvera également la classique capture des différents légendaires en post-game du dlc. Mais même pour cette partie, la mécanique de grind reste centrale. Heureusement, certains affrontements, notamment ceux contre Groudon et Kyogre, relèvent le niveau avec des zones enfin travaillées et un challenge réel grâce au timer. De manière générale, les combats de boss Férox restent réussis, dans la lignée du jeu de base, même si certains (notamment Heatran) se déroulent dans des arènes génériques au possible où aucun effort de design n’a été fait.
Malgré énormément de contenu, difficile de recommander ce DLC Méga-Dimension. En reprenant uniquement la boucle de grind de Pokémon Légendes Z-A tout en y enlevant de la variété, cette extension s’enferme dans une extra répétitivité. Avec son Extra-Illumis morose et son manque cruel de nouveautés structurelles, on a davantage l’impression d’un contenu post-game quantitatif qui a été retiré du jeu principal pour être revendu au prix fort, plutôt que d’une véritable extension.

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